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CAFÉ et littérature

Publié le 19/02/2019

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CAFÉ. Des réunions de Samuel Johnson au Turk's Head de Soho à la table légendaire de Sartre au café de Flore à Paris, le café définit un espace socio-

culturel indispensable à la compréhension du fait littéraire. La première « maison de café » qui ait rassemblé des écrivains autour d'une tasse de moka passe pour avoir été ouverte à Constantinople en 1554 par Hakîm et Chems : les mollahs y prêchaient contre les vanités du monde, les conteurs y récitaient les légendes populaires et les romans chevaleresques arabes, et les poètes déclamaient leurs vers après avoir critiqué les compositions de leurs rivaux. Introduit en France au xviie s. (le premier café est établi à Marseille en 1654, puis à Paris en 1672), le café est d'abord une affaire d'Arméniens (Maliban, rue de Buci ; Grégoire d'Alep, rue Mazarine puis, en 1698, rue des Fossés-Saint-Germain, face à la Comédie-Française). Mais c'est un Italien, Francesco Procopio dei Coltelli, qui fonde (1686) le plus ancien, et le plus durable, des cafés littéraires, le Procope : il rassemblait surtout des auteurs de théâtre et des romanciers comme Belloy, Lemierre, Crébillon, Piron. Dès 1716, Paris comptait plus de 300 cafés. Michelet voit dans le règne du café celui de la tempérance (auquel il oppose le dévergondage libertin au cabaret) et fait de cette « liqueur puissamment cérébrale... anti-érotique » la marque du « siècle de l'esprit ». Le café de la Veuve Laurent, rue Dauphine, fut vite célèbre par ses polémiques et les satires d'un de ses clients, Jean-Baptiste Rousseau. Le quartier du Palais-Royal, centre du jeu et des intrigues amoureuses et politiques, vit se développer le café de la Régence, qui avec ses joueurs d'échecs sert de cadre au Neveu de Rameau de Diderot, le café de Foy, où fréquentaient les doctrinaires et les journalistes libéraux, le café Lemblin, animé sous l'Empire par les gens de lettres avant de l'être, sous la Restauration, par les demi-solde. Les romantiques, plus ou moins bohèmes, se retrouvèrent au Divan de la rue Le Peletier (1837-1859) avec Nerval, Chenavard, Armand Mar-rast, au café Momus avec Murger, au café Dagneaux avec Baudelaire et Banville, tandis que les plus tapageurs vidaient leurs chopes à la brasserie des Martyrs, que les dandys (Musset) fai-

« saient la gloire de Tortoni et qu'Émile Augier et Jules Janin régnaient sur le café Tabourey.

Libre espace de commu­ nication où la boisson, puis le tabac créaient une atmosphère dégagée de contraintes, où la littérature -au milieu de la lecture du journal et des débats politiques -se trouvait insérée dans le réseau quotidien des relations sociales, le café est probablement un des facteurs qui ont contribué à donner à la littéra­ ture du xrx• s.

cette faculté, jamais retrouvée, de parler à tout un peuple.

On ne comprend pas bien Théophile Gau­ �ier, Alexandre Dumas, Eugène Sue ou Emile de Girardin sans le café.

La littérature fin de siècle hanta surtout le Vachette, le Voltaire et la Nouvelle Athenes, tandis qu'à la Source Verlaine s'abimait doucement dans son verre d'absinthe.

Et si le cabaret Voltaire à Zurich vit naltre, en 1916, le mouvement Dada autour de Tzara, Hugo Bali et Marcel Janco, les cafés du Paris des Années folles, de la Rotonde au Dôme et à la Coupole, appartiennent d'abord à l'histoire de la peinture.

c·est le printemps de l'existentialisme qui fera des cafés de Saint-Germain-des-Prés (Flore, Deux Magots) le dernier lieu public où s·est reconnu un courant littéraire, la brasserie Lipp faisant aujourd'hui office d'espace de représen­ tation, de scène où l'on échange plus de clins d'œil que d'idées.. »

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