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Céline et le langage - Voyage au bout de la nuit (Céline)

Publié le 16/09/2018

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langage

tirades patriotiques, évitera, quoi qu'il arrive, de passer devant le Conseil de guerre ; la mère, qui affirme que le déshonneur de sa fille la tuera, s'agrippe au rang social qu'elle croit avoir atteint ; Robinson et Bardamu espèrent être traités sur pied d'égalité par les riches bourgeois qui les reçoivent : « On en sort des humiliations quotidiennes en essayant comme Robinson de se mettre à l'unisson des gens riches, par les mensonges, ces monnaies du pauvre >> (p. 509-510). Ces mensonges sont peut-être pardonnables, ils ne sont ni pieux ni touchants ; ils sont un des pires malheurs de la condition du pauvre, car on n'a pas toujours le courage de refuser les appâts de la société.

 

Bavardages et injures

 

Il arrive cependant qu'on ne mente pas dans Voyage au bout de la nuit. Nous avons déjà parlé des rencontres entre deux pauvres, amis ou camarades. Pourquoi alors mentir puisqu'on voit la vie du même point de vue et que celui qui parle ne cherche pas à contraindre celui qui écoute ? Et nous avions noté le plaisir que semblent prendre les interlocuteurs à leur conversation. Mais il faut appeler les choses par leur nom. C'est purement et simplement du bavardage : bavardage de Bardamu avec Arthur Ganate, avec Princhard, avec Parapine. Le langage fonctionne alors à vide. Il faut aussi faire une place spéciale aux injures, qui n'ont pas toujours un objet précis dans notre roman. Le matin, quand on va travailler, « on s'engueule dans le tramway déjà un bon coup pour se faire la bouche. Les femmes sont plus râleuses encore que des moutards » (p. 305). Au temps où il écrivait le Voyage, Céline semble s'être contenté de reproduire ces échanges d'insultes, sans y voir, semble-t-il, autre chose qu'une sorte de rage impuissante causée par la misère. La parole, gloire de l'espèce humaine, sert, dans le meilleur, - ou plutôt dans le moins ' mauvais, - des cas à parler pour ne rien dire.

 

L'impuissance des mots

 

Mis à part les vains bavardages et les injures, la parole humaine pour Céline ne peut avoir d'autre usage que le fonctionnement de la vie sociale. Elle ne peut dire ni l'amitié, ni la camaraderie, ni l'amour. Après avoir dû renoncer à une explication d'homme à homme avec le colonel, Bardamu

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