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MONSIEUR OUINE de Georges Bernanos

Publié le 27/01/2019

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MONSIEUR OUINE, roman de Georges Bernanos (1943). Si le Journal d'un curé de campagne se révèle le roman de la présence de Dieu au-delà d'une « nuit affreuse » comparable à celle de Gethsé-mani, Monsieur Ouine s'impose comme le roman de l'absence de Dieu, dont le héros éponyme représente une caricature du Christ. A la « structure en creux » du Journal correspond ici, au coeur même du récit, un « blanc » ou un « vide », lié au crime (le meurtre du petit valet des Malicorne), ressort extérieur de l'intrigue, dont l'auteur ne sera pas explicitement identifié par le romancier. Le registre « roman policier » du récit, le refus d'une intrigue classique, cohérente et logique, la discontinuité temporelle et spatiale imposée par l'ellipse, l'ambiguïté observée dans les états de conscience et les relations établies entre les personnages, les multiples énigmes ont fait rapprocher ce dernier récit de Bernanos du « nouveau roman » des années 1960. Mais, en réalité, dans Monsieur Ouine, l'ambiguïté et l'énigme reposent sur des bases différentes de celles de l'« école du regard » chère à Robbe-Grillet. Pour Bernanos, l'ambiguïté répond au souci de découvrir le secret des consciences, de suggérer un « espace spirituel » situé aux frontières de la nature et du surnaturel ; pour le « nouveau roman », c'est le monde extérieur lui-même qui se révèle

 

ambigu et incohérent — et les énigmes soulignent alors l'impossibilité de capter le réel ; dans Monsieur Ouine, elles renvoient à l'équivoque d'un univers privé de Dieu, à l'opacité du Mal — « réalité négative ».

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