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Contre Sainte-Beuve de Marcel Proust (analyse détaillée)

Publié le 21/10/2018

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Contre Sainte-Beuve. Ensemble de textes de Marcel Proust (18711922), publiés à Paris par Bernard de Fallois chez Gallimard en 1954. Pierre Clarac a proposé pour la « Pléiade » un regroupement des textes différent en 1971.

En 1908-1909 Proust écrivit divers articles avec le projet d'en faire un roman qui serait aussi un essai d'esthétique et de critique littéraire. Il hésitait sur la forme définitive à adopter et renonça dès 1909 à publier un ouvrage sous ce titre. À de nombreuses reprises, il avait insisté sur sa ferme intention de juxtaposer dans un même livre roman et essai. Il avait d'ailleurs décrit l'ouvrage qu'il proposait au directeur du Mercure de France, en avril 1909 : « Je termine un livre qui malgré son titre provisoire : Contre Sainte-Beuve. Souvenirs d'une matinée est un véritable roman et extrêmement impudique en certaines parties. [...] Le livre finit bien par une longue conversation sur Sainte-Beuve et sur l'esthétique [...], et quand on aura fini le livre, on verra (je le voudrais) que tout le roman n'est que la mise en œuvre des principes d'art émis dans cette dernière partie, sorte de préface si vous voulez mise à la fin. » C'est bien le programme même d'À la recherche du temps perdu qui est exprimé ici. Avant le refus de Vallette et dès 1908 Proust avait en fait mis en chantier son grand roman, qu'il a continué à appeler Contre Sainte-Beuve jusqu'à la fin de 1909. Les textes de l'essai proprement dit (qui sont du reste les plus « achevés » et ne figureront plus sous cette forme dans la Recherche) apparaissent donc comme une récapitulation du champ esthétique dans lequel l'écrivain situe son travail à venir. Ajoutons que la grande perspicacité critique de Proust a également trouvé à se déployer dans quelques articles importants, notamment sur Flaubert (« À propos du \"style\" de Flaubert », Nouvelle Revue française, janvier 1920) et Baudelaire («À propos de Baudelaire », Nouvelle Revue française, juin 1921).

 

À la différence de Bernard de Fallois qui, dans son édition, incluait les divers développements romanesques (« Chambres », « Sommeils », « Journées »...), Pierre Clarac, pour la « Bibliothèque de la Pléiade », n'a retenu que les pages de critique autour du nom de Sainte-Beuve, considérant les passages narratifs comme des ébauches de la Recherche.

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« sur la forme définitive à adopter et renonça dès 1909 à publier un ouvrage sous ce titre.

À de nombreuses reprises, il avait insisté sur sa ferme intention de juxtaposer dans un même livre roman et essai.

Il avait d'ailleurs décrit l'ouvrage qu'il proposait au directeur du Mercure de France, en avril1909 : «Je termine un livre qui malgré son titre provisoire : Contre Sainte-Beuve.

Souve­ nirs d'une matinée est un véritable roman et extrêmement impudique en certaines parties.

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] Le livre finit bien par une longue conversation sur Sainte-Beuve et sur l'esthétique [ ...

], et quand on aura fini le livre, on verra (je le voudrais) que tout le roman n'est que la mise en œuvre des principes d'art émis dans cette dernière partie, sorte de préface si vous voulez mise à la fin.

» C'est bien le programme même d'* À la recherche du temps perdu qui est exprimé ici.

Avant le refus de Vallette et dès 1908 Proust avait en fait mis en chantier son grand roman, qu'il a continué à appeler Contre Sainte-Beuve jusqu'à la fin de 1909.

Les textes de l'essai proprement dit (qui sont du reste les plus « achevés >> et ne figure­ ront plus sous cette forme dans la Recherche) apparaissent donc comme une récapitulation du champ esthéti­ que dans lequel l'écrivain situe son tra­ vail à venir.

Ajoutons que la grande perspicacité critique de Proust a égale­ ment trouvé à se déployer dans quel­ ques articles importants, notamment sur Flaubert ( « À propos du 11 style" de Flaubert», Nouvelle Revue frant_aise, jan­ vier 1920) et Baudelaire («A propos de Baudelaire>>, Nouvelle Revue fran­ çaise, juin 1921).

À la différence de Bernard de Fallais qui, dans son édition, incluait les divers développements romanesques («Chambres>>, , «Jour­ nées>> ...

), Pierre Clarac, pour la «Bibliothèque de la Pléiade», n'a retenu que les pages de critique autour du nom de Sainte-Beuve, considérant les passages narratifs comme des ébau­ ches de la Recherche.

Un héros « qui dit je», en proie à l'insomnie, ne se souvient de certains moments clés de son passé qu'à la faveur de quelques déclics (la saveur d'une biscotte trempée dans du thé par exem­ ple) que sa mémoire lui livre avec une grande netteté.

Il revoit les différentes chambres où il a dormi, les réveils qu'il y a connus.

Les « noms de personnes » (ces « umes d'inconnaissable ») lui ont fourni autrefois maintes occasions de rêver combien il serait délicieux de vivre dans l'ombre de certains « dieux» comme les Guermantes.

Mais la réalité lui a vite infligé de cuisantes décep­ tions : ces aristocrates, en qui il avait placé tant d'espoirs, manifestent une incontestable médio­ crité, se révélant par exemple de piètres lecteurs de Balzac.

Même le charme de la « comtesse » se dissipe très vite.

Cependant tous les êtres qu'il a côtoyés (comme ce « marquis de Quercy » qui fait partie de la« race maudite» des invertis), les lieux qu'il a connus et les impressions qu'il en a retirées constituent, pour qui forme le projet d'écrire, une matière dense et inépuisable : c'est sa propre singularité que l'écrivain révélera en les évoquant.

Un jour, à propos d'un article sur Sainte-Beuve qu'il envisage d'écrire, le héros va expliquer longuement à sa mère sur quels princi­ pes repose la « méthode » de celui qui a sans doute été indûment considéré comme un grand critique.

Son erreur consiste à évaluer l'œuvre d'un écrivain d'après la vie qu'il a menée et les jugements portés par ceux qui l'ont connu.

Ce parti pris l'a conduit à émettre des avis souvent injustes, parfois ridicules ou odieux sur des auteurs comme Balzac, Nerval ou Baudelaire.

C'est ainsi un contresens grossier que de consi­ dérer l'écrivain de « Sylvie » comme un· doux aquarelliste .

des paysages d'lie-de-France, une malhonnêteté intellectuelle de qualifier l'auteur des *Fleurs du mal d'« aimable garçon, pétrarqui­ sant sur l'horrible», ou de réduire Balzac à sa soif de réussite sociale, en ne comprenant par ailleurs rien à son génie dont l'un des traits a consisté par exemple à reprendre les mêmes personna­ ges d'un roman à l'autre.

Au-delà de Sainte-Beuve, devenu assez vite simple élément déclencheur, Proust procède surtout ici à un bilan de. »

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