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Les Fables renferment-elles exclusivement des fables ?

Publié le 12/09/2019

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mais rude satire de la profession médicale. Le plaisir de raconter, la vivacité et la drôlerie du récit l'emportent sur l'intention didactique. Bien que ce type très particulier de << fables » se rencontre dans presque chaque livre, il devient plus fréquent dans le second recueil.

 

En relèvent Le Curé et le Mort (Vil, 1 0), L'Ingratitude et l'Injustice des hommes envers la Fortune (VIl, 13), La Mort et le Mourant (VIII, 1), Démocrite et les Abdéritains (VIII, 26), L'Écolier, le Pédant et le Maitre d'un jardin (IX, 5), Le Tré sor et les deux hommes (IX 16) ou Les Deux Aventuriers et le T a lisman (X, 13). Ce sont en fait des récits où seul importe l'intérêt narratif, même s'il comporte une morale.

 

Des contes plus que des fables

 

Du récit au conte, le glissement est aisé. Qu'est-ce en effet qu'un conte ? Un récit d'aventures imaginaires, parfois extraordinaires (dans le cas du conte de fées par exemple) et avant tout destiné à divertir. A la différence de la fable, le conte ne procède pas d'une intention moralisante.

 

Plusieurs textes des Fables sont ainsi des contes. Prenons le cas de L'Ivrogne et sa Femme (Ill, 7). C'est l'histoire d'un mari constamment ivre, que sa femme finit par enfermer dans un \" tombeau ., pour qu'il cuve à loisir son vin. A moitié dégrisé, le mari s'éveille, se demande s'il rêve ou s'il est déjà mort. Sa femme lui apparaît, déguisée en \" fantôme \"• et lui donne de la nourriture. Et l'alcoolique impénitent de lui réclamer aussitôt à boire ! Certes, il s'agit, pour La Fontaine, de montrer que \" chacun a son défaut où toujours il revient ■>• Mais la « moralité »• qui est ici placée en tête de la « fable \"• est davantage un prétexte au récit que l'inverse. La Fontaine parle d'ailleurs de \" conte >>•

« c ette définition dans·la Préface qu'il rédigea pour le premier recueil de ses Fables.

L e " corps " est donc narration d'une histoire ; et l'« âme » expres­ sion d'une règle morale, d'un conseil ou d'une règle de vie.

Le pas­ sage de l'un à l'a utre ' s'effect ue selon le principe de la transposition : le lecteur transpose et adapte au monde des humains le compor te­ ment animal; en tirant la leçon de l'ensemble de la fable.

Il est -bien évident, en effet, que la moralité ne concerne pas les animaux.

Ce serait leur prêter une capacité de compréhension et de réflexion dont ils sont i�capables.

Décrits pour eux-mêmes, les ani­ maux le sont également et surtout pour ce CjU'ils peuvent signifier ou représenter (un vice ou une quali té}.

C'es t pourquoi la fable est par essence allégorique : ell e exprime, sous une apparence animale, une idée instructive 1.

· Des fables conformes à la tradition De très nombreuses fables du premier recueil se réfèrent au modèle ésopique ..

Par exemple La Cigale et la Fourmi (1, 1}, Le Corbeau et le Renard (1, 2}, Conseil tenu par /es Rats (Il, 2}, Le Lion et le Moucheron (Il, 9}, La Grenouille et le Rat (IV, 11) •..

Il faudrait citer la plu part des fables des Livres 1 à VI (voir p.

30}.

Les Livres VIl à Xli renferment également des fables ésopiques.

Les Animaux malades de la peste (VIl, 1), Le Coche et la Mouche (VIl, 8}, Les Deux Coqs (VIl, 12 ), Le Chat, la Belette et le petit Lapin (VIl, 15) sont d'authentiques fables.

De même que Le Lion, le Loup et le Renard (VIII, 3), Le Rat et I'Huitre (VIII, 9), Les Obsèques de la Lionne (VIII, 14) ou L'Ane et le Chien (VIII, 17).

Examinons par exemple La Cour du Lion (Vil, 6).

Tre nte-deux vers en composent le récit ; le roi Lion dévore l'Ours et le Singe, le pre­ mier pour avoir été trop sincère, le second pour avoir été trop flatteur.

Quatre vers dégagent la " morale " de l'histoire, en la transposant sur 1.

Cette démarche est le propre de l'allégorie.

Rappelons qu'une allégorie est l'expressi on d'une idée par un objet, un être ou un animal.

Ainsi le renard incarne la ruse, le lion incarne la force, etc.. »

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