SPIRITUEL DANS L’ART ET DANS LA PEINTURE EN PARTICULIER (DU), Wassily Kandinsky

L’ouvrage a, sous de multiples aspects, l’élan d’un manifeste. L’auteur vise à mettre en évidence la dimension spirituelle de la conscience artistique. Face à l’ébranlement des valeurs, l’artiste doit rentrer en lui-même pour découvrir le chemin ascensionnel qui mène à l’intelligible. Il y a certes le Beau extérieur, mais seul le Beau intérieur rend possible l’innovation.

Ce tournant spirituel s’apparente au «Connais-toi toi-même» de Socrate. L’artiste doit créer selon une «nécessité intérieure» — effet de la couleur sur la subjectivité transcendantale — qui exige qu’on se mette au service de ce qu’il y a d’éternel en art. Kandinsky propose donc ici une esthétique de Y intention comme unique chemin vers la «composition picturale»; dès lors, le choix de l'objet peint se substitue à la nature. Pour accéder à cette beauté intérieure, «tout est permis». L'auteur présente la création picturale comme une expérience a priori de la forme et confère à l’artiste qui est à l’origine de l’œuvre une dimension

christique : celui-ci devient le prêtre du Beau intérieur.