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Les Fausses Confidences (1737)

Publié le 15/03/2015

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Les Fausses Confidences (1737)
 
 
RÉSUMÉ
Araminte, jeune veuve fort riche, vient d'engager un intendant, Dorante, dont elle n'a pas manqué de remarquer la mine séduisante. Ce choix ne fait pas l'unanimité parmi son entourage. Si Marton, sa demoiselle de compa­gnie, trouve le nouveau domestique très à son goût, Madame Argante, sa mère, est furieuse que la jeune femme n'ait pas préféré le candidat recom­mandé par le Comte Dorimont, grand seigneur qui courtise Araminte et es­père l'épouser. L'arrivée de Dorante chez Araminte ne doit cependant rien au hasard. Elle a été manigancée par l'un des valets de la maison, Dubois, qui fut jadis au service du jeune homme, et qui le voit déjà marié à la char­mante veuve.
Pour parvenir à ses fins, il lui faut convaincre cette dernière de la folle pas­sion de Dorante pour elle. Aussi, sous prétexte de prévenir sa maîtresse du danger qui la menace, invente-t-il quelques « confidences « à ce propos, dont Araminte se serait passée mais auxquelles elle ne peut s'empêcher de prêter une oreille complaisante. Les récits de Dubois ne la séduisent que trop, et « l'aventure « de Dorante, devenu domestique par amour, la touche plus qu'elle ne le voudrait.
Mais, avant de s'avouer à elle-même son sentiment, il lui faudra lutter contre ses réticences à admettre qu'elle aime un « subalterne «, et combattre l'hos­tilité de ceux qui l'entourent. Le coeur l'emporte, et Araminte épousera Do­rante, au grand dam de sa mère et à la grande satisfaction de Dubois, qui triomphe : « Ouf ! ma gloire m'accable, je mériterais bien d'appeler cette femme-là ma bru. «

« F C H E S Œ U V R E S Il -LA MACHINATION DE DUBOIS Dans cette conjoncture, la fortune sourit aux audacieux.

C'est ce que Dubois va s'employer à prouver, en« homme de sang-froid», comme il se définit lui-même (III, 1), qui ne s'embarrasse pas de scrupules.

Certes, il appartient à la grande fa­ mille des valets intrigants présents dans de nombreuses comédies.

Mais il s'en détache par le mystère qui l'entoure et lui donne une inquiétante profondeur.

Du­ bois, en effet, est animé d'une ambition bien plus exigeante que celle qui pousse ses semblables à tromper leurs maîtres.

Pour lui, il ne s'agit plus de gruger de vieux pères avares, comme Scapin, ou de contrer les projets de son patron, comme plus tard Figaro.

Il lui faut s'insinuer au plus secret du cœur d' Araminte, afin d'en manipuler les sentiments.

La complexité du stratagème qu'il a conçu est un chef­ d'œuvre où la lucidité de dispute à la cruauté.

Entre ses mains, Dorante, son an­ cien maître, n'est qu'un fantoche, et Araminte est piégée par la savante séduction de son langage.

« Fausses confidences », réticences feintes, allusions à mots cou­ verts, tiennent la jeune femme en haleine et la mettent aux abois.

Car Dubois com­ pare volontiers son entreprise à une partie de chasse (l, 3 : « elle se débattra tant, elle deviendra si faible ...

», et III, 1 : «point de quartier.

Il faut l'achever tant qu'elle est étourdie ...

») dont sa patronne est le gibier.

À travers cette machination, Dubois assouvit sa volonté de puissance.

Mais l'esprit de revanche n'est pas seul à dicter sa conduite.

Plus subtilement, il goûte !'intime satisfaction de voir se vérifier ses hypothèses sur les « caprices » du cœur humain.

À aucun moment il n'est dupe des protestations ou des élans d'indigna­ tion d' Araminte, dont il dissèque les désirs avec une effrayante lucidité.

En cela, il apparaît comme un double du dramaturge lui-même, dont il partage « le senti­ ment triomphant de comprendre parfaitement autrui » (W.

Ince, « L'Unité du double registre chez Marivaux», dans Les Chemins actuels de la critique, 1969).

Ill -L'ÉPREUVE DE LA SINCÉRITÉ Les noces de Dorante et d' Araminte ne signent pas seulement le triomphe des mensonges de Dubois.

Elles sont aussi la marque éclatante de la victoire de la sin­ cérité.

«Dans tout ce qui s'est passé chez vous, avoue enfin l'intendant, il n'y a rien de vrai, que ma passion, qui est infinie ...

»(III, 12).

En révélant à sa maîtresse les menées de Dubois, Dorante sait qu'il peut tout perdre : la fortune et surtout le cœur d' Araminte.

Cet acte courageux, par lequel il se déprend de l'emprise de son ancien domestique, lui permet d'atteindre à une véritable grandeur morale, en assumant le risque de la vérité.

Mais Araminte est prête à entendre pareil aveu.

L'amour qu'elle éprouve pour son subalterne, amour d'autant plus« scandaleux» qu'il a pour origine une simple attirance physique (1, 6), a été pour elle une école de vérité.

En s'arrachant au car­ can des préjugés sociaux, la jeune femme ne conquiert pas seulement sa liberté, elle accède à sa propre vérité.

Le généreux pardon qu'elle accorde à Doran te té­ moigne du long chemin qu'elle a parcouru pour parvenir au point où, au mépris de toutes les conventions, triomphent la loi du sentiment et celle de la nature, enfin réconciliées.

MA.ÎTRESET VALETS~. »

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