Les Nubiens vus par les Egyptiens

« concept de l'adversité.

Et c'est pourquoi l'immense ma­ jorité des figurations de Nu ­ biens que nous possédons sont en fait des images de prisonniers.

Un cliché littéraire L a littérature dre.sse égale ­ ment un portra1t peu en­ gageant des voisins méridio ­ naux de l'Égypte .

Une lettre de la fin de l'Ancien Empire recopiée sur les parois de la tombe d'un gouverneur d'Élé­ phantine montre l'excitation toute enfantine de Pépi Il, jeune roi de la VI• dynastie, à l'idée de voir pour la première fois un Pygmée ! De façon moins naïve, les Nubiens ont généralement mauvaise presse dans les écrits.

Dans les textes magiques, ils sont avec les Asiatiques l'archétype de l'en­ nemi à abattre et donc, par­ fois, la personnalisat ion de la maladie que le magicien doit combattre.

Dans la littérature proprement dite, ils apparaissent moins.

Ils occupent cependant une place prépondérante dans un conte tardif rédigé en démo ­ tique, le Conte de Setne.

L'his­ toire se déroule à l'époque de Ramsès Il.

Un chef nubien porteur d'une lettre se pré­ sente à la cour du pharaon et met le roi au défi de trouver un Égyptien assez puissant pour énoncer le contenu de la missive sans en lire une seule ligne.

Les Nubiens sont désignés dans le conte en ter­ mes méprisants: la Nubie, par exemple, est la « patrie des mangeurs de gomme ».

Par- lant de l'installation du mes ­ sager au palais, il est précisé sans délicatesse : « On donna au Nubien des chambres pour le temps de son séjour et on prépara pour lui des saletés à la mode nubienne.

» Pendant ce temps, Setne recherche l'homme capable du prodige demandé.

Contre toute attente, c'est son fils Se-Osiris qui relève le défi, non sans s'adresser en ­ core sur un ton méprisant au chef nubien : « Malheur à toi, misérable, qu'Amon , roi des dieux, doit châtier.

» Se-Osiris décrypte la missive, qui con­ tient en fait un autre conte.

Comme dans une poupée rus ­ se, nous découvrons alors une nouvelle histoire dans l'his­ toire.

Les Nubiens y sont une fois de plus présentés comme des intrigants qui n'ont de cesse de vouloir utiliser leur pouvoir magique (réputé) pour ridiculiser le pharaon.. »