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L'espace de la pièce: La vie est un songe, de Calderon

Publié le 05/08/2014

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calderon

L'espace de la pièce

Introduction: Rien de moins réaliste que l'espace de La vie est un songe.

Nul souci de vraisemblance. À la différence de nombre de ses pièces dont

l'action se déroule dans l'Espagne urbaine du Siècle d'or, Calderon installe

ici ses personnages à ciel ouvert, dans un espace avant tout cosmique et

poétique.

1 - GÉOGRAPHIE DE LA PIÈCE

La localisation

La pièce se déroule dans une Pologne de fiction. La tour où est enfermé Sigismond

se situe quelque part dans la montagne et le Palais au bord de la mer.

La distance entre ces deux lieux n'est pas précisée autrement que par la durée

du trajet entre les deux.

calderon

« E X P 0 S É S F C H E S Un espace baroque L'esthétique baroque est une esthétique de la mobilité, du mouvement, qui re­ flète l'instabilité du monde, l'incertitude des repères.

Pas de point fixe comme le voudra Descartes : à l'instar du picaro*, le héros calderonien cherche sa place dans le monde.

Au début, Rosaura s'est égarée dans la montagne, et d'em­ blée le monde se découvre à travers la métaphore récurrente du labyrinthe : « Ou veux-tu donc[ ...

]/ dans le labyrinthe confus/de ces rocs dénudés,/ t'emballer et te précipiter?» (v.

3 à 7).

À la fin de la première journée, Clothalde déclare : «Quel est ce labyrinthe/ confus, où la raison ne peut/ trouver le fil?[ ...

] Que le ciel dé­ couvre un chemin ...

» Ill -UN ESPACE DRAMATIQUE ET IMAGINAIRE Un espace dramatique La pièce est partagée entre deux lieux fortement opposés : la montagne sau­ vage où vit, solitaire, séparé du monde social, Sigismond, et le Palais, situé au bord de la mer et centre du monde social.

Les personnages passent de l'un à l'autre.

Au­ tant le premier est clos, interdit aux regards (Clothalde est chargé d'infliger la mort aux indiscrets).

dépositaire d'un secret, autant le second est public, lieu de ren­ contres et de mondanité.

Chaque journée est construite sur l'opposition et la communication entre ces deux lieux : quatre scènes devant la tour, puis quatre autres au Palais pour la première journée.

La deuxième journée opère un renversement: d'abord le Palais où se déroule l'essentiel de l'action (quinze séquences), puis retour à la tour pour les trois dernières.

Enfin, la dernière journée reproduit le mouvement de la pre­ mière, se déplaçant de la tour pour s'achever devant Je Palais assiégé.

Chaque personnage est en outre lié à un espace qui le symbolise : Sigis­ mond à la tour ; Basyle, Astolphe, Étoile au Palais.

Assurant Je lien entre les deux, Clothalde.

dont le personnage opère d'ailleurs la continuité entre les deux in­ trigues.

Rosaura, en revanche, erre dans l'entre-deux comme elle oscille entre masculinité et féminité, dissimulant son identité.

Un espace imaginaire La montagne est l'espace inculte, sauvage, dangereux, inquiétant qui expose Rosaura et Clarfn à la mort, et Sigismond est, avant la lettre, une sorte d'enfant sauvage dont les vêtements - il est couvert de peaux de bête lors de sa première apparition -suggèrent l'assimilation au monde des bêtes.

Elle est encore l'espace inquiétant du désordre, voué au désir et à l'instinct (la tour est comparée à la caverne, à l'antre, à la grotte et Sigismond à une bête) opposé à l'ordre policé et dynastique du Palais soumis à la juridiction du prince.

Enfin, thème obsédant qui parcourt l'œuvre, celui de la prison: prison maté­ rielle de la tour qui renvoie à un autre emprisonnement, celui de l'homme dans son corps et ses sens (Sigismond est enchaîné à ses instincts), et dont il lui faudra se délivrer pour accéder à l'humanité.

Conclusion : Poétique et imaginaire, délié de toute fonction référen­ tielle, l'espace dans lequel se déroule la pièce contribue à lui conférer une dimension universelle qui l'arrache à son ancrage historique dans l'Es­ pagne du Siècle d'or.

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