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Anthologie

Publié le 07/10/2013

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Préface : Cette anthologie poétique présente une collection de poèmes qui témoignent d'un voyage spirituel. Ces poèmes sont pour la plupart extraits de recueils poétiques publiés entre le Moyen-Age et l'époque contemporaine, et reflètent chacun des caractéristiques poétiques propres à leur époque, ce qui fait de cette anthologie une collection diverse et variée. Dans cette anthologie, nous tenterons de montrer que le voyage spirituel en poésie présente diverses et multiples facettes qui poursuivent la volonté du poète d'explorer un domaine choisi. Il va de soi que le champ d'exploration du poète est vaste et que les domaines qui font l'objet de ses voyages poétiques se multiplient sans cesse. Dans cette palette de variations du voyage poétique, nous aborderons les thèmes de la femme ainsi que la place de la figure féminine dans le voyage sensible et spirituel qu'effectue le poète au travers de sa poésie. Nous verrons également en quoi les vestiges du passé, une méditation sur la fuite du temps ou encore la douloureuse et attendrissante réminiscence du passé plongent le poète dans un voyage spirituel d'une ampleur tout à fait singulière. Dans cette anthologie qui parcours les époques et les courants poétiques, un des enjeux est de percevoir en quoi le voyage du poète rend compte de son courant poétique. Le voyage verbal suggéré dans "Cortège" de Prévert ne s'inscrit pas dans le même projet poétique que les aubades précieuses de Vincent Voiture qui font l'éloge de la nature, ou encore que les voyages bucoliques de Chénier dans sa poésie néoclassique. Au XVIIIème siècle, le romantisme fera place à des voyages méditatifs comme peut nous en témoigner la poésie de Lamartine alors que la poésie plus hermétique de Nerval et de Mallarmé nous propose des voyages à caractère plus énigmatique, où le mysticisme tient une part importante. Dans la poésie symboliste, le poète est un grand esprit voyageur qui invite le lecteur à vagabonder à ses côtés comme l'atteste Baudelaire dans son "Invitation au voyage". De fait, le poète symboliste a recours aux symboles pour s'extraire de son spleen et parcourir les dimensions imaginaires d'un univers spirituel qui définit son idéal. Il s'agit d'un poète à l'âme vagabonde, épris d'un désir d'ailleurs soit pour s'évader, soit pour s'élever du milieu terrestre. Dans le cas échéant, le poète n'hésite pas à affirmer sa supériorité vis-à-vis des hommes. Il la justifie par un grand besoin de liberté et d'inspiration pour poursuivre ses fonctions de poète. Dans « L'Albatros « de Baudelaire, le poète se présente comme un être aérien. Sa dimension d'expansion est verticale, elle tend vers les airs. Sur terre, le poète est « gauche et veule «, il craint d'être privé d'inspiration. C'est pourquoi Baudelaire a recours au symbole de l'oiseau pour s'extraire de la dimension horizontale de la Terre. Dans « Elévation «, il invite le poète à se démarquer du milieu terrestre en « prenant son envol «. Chez Hugo comme chez la poétesse américaine Emily Dickinson, la mort fait l'objet d'un voyage funèbre. Chez les auteurs surréalistes, le langage est exploité de façon novatrice pour conférer une dimension merveilleuse aux éléments du quotidien et celle du voyage au sentiment amoureux. Les blasons modernes d'Eluard sont empreints d'une sensibilité surréaliste. Dans "La Courbe de tes yeux", l'imaginaire du poète se distingue dans le rapprochement du contour des yeux avec celui du coeur. Le poète s'accorde la licence de rapprocher deux idées différentes pour créer une nouvelle image originale et faire voyager l'intellect du lecteur dans l'abstraction. La poésie donne également lieu à l'expression de voyages légendaires et ancestraux comme celui des "Conquérants" de José-Maria de Héredia ou encore celui des navigateurs du Rhin dans la célèbre légende de "la Loreley" contée par Apollinaire. Michaux mène une expédition poétique et part à la conquête de territoires mystérieux dans "la Cordillera de los Andes". De façon plus abstraite, Jules Supervielle saisi d'une torpeur paralytique exprime ses aspirations de liberté par le voyage dans un poème occulte qu'il dédie aux oiseaux. Les oiseaux sont les symboles du voyage spirituel auquel le poète se livre ici. Le poète sénégalais Léopold Sédar Senghor, auteur de la Francophonie, intègre le thème du voyage spirituel par la figure féminine dans le contexte de la négritude. Dans un blason surprenant de la femme noire, il transporte le lecteur à travers l'Afrique par le tam-tam des mots. La poésie de Senghor est à la fois peinture et chant africain: elle allie harmonieusement la musicalité africaine à des tableaux polychromes de la savane. Un grand souci de l'harmonie se dégage de la poésie exotique de Senghor, et pousse l'esprit du lecteur à l'évasion. Le poète moderne Ponge conçois à se rapprocher de la réalité et à l'accepter pleinement. Dans ses « proêmes « qui reflètent une pensée très prosaïque, Ponge suggère cependant l'évasion au sein du monde réel : les craquelures de la croute du pain font voyager son esprit jusqu'aux hauts sommets de la Cordillère des Andes. La « saveur du réel « peut, paradoxalement, inspirer l'évasion.Dans la poésie contemporaine, le poète s'adonne à un tout autre type de voyage: il s'agit d'une quête verbale. Désormais convaincu que la vérité trouve sa place dans le prosaïsme quotidien, le poète d'aujourd'hui mène une expédition poétique à valeur purement esthétique: celle de trouver le mot juste dans une tentative de dire l'indicible. Jaccottet se pose le défi de dire "encore patiemment, plus patiemment ce que la voix ne peut nommer". La virtuosité des poètes romantiques qui cherchent à s'affranchir des canons classiques est comparable à celle des poètes symbolistes désireux de déjouer les canons du Parnasse. Chez Rimbaud, le poète, ivre et flottant au-dessus du réel, se livre à un voyage euphorique et libérateur. Le voyage apaise et libère l'âme, son effet est comparable à celui de l'opium. Si la poésie s'est transformée au fil des époques, son étymologie grecque « poiesis « nous indique qu'elle a toujours rempli le même rôle : celui de la création. Par son sens étymologique, le poète est un créateur qui fait naitre tout un univers par les mots. Dans la culture judéo-chrétienne, la création se fait par la parole comme en témoigne la Bible: « que la lumière soit, et la lumière fut «. Toute création ne se fait pas sans originalité, c'est pourquoi poésie rime avec fantaisie. Dans le contexte de notre anthologie, nous dirons même que poésie rime avec évasion de l'esprit. Nous percevrons même le poète comme un voyageur à la quête rarement assouvie. Nous tenterons d'être particulièrement sensible à la versatilité du poète, dont la quête prend des orientations diverses et variées au fil des époques et au fil de ses humeurs fluctuantes. Enfin, nous adopterons une attitude contemplative à l'égard d'un poète souvent « ténébreux, veuf et inconsolé «. Si la poésie est « la vraie fille de l'étonnement «, nous encouragerons notre lecteur sensible à s'étonner des expériences spirituelles gravées dans chacun de ces poèmes de telle sorte à ce que son âme puisse, elle aussi, s'évader avec celle du poète. Sommaire : XVème : « Ballade des dames du temps jadis « - François Villon XVIème siècle : Antiquités de Rome, sonnet 3 - Joachim du Bellay XVIIème siècle : « La Belle Matineuse « - Vincent Voiture  XVIIIème siècle : ,,Erlkönig" - Johann Wolfgang von Goethe « La Jeune Tarentine « - André Chénier XIXème siècle : « Le Lac « - Alphonse Lamartine ,,Die Lorelei" - Heinrich Heine « Fantaisie « - Gérard de Nerval « El Desdichado « - Gérard de Nerval « Myrtho « - Gérard de Nerval « Demain, dès l'aube... « - Victor Hugo « L'Albatros « - Charles Baudelaire « Elévation « - Charles Baudelaire « La Chevelure « - Charles Baudelaire « L'Invitation au voyage « - Charles Baudelaire « Après trois ans « - Paul Verlaine « Le Bateau ivre « - Arthur Rimbaud « Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui « - Stéphane Mallarmé « Brise marine « - Stéphane Mallarmé "Because I could not stop for death" - Emily Dickinson « Les Conquérants « - José-Maria de Heredia XXème siècle : « La Loreley « - Guillaume Apollinaire « Aux Oiseaux « - Jules Supervielle « La Courbe de tes yeux « - Paul Eluard « La Cordillera de los Andes « - Henri Michaux « Le Pain « - Francis Ponge « La Rose et le Réséda « - Louis Aragon « Cortège « - Jacques Prévert « Femme noire « - Léopold Sédar Senghor "Questions of Travel"- Elizabeth Bishop « Dis encore cela patiemment, plus patiemment... « - Philippe Jaccottet Le voyage à travers la figure féminine : François Villon (1431-1463) « Ballade des dames du temps jadis «, Le testament, 1463 Ballade des dames du temps jadis Dites-moi où, n'en quel pays,Est Flora la belle Romaine,Archipiades, ni Thaïs,Qui fut sa cousine germaine ;Echo parlant quand bruit on mèneDessus rivière ou sus étang,Qui beauté eut trop plus qu'humaineMais où sont les neiges d'antan?Où est la très sage Héloïs,Pour qui fut châtré et puis moinePierre Abélard à Saint-Denis ?Pour son amour eut cette essoyne.Semblablement, où est la royneQui commanda que BuridanFut jeté en un sac en Seine ?Mais où sont les neiges d'antan ?La reine Blanche comme lisQui chantait à voix de sirène,Berthe au grand pied, Bietris, Alis,Et Jehanne la bonne LorraineQu'Anglois brûlèrent à Rouen ;Où sont-ils, Vierge souveraine ?Mais où sont les neiges d'antan ?Prince n'enquérez de semaineOù elles sont, ni de cet an,Qu'à ce refrain ne vous remaineMais où sont les neiges d'antan. Le voyage à travers les vestiges du passé : André Chénier (1762-1794) « La jeune Tarentine «, Les Bucoliques, 1785-1787 La Jeune Tarentine Pleurez, doux alcyons, ô vous, oiseaux sacrés,Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez. Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine.Un vaisseau la portait aux bords de Camarine.Là l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement,Devaient la reconduire au seuil de son amant.Une clef vigilante a pour cette journéeDans le cèdre enfermé sa robe d'hyménéeEt l'or dont au festin ses bras seraient parésEt pour ses blonds cheveux les parfums préparés.Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles,Le vent impétueux qui soufflait dans les voilesL'enveloppe. Étonnée, et loin des matelots,Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots. Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine.Son beau corps a roulé sous la vague marine.Thétis, les yeux en pleurs, dans le creux d'un rocherAux monstres dévorants eut soin de la cacher.Par ses ordres bientôt les belles NéréidesL'élèvent au-dessus des demeures humides,Le portent au rivage, et dans ce monumentL'ont, au cap du Zéphir, déposé mollement.Puis de loin à grands cris appelant leurs compagnes,Et les Nymphes des bois, des sources, des montagnes,Toutes frappant leur sein et traînant un long deuil,Répétèrent : « hélas ! « autour de son cercueil. Hélas ! chez ton amant tu n'es point ramenée.Tu n'as point revêtu ta robe d'hyménée.L'or autour de tes bras n'a point serré de noeuds.Les doux parfums n'ont point coulé sur tes cheveux. Le voyage méditatif sur la fuite du temps : &l...

« Chez Hugo comme chez la poétesse américaine Emily Dickinson, la mort fait l'objet d'un voyage funèbre.

Chez les auteurs surréalistes, le langage est exploité de façon novatrice pour conférer une dimension merveilleuse aux éléments du quotidien et celle du voyage au sentiment amoureux.

Les blasons modernes d'Eluard sont empreints d'une sensibilité surréaliste.

Dans "La Courbe de tes yeux", l'imaginaire du poète se distingue dans le rapprochement du contour des yeux avec celui du coeur.

Le poète s'accorde la licence de rapprocher deux idées différentes pour créer une nouvelle image originale et faire voyager l'intellect du lecteur dans l'abstraction.

La poésie donne également lieu à l'expression de voyages légendaires et ancestraux comme celui des "Conquérants" de José-Maria de Héredia ou encore celui des navigateurs du Rhin dans la célèbre légende de "la Loreley" contée par Apollinaire.

Michaux mène une expédition poétique et part à la conquête de territoires mystérieux dans "la Cordillera de los Andes". De façon plus abstraite, Jules Supervielle saisi d'une torpeur paralytique exprime ses aspirations de liberté par le voyage dans un poème occulte qu'il dédie aux oiseaux.

Les oiseaux sont les symboles du voyage spirituel auquel le poète se livre ici.

Le poète sénégalais Léopold Sédar Senghor, auteur de la Francophonie, intègre le thème du voyage spirituel par la figure féminine dans le contexte de la négritude.

Dans un blason surprenant de la femme noire, il transporte le lecteur à travers l’Afrique par le tam-tam des mots.

La poésie de Senghor est à la fois peinture et chant africain: elle allie harmonieusement la musicalité africaine à des tableaux polychromes de la savane.

Un grand souci de l’harmonie se dégage de la poésie exotique de Senghor, et pousse l’esprit du lecteur à l’évasion.

Le poète moderne Ponge conçois à se rapprocher de la réalité et à l’accepter pleinement.

Dans ses « proêmes » qui reflètent une pensée très prosaïque, Ponge suggère cependant l’évasion au sein du monde réel : les craquelures de la croute du pain font voyager son esprit jusqu’aux hauts sommets de la Cordillère des Andes.

La « saveur du réel » peut, paradoxalement, inspirer l’évasion. Dans la poésie contemporaine, le poète s'adonne à un tout autre type de voyage: il s'agit d'une quête verbale.

Désormais convaincu que la vérité trouve sa place dans le prosaïsme quotidien, le poète d'aujourd'hui mène une expédition poétique à valeur purement esthétique: celle de trouver le mot juste dans une tentative de dire l'indicible.

Jaccottet se pose le défi de dire "encore patiemment, plus patiemment ce que la voix ne peut nommer".

La virtuosité des poètes romantiques qui cherchent à s'affranchir des canons classiques est comparable à celle des poètes symbolistes désireux de déjouer les canons du Parnasse.

Chez Rimbaud, le poète, ivre et flottant au-dessus du réel, se livre à un voyage euphorique et libérateur.

Le voyage apaise et libère l'âme, son effet est comparable à celui de l'opium.

Si la poésie s’est transformée au fil des époques, son étymologie grecque « poiesis » nous indique qu’elle a toujours rempli le même rôle : celui de la création.

Par son sens Julie Fabre 1 ère S4 Page 2. »

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