ESSAIS
Publié le 28/01/2017
Extrait du document
«
II.
Pour exposer sa vision nouvelle de l’éducation
Montaigne se plait en réalité à critiquer l'éducation médiévale qui selon lui
éloigne de la simplicité et du sens.
Montaigne critique, comme le faisait Rabelais
dans Gargantua, l'acquisition d'une science abstraite sans aspects pratiques.
Montaigne préfère l’idée d’un travail à accomplir sur l’esprit lui-même.
L’éducation ne
doit pas servir à gagner de l’argent ou à briller dans les salons.
L’éducation doit servir à s’enrichir intellectuellement, donc il faut avoir un savoir
maîtrisé, compris.
Montaigne défend une thèse implicite selon laquelle l’élève doit s’approprier le savoir,
ce qui implique une nouvelle méthode d’enseignement qui laisse plus de liberté à
l’élève « qu’il écoute », en réglant l’allure de sa progression ».
Montaigne privilégie la formation de l’intelligence par rapport à l’accumulation de
connaissances : « la tête bien faite que bien plein »
On a un texte qui est relativement polémique, qui dévalorise l’éducation
traditionnelle: le savoir est alors comparé à une nourriture dont les maîtres gavent les
élèves comme des oies ! « On ne cesse de criailler à nos oreilles, comme qui
verserait dans un entonnoir».
L’aspect négatif de ce type d’apprentissage est rendu
par le verbe « criailler » et ses sonorités désagréables.
Montaigne redoute que l'élève devienne quelqu’un qui a de nombreuses
connaissances mais qu’elles ne lui soient d’aucune utilité.
Montaigne poursuit avec la métaphore mordante de l'alimentation et compare le
rabâchage mécanique à une simple régurgitation, quand il évoque juste après notre
passage : «C'est témoignage de crudité et indigestion que de regorger la viande
comme on l'a avalée.»
Ce texte désapprouve donc sévèrement la quête pour briller, pour paraître et
préconise la lente et profonde assimilation des connaissances.
A l’inverse il va valoriser sa méthode : il propose une pédagogie individualisée à
l’écoute de l’élève.
Montaigne dresse ainsi le portrait de l’éducateur idéal.
Il multiplie les exigences et les qualités requises pour être ce véritable enseignant.
L’enseignant idéal doit être capable d'observer et d'écouter son élève : « Je veux qu'il
écoute», «Il est bon qu'il le fasse trotter devant lui pour juger de son train, et juger
jusques à quel point il se doit ravaler».
Le précepteur doit s'adapter, se rabaisser pour transmettre à l'élève un
enseignement à sa portée.
Enfin l'enseignant doit faire preuve de patience et de persévérance car ce n'est que
sur le long terme qu'il pourra mesurer la portée de son travail et donc la
compréhension de l’élève.
On favorise la compréhension et la maîtrise du sujet : «
pas seulement de répéter les mots (…) sens et leur substance », «mettre en cent
visages et accommoder (…) pour voir s’il l’a encore bien compris et fait sien »
À travers le portrait de cet éducateur idéal, Montaigne renvoie aux façons
d’enseigner qui sont celles de son époque et qu’il juge sévèrement inefficaces..
»
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