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Aveuglement et cécité dans OEdipe roi

Publié le 02/08/2014

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oedipe

La pièce donne à voir un aveuglement, celui d'OEdipe. Ou plutôt le passage de l'aveuglement à la clarté, puisqu'au dénouement, OEdipe a la révélation de son identité. Face à lui, il y a Tirésias, le devin aveugle. D'une part donc l'aveuglement, réalité psychologique, d'autre part la cécité, réalité physique. La seconde opérant comme une métaphore du premier.

oedipe

« E X P 0 S É S F C H E S Un personnage paradoxal Dans la scène violente qui oppose Tirésias à Œdipe s'affrontent l'aveugle qui voit et le clairvoyant qui ne voit rien.

Les répliques brèves, souvent symétriques, jouent sur cette opposition du voir et du non-voir : « tu m'as fait honte d'être aveugle, je te dirai ceci : toi qui as des yeux, tu ne vois ni dans quel abîme tu es tombé, ni où tu habites, ni de qui tu partages la vie », « toi qui as si bonne vue, tu seras dans la nuit », « avant ce soir tu recevras le jour et le perdras », lance le devin à Œdipe.

L'aveugle est bien ici celui qui voit, celui dont le regard s'étend au-delà du présent limité dans lequel sont enfermés les autres personnages.

Sa cécité est la contrepartie du savoir qui est le sien.

Personnage paradoxal donc à la fois dans la cité et au-dehors, médiateur entre deux mondes, l'un profane, auquel appar­ tient Œdipe, l'autre religieux .

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Ill -LEÇON DE LA PIÈCE OU LA VÉRITÉ CRÈVE LES YEUX De la vue à l'aveuglement Œdipe roi est construite sur un renversement de situation: l'enquêteur devient le coupable.

Ce renversement, on le retrouve à plusieurs niveaux.

Ainsi, Œdipe le voyant se perce les yeux à la fin, Œdipe qui croit voir et savoir s'est aveuglé pen­ dant toute la pièce, et c'est au moment où il voit, où il accède à la révélation de ses origines, qu'il décide de se mutiler.

C'est alors seulement qu'il devient voyant ou lucide, renonçant à son hybris, rejoignant dans sa nuit Tirésias.

Il est à cet égard remarquable qu'Œdipe ne se tue pas comme Jocaste mais préfère la cécité.

Significations La cécité fonctionne comme une métaphore de l'attitude d'Œdipe et, au-delà, de la condition humaine.

L'homme est pour lui-même une énigme: ignorant de son passé ou plutôt croyant le connaître, oublieux comme Œdipe qui retrouve le souve­ nir de l'épisode du meurtre de Laïos sous l'impulsion de la confidence de Jocaste.

Au fond, l'homme voit ce qui est au dehors mais pas ce qui est en lui.

Ce que dépeint la pièce, c'est le mécanisme de l'illusion inhérent au psychisme humain: Œdipe ne voit pas parce que d'une certaine manière il ne veut pas voir.

Deuxième signification possible : l'homme se débat en aveugle dans un monde opaque qu'il ne maîtrise pas.

L'homme agit dans un univers incertain et ses actions se retournent contre lui.

Comme l'écrit J.P.

Vernant dans Mythe et tragédie (op.

cit., p.37) : «chez l'homme le plus prévoyant, i'action la plus réflé­ chie garde le caractère d'un appel hasardeux lancé vers les dieux et dont on apprendra seulement par leur réponse, le plus souvent à ses dépens, ce qu'il valait et voulait dire au juste ».

Conclusion : La psychanalyse s'est tout particulièrement intéressée à ce thème de la cécité, y trouvant un écho et une confirmation de ses thèses.

La mutilation d'Œdipe serait une métonymie de la castration, la projection sur la scène tragique d'une réalité humaine universelle, le complexe d'Œdipe.

Œdipe se punit d'avoir accompli réellement ce dont rêve tout être humain : tuer son père et s'unir avec sa mère.

Le héros, sans le savoir, a mené à son terme ce qui, chez les autres hommes, reste à l'état de fantasme, mais en même temps il expérimente la culpabilité associée à une telle transgression de l'ordre naturel et culturel et, à travers l'acte de se crever les yeux, réalise sur un mode substitutif la punition infligée à celle-ci : la castration.. »

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