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Annexes à la lecture d'Antigone d'Anouilh

Publié le 23/01/2020

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lecture

« L’erreur de Créon, née de l’orgueil, est de mettre les lois de la cité au-dessus des lois divines; l’erreur d’Antigone est de nier la vie, la vie dans son développement naturel; dans cette perspective, son royaume d’enfance ne pouvait être que le lieu d’une régression. »

.De Robert Kemp (Le Monde, 16 septembre 1946) « Vivre et rester pur sont-ils conciliables ? M. Anouilh se le demande depuis qu’il écrit. Il n’est pas le seul. Gouverner les hommes, c’est-à-dire mêler les 'vérités d’un peu de mensonge utile, fléchir au temps, créer de revigorantes légendes, bref s’avilir par charité, ou les abandonner à l’anarchie, à la bestialité - et à la disparition?... Sculpter, comme disait Hugo, le réel ou l’idéal? Depuis qu’il y a des hommes, les deux espèces existent. Ce qui serait irréparable, c’est que la victoire des pragmatistes fît périr toutes les Antigones, toutes les âmes orgueilleuses et indépendantes. Elles ne savent pas vivre. Et ce sont elles qui méritent de vivre. »

De Clément Borgal (Anouilh, La peine de vivre, éd. du Centurion, 1966)

■« Sans la moindre contestation possible, le dernier mot demeure à Créon. Supporte et abstiens-toi; c’est encore ta plus grande chance de n’être pas trop malheureux. On a reconnu, bien sûr, la devise du stoïcisme. » '

De Paul Ginestier (Anouilh, Seghers, 1969)

« L’absurde remplit le monde. Antigone va jouer son rôle jusqu’au bout sans motif et sans motivation, sa révolte la transcende lorsqu’elle annonce - qu’elle va mourir : « Pour personne, pour moi. » Ce triomphe sublime de l’orgueil qui trouve sa victoire au fond même de la défaite rappelle celui du Don Juan de Molière, d’Athalie chez Racine, et ceux des personnages légendaires, Sisyphe et Prométhée, si admirablement analysés par Camus et, dans la vie réelle, se rapproche de la. remarque de Montherlant : « Je n’ai que l’idée que j’ai de moi-même pour me soutenir sur les mers du néant. »

De Pierre-Henri Simon (Théâtre et destin, Armand Colin, 1959)

« Le duel (entre Créon et Antigone) n’est plus, en définitive, entre deux idéalistes dont chacun porte une vérité, mais entre deux nihilistes dont ni l’un ni l’autre n’a mieux à offrir que son désespoir, tourné en molle résignation chez Créon, en

Jugements et témoignages

De Gabriel Marcel (Temps présent, 20 octobre 1944) « Ce qui est neuf et profondément émouvant dans la tragédie de M. Anouilh, c’est ceci : Créon, informé de la désobéissance d’Antigone, veut néanmoins qu’elle soit épargnée; l’idée de la faire mettre à mort lui fait horreur. Mais Antigone, ne lui permettra pas de se montrer clément envers elle ; elle entend lui prouver qu’il est obligé de mettre ses menaces à exécution et de l’envoyer au supplice; que par conséquent c’est lui le maître, qui en réalité n’est pas libre mais bien prisonnier de cette espèce de jeu diabolique qui s’appelle le pouvoir. Ainsi, les rôles se renversent : l’accusateur s’emploie à sauver l’accusé, et l’accusé s’acharne au contraire à lutter pour sa condamnation. »

Du même (Nouvelles Littéraires, 7 février 1949)

« Le tragique ne me semble pouvoir subsister que là où certaines valeurs sont reconnues comme souverainement importantes; or nous voyons ici s’effectuer sous nos yeux une sorte d’universelle dévaluation. L’acte par lequel Antigone décide de mourir est en effet vidé de tout contenu positif. Ce n’est plus qu’un refus - le refus de pactiser, le refus de vivre - puisqu’on dernière analyse, vivre c’est nécessairement trahir. »

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« • De Robert de Luppé (Jean Anouilh, Éditions Univer- sitaires, 1959) · « L'erreur de Créon, née de l'orgueil, est de mettre les lois de la cité au-dessus des lois divines; l'erreur d' Antigone est de nier la vie, la vie dans son développement naturel; dans cette perspective, son royaume d'enfance ne pouvait être que le lieù d'une régression.

» •.De Robert Kemp (Le Monde, 16 septembre 1946) '' Vivre et rester pur sont-ils conciliables? M.

Anouilh se le demande depuis qu'il écrit.

Il n'est pas le seul.

Gouverner les hommes, c'est-à-dire mêler les ·vérités d'un peu de mensonge utile, fléchir au temps, créer de revigorantes légendes, bref s'avilir par charité, ou les abandonner à l'anarchie, à la bestialité -et à la disparition?...

Sculpter, comme disait Hugo, le réel ou l'idéal? Depuis qu'il y a des hommes, les deux espèces existent.

Ce qui serait irréparable, c'est que la victoire des pragmatistes fit périr toutes les Antigones, toutes les âmes orgueilleuses et indépendantes.

Elles ne savent pas vivre.

Et ce sont elles qui méritent de vivre.

)) • De Clément Borgal (Anouilh, La peine de vivre, éd.

du Centurion, 1966) ·«Sans la moindre éontestation possible, le dernier mot demeure à Créon.

Supporte et abstiens-toi; c'est encore ta plus grande chance de n'être pas trop malheureux.

On a reconnu; bien sûr, la devise du stoïcisme.

» • De Paul Ginestier (Anouilh, Seghers, 1969) " L'absurde remplit le monde.

Antigone va jouer son rôle jusqu'au bout sans motif et sans motivation, sa révolte la· transcende lorsqu'elle annonce.

qu'elle va mourir : " Pour personne, pour moi.

" Ce triomphe sublime de l'orgueil qui trouve sa victoire au fond même de la défaite rappelle celui du Don Juan de Molière, d' Athalie chez Racine, et ceux des personnages légendaires, Sisyphe et Prométhée, si admira­ blement analysés par Camus et, dans la vie réelle, se rapproche de la.

remarque de Montherlant : (( Je n'ai que l'idée que j'ai de moi-même pour me soutenir sur les mers du néant.

>) • De Pierre-Henri Simon (Théâtre et destin, Armand Colin, 1959) "Le duel (entre Créon et Antigone) n'est plus, en définitive, entre deux idéalistes dont chacun porte une vérité, mais entre deux nihilistes dont ni l'un ni l'autre n'a mieux à offrir que son désespoir, tourné en molle résignation chez Créon, en 69 -. »

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