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La caricature DANS Les ''Châtiments'' de Victor Hugo

Publié le 14/03/2015

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hugo

Le goût des mots techniques

L'une des forces comiques de la caricature hugolienne est son goût pour les mots techniques, les vocabulaires des métiers et des différents milieux sociaux. Louis Bonaparte et ses complices sont ainsi rabaissés ou plongés dans des univers sordides comme celui des bagnes, des bandits, de la prostitution, des théâtres de foire et de boulevard. Voici une caricature qui associe cuisine et gouvernement de Napoléon III :

Regarde, tout est prêt pour le fêter, bandit.

L'immense cheminée au centre resplendit.

Ton aigle, une chouette, en blasonne le plâtre.

Le boeuf Peuple rôtit tout entier devant l'âtre;

La lèchefrite chante en recevant le sang;

A côté sont assis, souriant et causant,

Magnan qui l'a tué, Troplong qui le fait cuire. [...]

Le boucher Carrelet fourbit son coutelas.

La marmite budget pend à la crémaillère. (IV, 13, p. 192.)

Le monde des malfrats et des saltimbanques, est par ailleurs beaucoup sollicité par Hugo, comme par Daumier, dans le dis­positif de la caricature :

La foule au bruit qu'ils font se culbute pourvoir; 1_1

Près de Troplong paillasse et de Baroche pitre,

Devant cette baraque, abject et vil bazar,

Où Mandrin mal lavé se déguise en César,

Riant, l'affreux bandit, dans sa moustache épaisse,

Toi, spectre impérial, tu bats la grosse caisse !

 

(V, 13, p. 232.)

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« pour les contemporains de Victor Hugo nécessite aujourd'hui un décryptage.

Ce qui les rendait hilares nous laisse a présent de marbre.

Hugo et Daumier Sous la Restauration (1815-1830) et la monarchie de Juillet (1830-1848), plus encore peut-être sous la seconde République, de 1848 à 1851, la polémique et la caricature connaissent dans les journaux un succès sans précédent.

Dans le domaine du des­ sin, la caricature a pour maître Henri Daumier, qui travaille dans les grands journaux satiriques de la première moitié du x1x8 siècle.

Ce caricaturiste de génie, beaucoup apprécié de Victor Hugo, de Balzac et de Baudelaire, est aussi à l'aise dans la satire politique que dans celle des mœurs, notamment des bourgeois suffisants et ridicules.

Ses dessins constituent un intertexte essentiel pour comprendre le goût de la déformation expressive et de la sim­ plification grotesque, auxquelles se livre le poète dans Les Châtiments.

De même que Daumier se plaisait à faire des gale­ ries de portraits des individus qu'il jugeait les plus ridicules de son temps, Hugo dans son recueil, comme Voltaire avant lui dans ses pamphlets, nous propose une galerie de cibles sur lesquelles il s'acharne avec délectation.

Hugo se présente d'ailleurs expli­ citement en disciple de Daumier : 0 valets solennels, ô majestueux fourbes, Travaillant votre échine a produire des courbes, Bas, hautains, ravissant les Daumiers enchantés Par vos convexités et vos concavités.

(Ill, 8, p.

143.) Les points communs entre les dessins de Daumier et les poèmes d'Hugo sont nombreux.

C'est ainsi que la comparaison entre Louis Bonaparte et Faustin Soulouque, empereur de l'État haïtien, grotesque et sanguinaire, est un thème favori des deux artistes« Aujourd'hui, dans Paris, un prince de la pègre,/ Un pied plat, copiant Faustin, singe d'un nègre » (IV, 11); « 0 de Soulouque­ deux burlesque cantonade!/ 0 ducs de Trou-Bonbon, marquis de Cassonade » N, 7).

Soulouque avait créé une aristocratie avec des titres burlesques comme duc de Trou-Bonbon, duc de Limonade.

On peut ainsi lire Les Châtiments comme une transposition dans le domaine poétique des techniques de caricature de Daumier et des grands dessinateurs de l'époque: concision du 85. »

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