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L'analyse de l'inexprimable dans les Confessions de Rousseau

Publié le 22/10/2013

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Rousseau est convaincu d'être exceptionnel dans sa personnalité et dans son évolution. La fréquence des mots « bizarre « et « étrange « chez lui offre au lecteur des réalités imprévues et qu'il ne peut se représenter sans l'aide de l'autobiographe. La« bizarrerie « dont Jean-Louis Lecercle constate qu'elle sert de «charnière entre le récit et l'analyse psychologique« permet d'allier l'extraordinaire ...

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« presque inalliables s'unissent en moi sans que j'en puisse en concevoir la manière» (p.150).

Parfois, il se départit de toute volonté d'expliquer son comportement : l'escroquerie qu'il a commise plus tard aux dépens de Monsieur de Francueil lui paraît relever d'une sorte de délire et il ne s'y reconnaît pas : «Il s'y trouve un concours impayable d'effronterie et de bêtise que j'aurais peine à croire s'il regar­ dait un autre que moi» (pp.74-75).

Les barrières du langage Les moralistes du xvn< siècle admettaient l'existence du « je-ne-sais-quoi » quand leur analyse était arrêtée par les barrières du langage.

Rousseau éprouve la même difficulté devant des sentiments indescriptibles pour lui.

C'est pourquoi il recourt souvent au champ lexical* de l'indicible(« inexprimable»,« rien ne pein­ dra jamais », « ne se décrit pas ...

») ou avoue son incapacité à traduire tel ou tel sen­ timent : frappé par l'injustice, il éprouve un bouleversement dont l'intensité dépasse les mots : « Je ne me sens pas capable de démêler, de suivre la moindre trace de ce qui se passait en moi » (p.57).

Le même blocage apparaît devant des sentiments troubles et il renonce à exprimer l'éveil de sa puberté et l'ivresse du désir : « Cet état ne peut se décrire et peu d'hommes même le peuvent imaginer» (p.127) .

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Ill -LA « BIZARRERIE » L'alliance de l'extraordinaire et de la vérité Rousseau est convaincu d'être exceptionnel dans sa personnalité et dans son évolution.

La fréquence des mots « bizarre » et « étrange » chez lui offre au lecteur des réalités imprévues et qu'il ne peut se représenter sans l'aide de l'autobio­ graphe.

La« bizarrerie » dont Jean-Louis Lecercle constate qu'elle sert de «char­ nière entre le récit et l'analyse psychologique» permet d'allier l'extraordinaire au vrai.

Cherchant à expliquer pourquoi il a accusé injustement Marion d'avoir dérobé un ruban, il souligne la motivation paradoxale de son geste : « Il est bizarre, mais il est vrai que mon amitié pour clic en fut la cause» (p.122).

La volonté de tout comprendre Jamais Rousseau ne cache son étonnement : au contraire, il cherche à com­ prendre son comportement et cela même en allant contre les lois de la psychologie ou contre ses propres théories.

Avec une pénétration étonnante il tire des consé­ quences inattendues de sa conduite masochiste* qui permet à son imagination de fabriquer « autant de Demoiselles Lambercier » (p.53) à partir de personnes réelles : « Même après l'âge nubile, ce goût bizarre toujours persistant et porté jusqu'à la dépravation, jusqu'à la folie, m'a conservé les mœurs honnêtes qu'il semblerait avoir dû m'ôter» (p.53).

Son goût du paradoxe* lui permet de décou­ vrir des formules mettant en relief ses conduites apparemment étranges : « Mon peu de succès auprès des femmes est toujours venu de les trop aimer» (p.113).

Conclusion : Les formules empruntées au champ sémantique de l'excep­ tion permettent parfois à Rousseau une cohérence avec l'image qu'il veut donner de lui: «Mon enfance ne fut point d'un enfant» (p.99).

Les ana­ lyses de ses comportements bizarres sont souvent menées très loin dans l'archéologie de la vie affective et sexuelle de Jean-Jacques.

Mais l'intérêt «romanesque» de l'œuvre veut que le héros conserve jusqu'à la fin des franges de mystère.. »

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