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L'art romanesque de Malraux

Publié le 27/03/2015

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Les récits de Malraux sont fondés sur la discontinuité. Ses romans (sauf La Voie royale) sont faits essentiellement de « scènes « qui forment un ensemble raccordé par montage, selon les procédés du cinéma. On peut ainsi suivre en parallèle plusieurs actions simultanées, qui parfois ne se rencontrent pas. Ce procédé, systématisé par le roman américain, par exemple Manhattan Transfer de Dos Passos (1896-1970), donne une impression initiale d'éparpillement. Ce n'est que progressivement que le dessin de l'ensemble apparaît. Il donne aussi un rythme syncopé, accentué chez Mal­raux par la 

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« E X P 0 S É S F C H E S Accélération de l'écriture Par ailleurs, l'écriture de Malraux cherche à produire une impression de rapidité propre à créer la tension : il a souvent recours par exemple à une inversion dans l'ordre logique des actions, décrivant l'effet avant de montrer la cause.

Dans la scène de l'arrestation de Kyo (La Condition humaine, V0), Malraux décrit d'abord la « mollesse foudroyante » qui s'empare du corps de May, puis le coup de matraque sur la nuque de Kyo, avant de dévoiler ce qui s'est passé: «Trois poli­ ciers sortis d'une maison rejoignaient celui qui avait frappé.

»C'est rétrospective­ ment que le lecteur comprend ce qui vient d'arriver, en particulier l'attitude de May, frappée la première.

Tout se passe comme si le récit, impatient, se précipitait vers sa fin et revenait ensuite à 1 'explication.

Effet de « suspens » Cette scène s'inspire aussi de la technique cinématographique, dans la mesure où il nous présente d'abord un gros plan (le coup de matraque) puis un mouvement de recul («zoom» arrière) qui découvre le champ de la rue où se trouvent les poli­ ciers, en révélant brusquement le sens inattendu de ce qui vient d'être décrit par le changement de cadrage et de point de vue .

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Ill -UNE ESTHÉTIQUE EXPRESSIONNISTE Un art de la fascination Dans une préface à Sanctuaire de William Faulkner (1897-1962), Malraux explique que 1' « état psychologique sur quoi repose presque tout 1' art tragique » est la« fascination ».

II ajoute que lexpression de cette fascination n'a pas pour but de la faire disparaître mais de la réintroduire « dans l'univers relatif des choses conçues et dominées ».

La fascination tient la personne dans la dépendance de son pouvoir à partir d'une vision, d'un spectacle hallucinatoire.

Chez Malraux, ces visions appartiennent toujours au registre de l'horreur.

II le dit lui-même : « La fas­ cination la plus profonde( ...

) tire sa force de ce qu'elle est à la fois l'horreur et la possibilité de la concevoir.» L'œuvre de Malraux est ainsi organisée autour de ces scènes qui touchent aux angoisses fondamentales de leur auteur.

Une technique expressionniste La fascination s'exprime par le jeu de 1' ombre et de la lumière et la déformation expressive des corps.

Les scènes culminantes de l 'œuvre : le début de La Condition humaine, la découverte du cadavre de Klein, la découverte de Grabot, sont toutes structurées par un éclairage très étudié.

On y distingue peu de couleurs, seulement des contrastes lumineux très violents, du même type que ceux du cinéma en « noir et blanc ».

Dans cet éclairage, ainsi que le montre par exemple le pied du dormeur que Tchen s'apprête à tuer, souligné par un rai de lumière, le corps apparaît méta­ morphosé par le jeu des lumières et des ombres.

II l'est d'autant plus que Mal­ raux le déforme parce qu'il est torturé ou secoué d'angoisse.

Héritages du cinéma expressionniste allemand fondé sur cette volonté de signifier par une accentuation exagérée des gestes et des physionomies, mais aussi de la peinture (Goya, Grune­ wald), ces procédés sont utilisés selon un savant crescendo.

Conclusion : L'originalité de Malraux tient à la synthèse de matériaux hétérogènes dans une structure dramatique d'une grande intensité émo­ tionnelle.

LES ROMANS DE MALRAUX~. »

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