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FIGURES ET PERSONNAGES DU ROMANTISME (abécédaire littéraire)

Publié le 28/05/2015

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Prométhée : Puni par les dieux pour les avoir trompés au bénéfice de l'humanité, le Titan Prométhée apparaît pour les Romantiques comme une manière de préfigura­tion du Christ ou bien l'emblème de la révolte humaine. Chez Goethe, il est affranchi de la crainte des dieux et, donnant vie à des statues, il défie Zeus (Prométhée, écrit en 1773, publié en 1878), ou bien il symbolise le monde réel, celui de l'action et du travail (Pandore, 1807-1808). August Schlegel met en scène le Titan recréant une nouvelle race d'hommes après l'Âge d'or (Prometheus, 1797). Byron chante la constance du géant persécuté (Ode à Napoléon Bonaparte, 1814 et Prométhée, 1816). Shelley écrit le drame de celui qui s'élève au-dessus des dieux et parvient à la perfection morale. Délivré par Hercule, il ouvre un nouvel Âge d'or (Prométhée délivré [Prometheus Unbound], 1820). Ballanche l'évoque dans Orphée et Edgar Quinet consi‑

dère que l'avènement du christianisme complète l'his­toire du Titan rédempteur (Prométhée). Dans La Bible de l'humanité, Michelet identifie Prométhée à la liberté. Sous la plume de Louis Ménard (Prométhée délivré) et de Victor Hugo (La Légende des siècles), il représente l'avenir de l'humanité. (Voir Ahasvérus - Caïn - Faust - Satan.)

René: Dans le romantisme français, le personnage dont Chateaubriand raconte l'histoire (Génie du christia­nisme, 1802, puis René, 1804) incarne le mal du siècle. Arrivé en Louisiane chez les Natchez, René raconte à deux missionnaires, Chactas et le père Souë1, « les sentiments secrets de son âme «. Après une enfance loin du foyer, il a connu une adolescence éclairée par sa soeur Amélie, marquée par la rêverie et l'appel aux « orages désirés « dans la « saison des tempêtes «. Atteint d'une profonde mélancolie, il n'a pas trouvé dans les voyages l'apaisement, et a plus que jamais éprouvé dans sa patrie un sentiment d'exil et d'exclu­sion, d'autant qu'Amélie semblait le fuir. Tenté par le suicide, le jeune homme retrouve pourtant sa soeur, qui disparaît pour prendre le voile. Désespéré, René s'embarque pour l'Amérique où il apprendra par une lettre la mort de sa soeur, morte en sainte. Les deux missionnaires tirent la leçon de son histoire: la solitude est mauvaise sans Dieu, et le bonheur ne se trouve que dans les « voies communes «. Tous trois périront dans le massacre des Français et des Natchez.

Sa postérité est immense, d' Oberman (héros du roman éponyme de Senancour, 1802) à Joseph Delorme (Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme, Sainte-Beuve, 1829), d'Olympio (voir ce nom) aux héros de Musset (Lorenzaccio - voir ce nom, Rolla, Perdican). 

Wallenstein : Personnage historique, qui affronta les grandes puissances européennes au xvue siècle pour re­constituer un royaume de Bohême, Wallenstein donne l'occasion à Schiller de mettre en scène un héros de la démesure dont l'aveuglement provoque la chute et qui ne peut rien sur le cours de l'Histoire.

Werther : Goethe a défini son personnage : « Un jeune homme, doué d'une sensibilité profonde et pure, ainsi que d'une véritable pénétration, se perd dans des rêves

exaltés, se mine par la spéculation, jusqu'à ce que, fina­lement, brisé par l'intervention de passions malheu­reuses et surtout par un amour sans issue, il se tire une balle dans la tête « (lettre à Eschenburg). Dans son roman par lettres, l'auteur réécrit d'une certaine façon La Nouvelle Héloïse, met en scène l'esprit du Sturm und Drang. Le roman connaît une très grande vogue dans toute l'Europe romantique. Héros tourmenté, mal à l'aise dans la société, communiant dans le culte de la Nature, se réfugiant dans le sein de sa famille, il se sent de trop quand Charlotte, qu'il aime, l'éloigne pour ne pas tra­hir son mari. Son monde intérieur est plein de la passion amoureuse impossible, ce rêve d'absolu, et son suicide est l'inéluctable résultat de contradictions, puisque Werther ne remet nullement en cause la loi sociale. (Voir Jeune homme.)

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