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Étudiez le traitement de l'espace dans Roméo et Juliette

Publié le 05/12/2019

Extrait du document

« Il fait chaud. Les Capulet sont dans la rue » (III, 1, v. 2). Les espaces publics sont exposés à la haine, mais grâce à la présence des amis de Roméo, ils apportent la fantaisie, dont Mercutio est la figure carnavalesque. La scène de rue constitue un contrepoint burlesque à la scène d'intimité : à l'élévation poétique et spirituelle de cette dernière, elle oppose un prosaïsme débridé. Bien que deux familles s'affrontent, Shakespeare choisit de ne montrer que la maison de la jeune fille. La demeure de Capulet est appréhendée de deux points de vue. Parée pour la fête, elle s'ouvre sur le monde (I, 5). Les actes III et IV dévoilent son fonctionnement domestique sous l'autorité du maître. Le conflit s'intériorise : porté au début sur la place publique, il divise dans un second temps les membres d'une même famille jusqu'à affecter l'âme des protagonistes dans les monologues délibératifs, construits autour du dilemme entre l'amour de Roméo et Juliette et la haine que se vouent les deux familles.

Shakespeare - Roméo et Juliette

« 14 Espace ouvert mais resserré, il conduit vers l'intimité : la cellule du moine, la chambre de Juliette.

Es paces publics, espaces privés «I l fa it chaud.

Les Capulet sont dans la rue » (III, 1, v.

2).

Les espaces publics sont exposés à la haine, mais grâce à la présence des amis de Roméo, ils apportent la fantaisie, dont Mercutio est la figure carnavalesque.

La scène de rue constitue un contrepoint burlesque à la scène d'intimité : à l'élévation poétique et spirituelle de cette dernière, elle oppose un prosaïsme débridé.

Bien que deux familles s'aff rontent, Shakespeare choisit de ne montrer que la maison de la jeune fille.

La demeure de Capulet est appréhendée de deux points de vue.

Parée pour la fête, elle s'ouvre sur le monde (I, 5).

Les actes III et IV dévoilent son fonctionnement domestique sous l' autorité du maître.

Le conflit s'intériorise : porté au début sur la place publique, il divise dans un second temps les membres d'une même famille jusqu'à affecter l'âme des protagonistes dans les monologues délibératif s, construits autour du dilemme entre l'a mour de Roméo et Juliette et la haine que se vouent les deux familles.

Ill.

Un espace idéologique ambivalent La périphér ie et le cen tre Shakespeare fonde sa tragédie sur l'unité la plus intime : la chambre de Juliette.

D'abord approchée par l'amant dans la scène du balcon, elle est le lieu de l'unité fo ndatrice, l'idylle étant placée au cœur de l'œuvre (III, 5).

Cette chambre, symbole de l'all iance, devient pour Juliette, à l'acte IV, un espace de solitude et d'é preuve.

Elle sera relayée par le tombeau.

Chambre et tombe se répondent car l'une et l'autre préservent les corps des amants.

À partir de ces deux noyaux structurels, le dramaturge procède par cercles concentriques, rejetant à la périphérie valets, amis, parents.

Le profa ne et le sacr é Un lieu à part subsiste à Vérone :la cellule de Frère Laurent.

Cet espace marginal joue un rôle dramatique décisif.

Lieu du mariage secret, il sert de refuge à Roméo banni.

Il symbolise pour les amants l'espoir -fiole pour Juliette, fuite pour Roméo -, puis l'échec -la lettre non remise.

Il est construit en parallèle avec la boutique de l'apothicaire à Mantoue, grâce à l'analogie du poison.

La cellule du prêtre est aussi reliée au cimetière, seconde enceinte sacrée.

Comme dans Hamlet, Shakespeare confronte le spectateur à la présence de la mort.

Si la cellule de Frère Laurent scelle l'unité du couple dans la vie terrestre, le tombeau les unit dans l'éternité.

Les espaces sacrés échouent à sauvegarder la vie terrestre, mais participent du salut des âmes.

En revanche, le dramaturge n'installe nulle part dans la ville le pouvoir politique.

Le prince Escalus intervient dans la rue ou au cime tière ; seule une mention est faite à la cour de justice au palais de Villef ranche.

Marginale, la religion intercède là où la politique se révèle inefficace.

Dominée par le conflit, l'intrigue ne peut que générer des espaces qui s'opposent.

Jamais conçus dans leur unicité, les lieux apparaissent gémellaires et antithétiques.

La représentation a pour vocation de rendre visible cette dialectique du duel dont l' étreinte enserre le duo des amants.. »

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