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TRAITÉ DU DÉSESPOIR ou LA MALADIE MORTELLE, Soren Aabye Kierkegaard (résumé & analyse)

Publié le 03/10/2018

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kierkegaard
Si le titre danois est la Maladie mortelle, les traducteurs lui ont préféré celui, plus explicite, de Traité du désespoir. Pour autant, il n’y a pas d’erreur de traduction: «La maladie mortelle est le désespoir», maladie dont ce livre veut exposer les causes et fournir le remède. Chaque individu peut
 
ici se sentir concerné, car le désespoir est condition humaine, mais seul le chrétien connaît le sens de cette maladie mortelle, car seul il sait que la mort physique n’est pas la véritable mort.
 
Le désespoir est l’impossibilité pour chacun de s’accepter tel qu’il est : notre moi, dans sa tentative à être lui-même, se heurte au désespoir. Malgré tout, cette conscience désespérée, puisqu’elle est conscience de soi, «nous place au-dessus de la bête»; et si l’homme est supérieur à l’animal, le chrétien, conscient de son désespoir, est un homme supérieur. Reconnaître que le moi est limité, qu’il ne peut être ce qu’il veut, constitue le premier stade nécessaire vers une possible guérison. Il faut désespérer, car la «perdition» permet la rémission; il le faut, pour ne plus désespérer.
 
Pourquoi donc Kierkegaard utilise-t-il l’expression: «la maladie mortelle»? Pour cette raison que, comme les damnés chez Leibniz, ou comme le dit Socrate dans le Phédon*, la véritable mort est de ne pouvoir accepter que nous sommes mortels. «Ainsi être malade à mort, c’est ne pouvoir mourir. [...] La désespérance, c’est le manque du dernier espoir, le manque de la mort.» Notre finitude, notre limitation humaine
 
fonde notre désespoir; désespérer de soi,
 
c’est à la fois vouloir être soi et le refuser : tel est le mouvement dialectique du moi, qui désespère de ne pouvoir être plus qu’il n’est («être César ou rien»), et qui désespère en même temps d’être désespéré. Qui plus est, «le désespoir est la règle», et qui croit accepter sa condition ne fait que se cacher plus avant son désespoir. Le pire du désespoir est son secret. Mais ce n’est ici, pour celui qui ne se reconnaît pas désespéré, qu’un «désespoir-faiblesse», premier degré, le plus bas, le plus répandu, le plus inconscient. Un tel désespoir n’est guère que temporel et matériel. Aussi, à un deuxième stade, la désespérance prend de l’ampleur lorsque le désespéré reconnaît cette faiblesse, admet en son for intérieur qu’il est désespérément mortel et peccable. Mais le véritable désespéré s’adresse à Dieu, comme en un défi spirituel : il affirme tout autant son désespoir que sa conscience d’être désespéré et, malgré cela, défie Dieu de le sauver de son péché de désespérer.
 
« Le désespoir est le péché », mais seul le vrai

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