De Corneille à Racine : déroute du héros
Publié le 30/07/2014
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De Corneille à Racine :
déroute du héros
Ces notions préliminaires sur l'évolution du personnage de théâtre
aideront à situer Racine dans l'histoire du théâtre, depuis les héros
de Corneille jusqu'à Phèdre, qui ne leur ressemble guère.
B L'héroïsme cornélien
--- ----·-·---- - ·-·-·-.--·--
La tragédie au début du xvue siècle cherchait à produire l'élan de
l'admiration morale. On venait approuver au théâtre les grandes
actions, les pensées rares, les délicatesses du coeur. Ces sentiments
étaient incarnés dans les héros mythologiques et les grands personnages,
rois et princes, seuls dignes de supporter les plus hautes
vertus humaines. La tragédie était héroïque, en quête du sublime.
Corneille représente cette voie.
«
comme règle dominante la soumission ou le dévouement à la per
sonne aimée.
De fait, l'amour dans Andromaque n'est plus un culte
rendu à une personne idéale, mais un désir jaloux et avide, s'atta
chant à l'être aimé comme à une proie.
n L'amour destructeur ~'--~--->---·-----~-~----------~~
Par son égoïsme, l'amour chez Racine est à l'opposé de l'amour
estime des héros de Corneille ; il se transforme en agressivité et
dégénère en violence dès que l'objet aimé se dérobe.
L'équivalence de l'amour et de la haine est au cœur du
personnage racinien.
Chez Néron (il faut avoir lu Britannicus), le
désir érotique s'unit à la cruauté.
Chez Phèdre, l'inimitié qui se
déclare au sein de l'amour dès sa naissance tient à l'impossibilité
morale de la satisfaction.
Ainsi Hippolyte est-il dès le premier
regard perçu par Phèdre comme aimé et haïssable à la fois :
«Athènes me montra mon superbe ennemi».
Et cette hostilité se transforme en dessein violent de
persécution dès que surgit la jalousie.
L'instinct de destruction se
retourne à la fin contre le personnage lui-même, porteur d'un
amour cause de désastre pour lui et pour l'autre.
Il Des différences de personnalité
Les personnages de Corneille naissent assurés de leur existence ;
titulaires de charges, investis d'une mission comme Horace, ou
pénétrés de leur noblesse comme Rodrigue, même jeunes ils sont
adultes.
Alors, ils parlent pour se faire connaître, parce qu'ils sont
pourvus d'une image ferme d'eux-mêmes à communiquer.
Voyez
Rodrigue, Horace, Émilie (dans Cinna).
Les personnages de Racine se font connaître en parlant et, loin
d'afficher ce qu'ils sont, souvent ils se découvrent eux-mêmes à tra
vers
leurs propos.
Ainsi en est-il pour Phèdre, qui se modèle de
scène en scène et devient une autre personne à mesure de ses
aveux ou de ses silences..
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