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Le héros du mythe antique en scène

Publié le 20/10/2013

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Si les héros des tragédies grecques pouvaient inspirer la terreur par leur démesure ou leur inhumanité criminelle de fils assassins ou incestueux, de vengeurs impitoyables, d'affronteurs de monstres, leurs représentants dans le théâtre moderne nous paraissent plus à plaindre qu'à condamner.

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Il -HUMAIN, TROP HUMAIN Des hommes et des femmes presque ordinaires Ces héros qui semblent si loin de l'humanité ordinaire en présentent pourtant plus d'une caractéristique.

On songe bien sûr à la jeune Antigone, si fragile dans ce monde d'adultes, désemparée dans sa solitude face à un garde égoïste et borné.

On songe au Sphinx de Cocteau qui qualifie Œdipe de « pauvre gamin ».

Jeunes gens ordinaires, !'Orphée et !'Eurydice d' Anouilh (Eurydice) appartiennent à une huma­ nité banale dont seule l'expérience de l'amour, puis de la mort, pourra les détacher.

Alcmène, la fidèle épouse d' Amphitryon, refuse obstinément l'immortalité que lui offre Jupiter (Amphitryon 38).

Et que dire de ces personnages qui accompagnent les héros, qui en sont les doublets vulgaires, les cousins ou les ombres médiocres : le Garde dans Antigone, le Jardinier, le Président et Agathe, dans Électre, le Gabier ou les vieillards dans La guerre de Troie n'aura pas lieu? De la terreur à la pitié : des héros souffrants Si les héros des tragédies grecques pouvaient inspirer la terreur par leur déme­ sure ou leur inhumanité criminelle de fils assassins ou incestueux, de vengeurs im­ pitoyables, d'affronteurs de monstres, leurs représentants dans le théâtre moderne nous paraissent plus à plaindre qu'à condamner.

Ainsi Giraudoux fait d'Hector le héros d'une impossible lutte contre le camp des bellicistes.

Cocteau nous montre non sans malice un Œdipe tremblant face au Sphinx, criant « Maman » comme un enfant éperdu, avant de devenir la déplorable victime qu'une didascalie éloquente nous montre« déraciné, décomposé».

Pathétique, le héros l'est par la souffrance endurée autant que par son aveuglement, son ignorance ou son impuissance.

Némésis dans La Machine infernale prononce ces mots bien révélateurs : « Les pauvres, pauvres, pauvres hommes.

» L'amour n'est pas durable (ni pour les amants, ni pour les époux); la fidélité, la fraternité, l'amitié sont menacées; les sentiments filiaux ou maternels sont altérés, mis en doute, faussés ou refusés ; la paix est incertaine ; le bonheur est inaccessible ou interdit.

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Ill -LE SOL ET LA PATRIE Qu'il s'agisse de Troie, de Thèbes ou d' Argos, la patrie occupe une place im­ portante dans l'esprit du héros et détermine souvent ses actes.

L'Oreste de Sartre cherche à débarrasser la ville de ses mouches, c'est-à-dire d'un remords collectif, !'Électre de Giraudoux à faire vivre Argos dans la vérité, l'Œdipe de Cocteau à dé­ livrer Thèbes de la peste, !'Hector de Giraudoux à donner la paix à Troie.

Attaché à un sol qui est le sien, le héros est à la fois enraciné par ses origines, par son ascen­ dance, et déraciné, lorsqu'il est condamné à l'exil.

Pour le héros exilé, retrouver sa patrie, c'est retrouver sa vérité profonde, le lieu de ses origines, le lieu de son en­ fance et de ses souvenirs les plus lointains.

Mais la terre des ancêtres est d'abord le lieu où s'ancre le destin d'une fa­ mille : les Labdacides à Thèbes, les Atrides à Argos.

Ainsi retrouver ou regagner sa patrie, c'est immanquablement accomplir son destin: la mort pour Agamem­ non, le matricide et la persécution des Érynnies pour Oreste, l'inceste après le par­ ricide pour Œdipe.. »

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