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Hernani: Je suis une force qui va ! Victor Hugo

Publié le 19/03/2020

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«J’aime mieux avec lui, mon Hernani, mon roi, Vivre errante, en dehors du monde et de la loi, Ayant faim, ayant soif, fuyant toute l’année, Partageant jour à jour sa pauvre destinée, Abandon, guerre, exil, deuil, misère et terreur, Que d’être impératrice avec un empereur! »

(acte II, scène 2, v.511 à 516)

«Oh! par pitié pour toi, fuis!... Tu me crois, peut-être, Un homme comme sont tous les autres, un être Intelligent, qui court droit au but qu’il rêva. Détrompe-toi. Je suis une force qui va ! Agent aveugle et sourd de mystère funèbres ! Une âme de malheur faite avec des ténèbres ! Où vais-je ? je ne sais. Mais je me sens poussé D’un souffle impétueux, d’un destin insensé. Je descends, je descends, et jamais ne m’arrête. Si, parfois, haletant, j’ose tourner la tête, Une voix me dit: Marche! et l’abîme est profond, Et de flamme ou de sang je le vois rouge au fond ! »

(acte III, scène 4, v. 989 à 1000)

« Allez où vous voudrez, j’irai. Restez, partez, Je suis à vous. Pourquoi fais-je ainsi? Je l’ignore. J’ai besoin de vous voir et de vous voir encore Et de vous voir toujours. Quand le bruit de vos pas S’efface, alors je crois que mon cœur ne bat pas, Vous me manquez, je suis absente de moi-même; Mais dès qu’enfïn ce pas que j’attends et que j’aime Vient frapper mon oreille, alors il me souvient Que je vis, et je sens mon âme qui revient ! »

(acte I, scène 2, v. 154 à 162)

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« 84 / DESTIN DU HÉROS • 11 sance, à venger son père, victime du père de Don Carlos.

Un tel destin, tout en étant assumé, paraît exclure tout espoir de bonheur.

Or une rivalité amoureuse oppose Hernani, de surcroît, au Grand d'Espagne, Don Ruy Gomez de Silva.

Ce vieil homme s'apprête à célébrer son mariage avec Dofia Sol, quand se présente à lui un pèlerin-mendiant, qui n'est autre que Hernani déguisé.

Don Ruy, en vertu du devoir sacré de l'hospitalité, décide de protéger son rival en le soustrayant à la vengeance de Don Carlos.

C'est alors que; se trouvant seul en présence de Dofia Sol, Hernani demande à celle-ci de renoncer à lui plutôt que de parta­ ger inévitablement son malheur et lui enjoint d'épouser Don Ruy, malgré sa répugnance.

Puis Hernani, faisant un retour sur lui-même, sonde les profondeurs de son âme torturée pour mieux dégager la sombre délectation par laquelle il s'unit à la fatalité: «Oh! par pitié pour toi, fuis! ...

Tu me crois, peut-être, Un homme comme sont tous les autres, un être Intelligent, qui court droit au but qu'il rêva.

Détrompe-toi.

Je suis une force qui va! Agent aveugle et sourd de mystère funèbres! Une âme de malheur faite avec des ténèbres ! Où vais-je ? je ne sais.

Mais je me sens poussé D'un souffle impétueux, d'un destin insensé.

Je descends, je descends, et jamais ne m'arrête.

Si, parfois, haletant, j'ose tourner la tête, Une voix me dit: Marche! et l'abîme est profond, Et de flamme ou de sang je le vois rouge au fond! » (acte III, scène 4, v.

989 à 1000) La scène se terminera de façon pathétique : Dofia Sol exprime le vœu indéfectible de rester fidèle à Hernani.

Plutôt que d'être séparés, les amants s'engagent à s'unir dans la mort.

► Tout comme dans Le Dernier jour d'un condamné, roman à vocation humanitaire, ou dans le drame Marion de Lorme, composés vers la même époque, Hugo voit dans son personnage central, Hernani, l'instrument de la fatalité, c'est-à-dire d'une «force» aussi cruelle et absurde. »

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