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L'arrière-plan philosophique et religieux de La vie est un songe

Publié le 05/08/2014

Extrait du document

 

Le théâtre de Calderon est indissociable d'un contexte intellectuel où s'entrecroisent

influences de la philosophie antique et interrogations religieuses

issues des débats théologiques qui agitaient les universités espagnoles,

notamment sous l'influence des Jésuites dont, rappelons-le, Calderon avait

été lélève.

I - LE CONTEXTE PHILOSOPHIQUE

L'influence platonicienne

La Renaissance avait opéré un retour à Platon. Calderon a lu et médité l'auteur

de La République. Il lui emprunte la distinction entre deux ordres de réalité : l'intelligible,

domaine des essences, de la permanence et de l'être; le sensible, domaine

des apparences chatoyantes, instables et trompeuses. Division qui se retrouve dans

la pièce, les personnages évoluant dans un univers d'illusion.

« E X P 0 S É S F C H E S allons régner ; I ne m'éveille pas si je dors ; I si tout est vrai, ne m'endors pas.

» (v.

2420 à 2422) Enfin Sigismond, mi-homme mi-bête, renvoyé à l'animalité, fait penser à Pas­ cal qui écrit : « Quelle chimère est-ce donc que l'homme, quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos [ ...

]cloaque d'incertitude et d'erreur, gloire et rebut de l'uni­ vers ...

» (Pensées) Il -UN THÉÂTRE THÉOLOGIQUE Le débat théologique en Espagne Il est intense dans ces universités brillantes où s'élabore une théologie nouvelle dans le sillage de la Contre-Réforme.

En même temps, l'Église cherche à s'adapter à une société qui voit se développer les classes bourgeoises, négociants, banquiers pour qui le monde est un espace à exploiter.

Les Jésuites sont ceux qui vont le plus loin, avec des hommes comme Luis Molina* ou Francisco Suarez, dans cette tentative d'agiomamento théologique qui pose une liberté humaine au sein d'un ordre providentiel voulu par Dieu.

Ces idées vont contre le déterminisme hérité de la théologie médiévale, contre l'augustinisme surtout, qui souligne au contraire le poids du péché origi­ nel et le rôle de la grâce*, dépossédant du même coup l'homme de tout ou partie de sa liberté, et qui alimentera le jansénisme* français.

La question du libre-arbitre La vie est un songe porte sur la scène la question théologique du libre-arbitre.

L'avenir de Sigismond est-il préfiguré dans les astres comme le croit Basyle? Son existence est-elle prédéterminée ? Tout le déroulement de la pièce dément cette vision : la violence de Sigismond est le résultat d'une décision humaine qui l'a séparé de l'humanité (v.

3172 sq.), non d'une nature foncièrement déchue et mauvaise.

Au contraire, le renversement de la fin de la deuxième journée révèle sa capacité à se changer.

Bien plus, l'issue de la pièce découle de ses décisions.

Le libre-arbitre est donc le véritable mo­ teur de l'intrigue.

La réponse de Calderon, fidèle disciple sur ce point de ses maîtres jésuites, est claire : l'homme est libre et, partant, responsable de sa destinée.

« Car le destin le plus sinistre,/ le penchant le plus violent, /la planète la plus impitoyable, I ne font qu'incliner le libre-arbitre, sans le forcer.» (v.

787 et sq.) Liberté et Providence Calderon concilie au dénouement liberté humaine et Providence.

La prédiction déchiffrée par Basyle s'est vérifiée, mais pas comme il le croyait.

En voulant s'en af­ franchir en déshéritant son fils, il n'a fait que collaborer à la réalisation du présage.

Malgré lui, mais à travers les actes libres qu'il accomplit, l'homme contribue à accomplir un ordre transcendant qui, lui, demeure opaque.

Liberté paradoxale donc, qui, par sa volonté, concrétise involontairement les arrêts de la Providence.

Conclusion : La vie est un songe est une dramatisation des interrogations et des incertitudes philosophiques d'une époque.

Incarnées dans des per­ sonnages de chair et de sang, elles perdent de leur abstraction et touchent le spectateur.

751. »

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