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Le bien et le mal dans les Confessions de Rousseau

Publié le 23/06/2015

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Le bien se confond souvent avec le bonheur. Quand il imagine l'humanité primitive, Rousseau lui prête la sérénité et la joie que Montaigne attribue aux sauvages d'Amérique. Dans Les Confessions, l'« heureux âge « (L. I, p. 52) qu'est l'enfance est à la fois celui du bien-être et celui de l'innocence. Pour Rousseau, la vertu engendre le repos de l'âme et la morale se confond avec le bonheur, voire le plaisir. « L'innocence des moeurs a sa volupté, qui vaut bien l'autre «, écrit-il (L. IV, p. 187). Le désir d'être bon n'est donc pas, pour lui, un renoncement au bien-être.

Le mal, au contraire, va de pair avec le tourment. Quand, à Bossey, les enfants perdent leur innocence première, ils se pri­vent en même temps du plaisir des jeux et de la campagne (L. I, p. 51). Le mal apporte encore le tourment par le biais du remords. Les mauvaises actions poursuivent éternellement leur auteur et « le souvenir ne s'en éteint point « (L. IV, p. 181). Le temps révèle la valeur de nos actions. Le bien ne laisse en nous qu'une insouciance heureuse. Le mal nous fait endurer « les longs souvenirs du crime et l'insupportable poids des remords « (L. II, p. 124).

 

Quand il vit dans la nature ou quand il est heureux, l'homme est authentique. En somme, il est bon chaque fois qu'il est lui-même. La morale de Rousseau n'a rien d'abstrait. Elle se garde des systèmes ou des condamnations sévères. Si elle se traduit en termes simples, c'est qu'elle se résume justement à la recherche de la simplicité.

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« bons sentiments mal dirigés qui font faire aux enfants le premier pas vers le mal » (L.

1, p.

65).

Une seconde cause nous pousse à mal agir: aussitôt enga­ gés dans la mauvaise voie, nous nous laissons facilement entraî­ ner.« Mon premier vol fut une affaire de complaisance», avoue le narrateur, « mais il ouvrit la porte à d'autres qui n'avaient pas une si louable fin » (ibid.).

Chaque faute en appelle une autre qui ressemble tant à la première qu'on la commet sans y pen­ ser.

Nous sommes donc victimes du mal que nous avons fait.

Le héros, séjournant à l'hospice de Turin, comprend qu'il a tort de renoncer au protestantisme.

Mais il croit qu'il ne peut pas faire marche arrière.

«Je ne me disais pas: rien n'est fait encore, et tu peux être innocent si tu veux », écrit-il; « [.

..

] je me disais : gémis du crime dont tu t'es rendu coupable et que tu t'es mis dans la nécessité d'achever » (L.

Il, p.

101 ).

Il ira ainsi jusqu'au bout d'une faute qui lui fait pourtant horreur.

Les deux fois, le sentiment du bien intervient donc à contre­ temps: le scrupule d'abord, la honte ensuite poussent en fait à mal agir.

Cette analyse remet en cause l'opposition si tranchée qu'on fait habituellement entre le bien et le mal.

--·UNE INVITATION A L'INDULGENCE Parce que bien et mal sont parfois proches l'un de l'autre, le narrateur nous invite à nuancer notre jugement sur les actions ou les sentiments de Jean-Jacques.

Deux notions entremêlées Rousseau aime montrer à quel point il est facile de basculer du bien dans le mal.

« Je passai de la sublimité de l'héroïsme à la bassesse d'un vaurien »,écrit-il (L.

1, p.

73).

Il ajoute un peu plus loin : « j'avais toujours été trop haut ou trop bas; Achille ou Thersite tantôt héros, tantôt vaurien» (L.

Ill, p.

132).

On passe 1.

Achille et Thersite sont deux personnages de l' 1/iade d'Homère.

Le premier est un héros puissant et courageux.

Le second est lâche et ridicule.

83. »

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