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Étudiez le réquisitoire contre la justice

Publié le 05/08/2014

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justice

Étudiez le réquisitoire contre la justice

La notion de justice paraît devoir être mise en relation avec la structure politique : selon Montesquieu, la séparation des pouvoirs garantit l'équilibre des institutions. L'organisation que dénonce Joseph K. repose au contraire sur la collusion de ces pouvoirs. Au plan philosophique, le Juste est une valeur, un absolu, au même titre que le Bien, les sophistes s'appliquant à démontrer que ce qui paraît injuste peut être considéré comme juste. Kafka fonde son système sur l'arbitraire subsiste-t-il une idée de la justice dans la pratique généralisée de l'iniquité qu'il montre dans son roman ?

Dans Le Procès de Kafka.

justice

« K.

s'interroge sur leur existence : « Où était le juge qu'il n'avait jamais vu? » (p.

279).

Le premier niveau d'influence qui soit perceptible regrouperait le juge, l'avocat, le pro­ cureur.

Kafka fait de Huld un être cynique et invente dans un chapitre inachevé un pro­ cureur sympathique.

Accusation et défense sont inversées.

Ces trois figures sont liées au pouvoir; l'indépendance de la justice est un leurre.

Comment situer l'aumônier? Sa présence témoigne d'une collusion entre la justice et la religion.

Plus subalternes apparaissent les inspecteurs, les brigadiers et les bourreaux.

La justice symbolise une microsociété que K.

qualifie de « fonctionnaires criminels ».

Les accusateurs se retrouvent sur le banc des accusés.

Le procès:« un sabotage de la justice» K.

recourt à la prétérition (p.

78) afin de signaler les dysfonctionnements de la procédure.

Parfaitement illégale, celle-ci compte un grand nombre de vices de forme : arrestation sans mandat de perquisition, aucune vérification d'identité, aucun compte rendu des faits qui sont reprochés à l'accusé, audience en l'absence de la défense et de témoins.

Les droits les plus élémentaires sont bafoués.

Avec une assistance inféodée au juge, comme l'attestent les insignes arborés par tous, « ce prétendu tribunal » n'est qu'une parodie de justice.

À l'illégalité, faut-il ajouter l'inefficacité? Le procès de Block, pas même commencé depuis cinq ans, des archives saturées, des couloirs encombrés de prévenus, comme en montrent de longs travellings du film, tout concourt à penser que l'accusé l'est à vie sans espoir de sortir de ce dédale.

Cette parodie de justice confine à l'absurde.

Les arguties de Titorelli sur « l'acquittement apparent et l'atermoiement illimité» (p.

198) emportent le raisonnement dans de telles subtilités que, comme chez Ionesco, la logique devient non-sens.

Ce système est donc contraire au droit et à la raison, il attente aux valeurs de l'humanisme.

Ill.« L'exil de la Loi » La Loi parodique Que subsiste-t-il de la Loi? Un cahier décrit avec la même répugnance que le corps de Grégoire - « étalant au grand jour leurs pattes de mouche, leurs taches et leurs marques jaunâtres » (p.

79) -un livre de la loi aux gravures obscènes.

Ne comportant aucune écriture déchiffrable, les textes symbolisent la régression.

Vétusté, délabre­ ment, souillure, cette Loi est impure.

Le ça devient surmoi, le désordre, ordre.

La Loi absente Que reste-t-il des juges? Leur image.

La justice en ce monde n'est plus appréhendée que sur le mode de la représentation.

Les juges sont en majesté, comme l'aumônier est en gloire, les uns mimant les rois, l'autre, Dieu.

Après le premier inter­ rogatoire, K.

ne reverra plus le juge d'instruction, si ce n'est à travers les doubles que sont les tableaux chez Huld (p.

143) ou Titorelli (p.

184).

Prestigieux signifiant pour un signifié vide.

Formaliste et creuse, cette loi s'avère paradoxale : elle est partout et nulle part.

Le monde est régi par une absence, comme l'écriture de Kafka, à l'image de celle de Beckett, est régie par le silence.. »

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