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Composition sur la parodie

Publié le 29/09/2013

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I. La parodie, refus et bouleversement de la tradition 1)Le parodiste amuse ses lecteurs en se moquant des tics stylistiques, des faiblesses de l'?uvre célèbre prise pour cible Est souvent qualifié de parodique tout ce qui relève d'une représentation déformante et moqueuse, et parodie devient synonyme de caricature. Dans son Histoire de la caricature antique (1865), Champfleury utilise indifféremment l'un pour l'autre, et même de satire (d'où le titre La Parodie choisi en 1869 par André Gill pour son hebdomadaire satirique). Cela d'autant plus que dans l'Antiquité même se rencontre une autre conception qui la fait apparaître comme un simple procédé de citation comique. Ainsi, Quintilien, dans Sur la formation de l'orateur (De institutione oratoria), recense parmi les moyens de faire rire un auditoire celui de « forger des vers qui ressemblent à des vers connus, ce que l'on nomme parodie «. Plutôt que dans les poétiques, on trouvera donc la parodie dans les rhétoriques. Le Traité des tropes de Du Marsais (1730) la définit comme « un ouvrage en vers dans lequel on détourne, dans un sens railleur, des vers qu'un autre a faits dans une vue différente «. En effet, à considérer un texte comme Chapelain décoiffé, parangon (modèle) de parodie pour Genette, force est de constater que l'intention ludique s'accompagne d'une intention, ou du moins d'un effet, comique (comment ne pas rire de la perruque arrachée remplaçant le soufflet du Cid ?) et que la satire, si elle vise les mauvais poètes, donc une cible extérieure au texte de Corneille, ne laisse pas ce dernier tout à fait indemne (la trivialisation du dilemme n'est-elle pas aussi une façon de se moquer de ce grand ressort du tragique cornélien ?). Dans ses Odes funambulesques (1857), Théodore de Banville revendique le « masque railleur «, mais aussi le « point de vue polémique « du satiriste. Certes, cette satire a elle aussi une visée extérieure (le champ littéraire de son époque), et la parodie (de poèmes des Orientales en l'occurrence) paraît donc au service de la satire, ce qui est souvent le cas. Mais il arrive également que la satire soit une composante de la parodie : ainsi le théâtre parodique qui se développe sur les scènes de la Foire et des Italiens au xviiie siècle et dont Lesage est, par exemple, un bon représentant (Arlequin Thétis, Parodie de l'opéra de Télémaque, Les Amours de Protée?) stigmatise par la dérision les invraisemblances, l'emphase, les stéréotypes des pièces qui sont jouées sur les scènes des théâtres officiels. 2)Réagir contre les procédés mécaniques d'un auteur ou d'une école Les formalistes russes, dans les années 1920, jugeront à l'inverse que la parodie, comme toutes les pratiques qui mettent un texte en relation avec un autre texte (relation à laquelle Julia Kristeva do...

« Prenant l'exemple de Tristram Shandy de Sterne , Chklovski montre comment le récit du romancier anglais met à nu les procédés conventionnels du roman comme la causalité, la succession chronologique, la linéarité de la composition, etc., et constitue le contenu de son propre roman sur notre prise de conscience de la forme romanesque Les procédés utilisés dans la transformation parodique refléteront ces dimensions : la critique se marquera de préférence par l'exagération (la stylisation) et la réflexivité, l'opposition empruntera les voies de l'inversion et de la négation, l'adaptation jouera sur la recontextualisation et l'anachronisme.

Mais on aura le plus souvent affaire à un mélange de ces moyens. des titres comme « La Fourmi et la Cigale » ( Fables d'Anouilh) ou « Virginie et Paul » ( Contes cruels de Villiers de L'Isle-Adam) programment une inversion parodique, et un recueil de poèmes s'ouvrant et se fermant, comme Les Amours jaunes de Tristan Corbière, sur une parodie de « La Cigale et la Fourmi Travestissement burlesque : bouleverser les traditions Fréquent au XVIIème siècle, que l'on croit pourtant si respectueux des traditions, le burlesque consistait à parodier une œuvre noble de l’Antiquité, généralement une épopée, comme l’Iliade, l’Odyssée ou l’Énéide, et à l'affubler d'une forme vulgaire. L'exemple le plus célèbre en est le Virgile travesti, de Paul Scarron.

En dehors du simple jeu littéraire, l'entreprise peut trahir un souci de naturel qui conteste l'écart excessif choisi par certains genres par rapport au réel : en ce sens le roman, dès ses origines, peut apparaître comme la forme burlesque de l'épopée.

Ce type de parodie participe aussi de quelque chose d'iconoclaste, et ce d'autant plus que l'œuvre parodiée est consacrée, pour ne pas dire sacrée. 3) La notion de parodie postule un « contrechant », une œuvre qui se construit dans l'opposition à une autre L'étymologie du mot parodie confirmerait d'ailleurs la seconde hypothèse : ôdê signifiant « le chant », et para à la fois « contre » et « à côté », la notion de parodie postule un « contrechant », une œuvre qui se construit dans l'opposition à une autre, ou du moins en regard d'une autre.

Que la relation qui les unit soit de l'ordre d'une transformation comique, la Deiliade et le Margitès , une épopée burlesque également mentionnée par Aristote au chapitre iv de la Poétique , le laissent entendre. Pourtant Aristote l'évoque au chapitre II de la Poétique .

Dans la sorte de grille des genres littéraires qu'il établit, la parodie, semble-t-il, correspondrait à la représentation en mode narratif de personnages et d'actions « bas ».

Or si Aristote a bien défini les cases de la tragédie et de l'épopée et annoncé au chapitre vi un traité sur la comédie qui ne nous est pas parvenu, il ne nous a pas laissé d'autres informations sur la parodie que ces allusions à des œuvres de son temps.

Elles permettent, en accord avec la logique de son système générique, de conjecturer que la parodie devait être soit une épopée présentant des actions et des personnages bas, soit une épopée ridiculisant une épopée connue (la Deiliade étant littéralement une « Iliade des lâches »).. »

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