UNE SOCIÉTÉ DE CONSOMMATEURS

« LES FRANÇAIS ET LEUR PLACE DANS LE MONDE Il.

- Classes moyennes et dirigeantes 1.

Classes moyennes indépendantes Artisans et commerçants, qui s'étaient multipliés aprés-guerre dans un contexte de pénurie, souffrent de la concentration industrielle et de la modernisation des circuits de distribution (supermarchés : o en 1953, + 2 ooo en 1973, d'où la loi Royer limitant leur extension).

Les patrons des moyennes entreprises partagent dans certains secteurs leur malaise et se retrouvent parfois avec eux à l'UDCA de Poujade (1953 : 1" action de résistance au fisc) puis aprés 1968 au CIDUNATI de G.

Nicoud.

Les professions libérales, elles, se développent numériquement, surtout les médecins, 40 ooo en 1955, le double en 1973.

2.

Classes moyennes salariées Le fait nouveau est l'émergence du cadre, notion floue puisqu'elle s'étend du contremaître à l'ingénieur en chef, mais désignant en général un salarié diplômé, bien rémunéré, disposant d'initiatives.

Le nombre des cadres triple dans la période ; ils sont, surtout ceux du privé, les grands bénéficiaires de la croissance, mais s'endettent beaucoup.

L'extension du service public, les progrès sociaux (ex.

scolarité jusqu'à 16 ans en 1959) accroissent les fonctionnaires.

3.

L' " élite » Au sommet de la société, quelques dizaines de milliers de per­ sonnes détiennent pouvoir, souvent richesse, et se cooptent, même s'il y a des exceptions dues au mérite individuel (Pompidou, fils d'instituteur) ou à l'engagement politique (promotion rapide d'anciens Résistants).

Chaban-Delmas dénonce en 1969 le « blocage » de la société.

Ainsi en 1971, 89 % des inspecteurs des finances, 91 % des patrons des 100 premières entreprises françaises sont nés en milieu favorisé.

Ces décideurs, qui ont souvent fait une grande école (ENA, Polytechnique, HEC), sont des hommes politiques, de hauts fonction­ naires membres des Grands Corps (Cour des·Comptes, Conseil d'État), préfets, généraux, PDG d'importantes entreprises, animateurs de syndicats, de mass-média ...

avec fréquent cumul.

La période se caractérise par une libéralisation des mœurs (contracep­ tion autorisée en 1967) et surtout par la généralisation du bien-être : entre 1953 et 73 le % des ménages ayant une TV passe de s à 80 %, une auto de 20 à 6o o/o.

Déclin des dépenses alimentaires et vestimentaires au profit du logement, de la santé, des loisirs.

Mais les femmes sont professionnellement défavorisées et il y a 20 % d'exclus de la prospérité : immigrés, vieillards, smigards.

ai:;. »