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Étudiez la thématique de l'échec dans Le Procès

Publié le 05/08/2014

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À première vue, il pourrait sembler que ce thème, venu de Flaubert, qui témoigne d'une conception pessimiste du monde, soit inscrit dans toute l'ceuvre de Kafka et que la carrière de Welles, lancé à vingt-cinq ans par Citizen Kane, lui soit tout à fait étrangère. L'échec est-il inhérent à la condition de l'homme? Le pouvoir est-il en échec dans Le Procès? L'artiste se considère-t-il comme ayant échoué ?

« Le héros La situation de K.

semble pouvoir être assimilée à celles de l'accusé ou de Block; parlant des prévenus, il les appelle « mes collègues » (p.

104).

Pourtant, Kafka valorise son parcours, en s'associant à son point de vue.

Par ailleurs, au bout d'un an, il est exécuté.

Faut-il en déduire qu'il gêne? K.

menace-t-il le système? C'est peut-être lui accorder trop d'efficacité.

L'étudiant estime qu'« on n'aurait pas dû le laisser en lib­ erté» (p.

97).

À force de découvrir les coulisses, K.

a peut-être fini par en savoir trop.

Le romancier refuse une structure manichéenne qui ferait de son personnage un homme bafoué dans ses droits, un justicier en quête de vérité.

Lui aussi essuie des défaites -face à l'étudiant -, est victime, comme Raskolnikov, de vertiges et de malaises, aux archives, chez Titorelli.

Sa mort n'est pas celle d'un héros.

Son seul souci est d'abolir la vacuité, l'inutilité de sa recherche : « Dois-je montrer que je n'ai rien appris?» (p.

276).

Sa dignité dernière est de ne pas se laisser porter par les bourreaux: c'est lui qui donne l'impulsion à la marche.

Camus se souvient-il de K.

lorsqu'il accorde à Sisyphe la liberté de se condamner? Ill.

L'artiste confronté à l'échec Deux conceptions du héros et du dénouement Welles avoue ne pas aimer la fin du roman, aussi la change-t-il.

Dans sa carrière d'acteur, il a incarné des rôles de conquérants, et l'écrasement de K.

ne peut le satisfaire.

Mais ce n'est tant la défaite de l'homme face au système qui le meurtrit - il est trop lucide pour rêver de la geste héroïque.

Ce qui l'indispose, c'est le caractère mesquin, sordide de cette fin, bien en accord avec l'expressionnisme.

Assassiné dans un terrain vague, l'homme y perd sa dignité, comme les millions de victimes des dictatures.

Dans un dernier affrontement, Welles défend le droit de l'artiste à éclairer les consciences.

La défaite de K.

ne signera pas la démission de Welles.

Une conception exigeante de l'œuvre Est-ce à dire que Welles échappe à la problématique si kafkaïenne de l'échec? Divisés sur le sort de K., les deux artistes se rejoignent dans une même conception de l'œuvre d'art.

N'ont-ils pas fini leur existence en laissant derrière eux maints projets et nombre d'œuvres inachevés? Les trois grands romans de Kafka le sont, et Welles poursuit pendant des années le projet d'un Don Quichotte.

Tarissement de l'inspira­ tion? Manque de disponibilité? Il semblerait que le problème soit ailleurs.

Ces deux artistes ont une telle conscience critique, une telle idée de l'art que signer une œuvre revient à admettre une part de son imperfection.

Or, ni l'un ni l'autre n'y consentent.

Fasciné par Flaubert qu'il considère comme un maître, Kafka institue en lui-même une sorte de tribunal intérieur qui juge la validité de ses écrits.

L'artiste moderne est celui qui, par une réflexion sans concession, prend conscience de ses limites.

L'échec ne résulte plus d'une incapacité à concevoir, mais d'une conception si élevée de l'œuvre que la réalité ne peut pas la concrétiser.

La problématique de l'échec est donc inscrite au cœur de l'idéal esthétique.. »

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