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Anthologie poétique: Vieillesse

Publié le 12/04/2014

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Anthologie poétique: Vieillesse

DoN DIÈGUE : O rage, d désespoir, ô vieillesse ennemie...

PIERRE CORNEILLE

Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand.

VICTOR HUGO

AGRIPPA D'AUBIGNÉ

LA SAISON DE L'USAGE

Mes volages humeurs plus steriles que belles

S'en vont, et je leur dis : « Vous sentez, Irondelles,

S'esbigner la chaleur et le froid arriver,

Allez nicher ailleurs, pour ne fascher impures

Ma couche de babil, et ma table d'ordures ;

Laissez dormir en paix la nuict de mon hyver.

D'un seul poinct le Soleil n'esbigne l'hemisphere,

Il jette moins d'ardeur, mais autant de lumière.

Je change sans regrets, lors que je me repens

Des frivoles amours et de leur artifice.

J'aime l'hyver, qui vient purger mon coeur du vice,

Comme de peste l'air, la terre de serpens.

Mon chef blanchit dessous les neiges entassées,

Le Soleil qui me luit les eschauffe glacées,

Mais ne les peut dissoudre àu plus court de ces mois.

Fondez, neiges, venez dessus mon coeur descendre,

Qu'encores il ne puisse allumer de ma cendre

Du brazier, comme il fit des flammes autrefois.

Mais quoi, serai-je esteint devant ma vie esteinte? Ne luira plus en moy la flamme vive et saincte? Le zele flamboyant de ta saincte maison? Je fai aux saincts autels holocaustes des restes De glace aux feux impurs, et de naphte aux celestes Clair et sacré flambeau, non funebre tizon.

 

Voici moins de plaisirs, mais voici moins de peines : Le rossignol se tait, se taisent les Syrenes : Nous ne voyons cueillir ni les fruicts ni les fleurs : L'esperance n'est plus bien souvent tromperesse, L'hyver jouyt de tout, bien heureuse vieillesse, La saison de l'usage, et non plus des labeurs.

Mais la mort n'est pas loin ; cette mort est suivie D'un vivre sans mourir, fin d'une fausse vie ; Vie de nostre vie, et mort de nostre mort. Qui hait la seureté pour aimer le naufrage, Qui a jamais esté si friand de voyage,

Que la longueur en soit plus douce que le port?

PIERRE CORNEILLE

STANCES

Marquise, si mon visage

A quelques traits un peu vieux

Souvenez-vous qu'à mon age

Vous ne vaudrez gueres mieux.

Le temps aux plus belles choses

Se plaist à faire un affront

Et saura faner vos roses

Comme il a ridé mon front.

« Voici moins de plaisirs, mais voici moins de peines : Le rossignol se tait, se taisent les Syrenes : Nous ne voyons cueillir ni les fruicts ni les fleurs : L'esperance n'est plus bien souvent tromperesse, L'hyver jouyt de tout, bien heureuse vieillesse, La saison de l'usage, et non plus des labeurs.

'.\lais la mort n'est pas Join ; cette mort est suivie D'un vivre sans mourir, fin d'une fausse vie; Vie de nostre vie, et mort de nostre mort.

Qui hait la seureté pour aimer Je naufrage, Qui a jamais esté si friand de voyage, Que la longueur en soit plus douce que le port? PIERRE CORNEILLE STANCES Marquise, si mon visage A quelques traits un peu vieux Souvenez-vous qu'à mon age Vous ne vaudrez gueres mieux.

Le temps aux plus belles choses Se plaist à faire un affront Et saura faner vos roses Comme il a ridé mon front.

Le mesme cours des planetes Regle nos jours et nos nuits : On m'a vu ce que vous estes; Vous serez ce que je suis.

Ce pendant j'ay quelques charmes Qui sont assez éclatans Pour n'avoir pas trop d'alarmes De ces ravages du tems.

Vous en avez qu'on adore; Mais ceux que vous meprisez Pourroient bien durer encore Quand ceux-là seront usez.. »

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