Le personnage de ZAÏRE

ZAÏRE. Esclave chrétienne d’Orosmane, soudan de Jérusalem, et héroïne de la tragédie homonyme (1732) de Voltaire. On a beaucoup glosé sur les emprunts — réels ou supposés — que Voltaire aurait faits à l’Othello de Shakespeare. Mais, si emprunt il y a (introduction dans la tragédie d’un sentiment de jalousie qui finit par triompher de l’amour), la façon dont Voltaire a traité de l’amour et conçu ses personnages est racinienne plutôt que shakespearienne. L’idée maîtresse de Zaïre, c’est la lutte entre la passion que cette dernière éprouve pour Orosmane, et son devoir de chrétienne. C’est le propre père de Zaïre, un Lusignan, qui le lui rappellera en découvrant que Zaïre était sa fille, qui lui fut

ravie lors de la prise de Jérusalem par les Arabes. Les souvenirs d’enfance de Zaïre sont très vagues, et sa vie consciente ne semble s’éveiller qu’avec l’enthousiasme pudique de son amour pour Orosmane.