BILAN IMMÉDIAT DE LA DÉCOLONISATION

« UN MONDE NOUVEAU des mouvements de libération.

Conséquence : une nouvelle bourgeoisie, aussi avide que les anciens colonisateurs, prend le pouvoir, surtout si l'indépendance n'a pas été acquise par une longue lutte populaire (cas de l'Afrique noire).

Pratique du népotisme ; préfèrence accordée à l'ethnie et non à la compétence ; maintien du mode de vie des Blancs, d'où coûteuses importations (alcool, autos).

• En face, la masse des paysans tropicaux, « vrais prolétaires des temps modernes » (Dumont) subit dur métayage, usure, gérontocratie.

L'enseignement, trop abstrait, éloigne de la terre, forme surtout des fonctionnaires.

D'où exode rural, gonflement des villes.

Quelques réformes : suppression théorique des castes en Inde, grands proprié­ taires parfois dépossédés en Asie du Sud-Est.

2.

Culture traditionnelle ou culture importée ? Lors de l'indépendance, fréquent rejet de la langue, des coutumes coloniales.

Mais difficulté pour des cultures minoritaires de s'adapter à la civilisation technicienne.

D'où parallèlement attirance pour les modes occidentales, bilinguisme, adoption d'idéologies étrangères.

Ill.

-Le néo-colonialisme économique • Il s'agit soit de l'ancien colonisateur, soit d'une autre puissance le remplaçant (ex.

les Japonais succèdent aux Anglais en Malaisie).

Aide souvent« liée » : le bénéficiaire doit passer commande au donateur.

Les dons massifs de certains produits peuvent gêner l'essor industriel ou agricole des jeunes nations (ex.

au Sud V.

Nam), décourager l'effort.

Seul moyen de retrouver une certaine indépendance : la fragilité des alliances (Égypte alors pro-américaine se tournant vers l'URSS en 1956).

• Priorité souvent donnée aux usines d'industrie lourde, dévo­ reuses de capitaux mais jugées plus prestigieuses que les industries de transformation (bois, textiles).

Refus d'améliorer l'artisanat, désintérêt relatif pour les cultures vivrières au bénéfice des cultures d'exportation alors que la population croît couramment de 3 % par an.

• Maintien de l'économie de traite : les États neufs continuent à vendre surtout des denrées brutes dont le cours leur échappe.

S'ouvrent largement aux investissements étrangers, mais les multinationales (ex.

Firestone au Libéria) rapatrient une grosse part des bénéfices.

Difficultés pour les dirigeants qui nationalisent ; ex.

Mossadegh dépossède en 1951 l'Anglo-Iranian : ne trouve pas de client pour son pétrole étatisé.

Significativement, le terme « Tiers Monde » apparaît vers 1957 : la décolonisation n'est pas une « apothéose >>, mais un « commencement » (A.

Memmi) ; la misère subsiste ou empire.. »