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Publié le 22/06/2014

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Victor HUGO (France) (1802-1885) Au fil de sa biographie s'inscrivent ses ?uvres qui sont résumées et commentées (surtout ''Claude Gueux'', ''La légendes des siècles'', ''Les châtiments'', ''Les contemplations'', ''Les feuilles d'automne'', ''Les misérables'', ''Les rayons et les ombres'', ''Lucrèce Borgia'', ''Marie Tudor'' et ''Ruy Blas'' qui sont étudiés dans des dossiers à part). Né à Besançon, le 26 février 1802, il était le fils de Léopold-Sigisbert Hugo qui, issu d'une lignée de cultivateurs et d'artisans lorrains, était officier dans l'armée napoléonienne où il allait parvenir par degrés au grade de général. Victor vécut auprès de lui deux années de sa prime enfance à Bastia, et fut impressionné par la gloire militaire ; il le dépeignit comme un « héros au sourire si doux » combattant en Espagne, alors qu'il ne put livrer, contre le chef de bande El Empecinado (« l'empoissé »), qu'une guerre obscure, sans gloire, si loin des belles batailles de l'épopée napoléonienne. Sa mère, qui était d'origine vendéenne et d'esprit voltairien, unissait à un déisme émancipé des convictions royalistes. Elle éleva ses enfants à Paris, la « blonde enfance» du poète ayant alors pour cadre le merveilleux jardin des Feuillantines, à l'ombre du Val-de-Grâce. Mais elle fut troublée par la mésentente entre ses parents. Le général Hugo déserta le foyer conjugal, et Mme Hugo le remplaça par le brillant chef d'état-major de Moreau, le général Lahorie, parrain de Victor, et prestigieuse image de conspirateur républicain. Elle transmit à ses enfants ses convictions royalistes. D'autres impressions ineffaçables, au hasard des garnisons paternelles, enrichirent sa mémoire : Besançon ; Marseille ; l'île d'Elbe ; l'Italie où, en 1807-1808, avec sa mère et ses frères, il rendit visite à son père ; surtout l'Espagne, une Espagne de tragédie ravagée par la guerre et dont il ramena des images de sang et d'or, car, en 1811, ils gagnèrent Madrid, où M. Hugo venait d'être nommé général. De retour à Paris, en mars 1812, il reçut, à la pension Cordier puiis au lycée Louis-le-Grand une solide formation. Mais sa vocation était ailleurs. Haut du formulaireTrès tôt décidé à se consacrer à la littérature avec une ambition qui reposait sur une claire conscience de ses dons («Je veux être Chateaubriand ou rien»), il fit ses premiers essais, étant à la fois romancier populaire, par nécessité alimentaire, et poète lyrique par véritable inspiration. Les ébauches et les brouillons de son adolescence intéressent moins par leur royalisme exalté ou leurs emprunts scolaires à la mythologie que par leurs traits déjà hugoliens : ferme relief des vers, antithèses vigoureuses, choix de sujets démesurés. Il publia en février 1819, le poème ''Le rétablissement de la statue de Henri IV'' que l'Académie des Jeux floraux et l'Académie française couronnèrent. Il s'essaya au roman populaire avec : _________________________________________________________________________________ "Bug-Jargal" (1820) Roman À Saint-Domingue en 1791, dans une plantation, un esclave, Pierrot, est amoureux de la fille du maître, la douce Marie, qui est fiancée à Léopold d'Auverney. Elle est enlevée lors d'une révolte, et d'Auverney part à la recherche des ravisseurs. Pris par les insurgés, il serait mis à mort si leur chef, Bug-Jargal, qui n'est autre que Pierrot, ne lui sauvait la vie. Le Noir conduit le jeune homme auprès de Marie qu'il n'avait enlevée que pour la soustraire à la fureur sanguinaire des révoltés. Mais Bug-Jargal avait été fait prisonnier peu avant et, pour venir en aide à d'Auverney, il a dû laiser en otages dix de ses compagnons. Ayant rempli son devoir, l'ancien esclave va se livrer aux Blancs qui le fusillent. Commentaire L'?uvre fut présentée comme un « extrait d'un ouvrage inédit : ''Les contes sous la tente''». En abordant la révolte des opprimés de Saint-Domingue en 1791, ses origines, ses causes et ses conséquences, le romancier n'avait pas l'intention de faire une oeuvre historique. Y tenaient une place prépondérante, même s'il n'était pas sympathique à la révolte des esclaves de Saint-Domingue, les problèmes sociaux et humains de l'esclavage et de la ségrégation raciale qui avaient été déjà traités par Marivaux dans ''L'Île des esclaves'', par Montesquieu dans ''L'Esprit des lois'', par Voltaire dans son ''Dictionnaire philosophique'', par Rousseau dans ''Le contrat social'' et par tant d'autres. L'originalité de Hugo se trouve ailleurs que dans les thèmes, dans la solution qu'il préconisa pour résoudre les problèmes de l'esclavage et certaines questions d'ordre moral. Et ce fut la première fois qu'un écrivain occidental parla de l'Afrique non seulement à partir d'Haïti, mais de toutes les Caraïbes. On voit naître son goût pour les antithèses, les contrastes poussés à l'extrême entre générosité et infortune. Bug-Jargal est un esclave royal qui se présente ainsi : « Écoute, mon père était roi au pays de Kakongo. Il rendait la justice à ses sujets devant sa porte [?] Nous vivions heureux et puissants. Des Européens vinrent ; ils nous vendirent ! » Hugo eut recours à l'antithèse pour montrer l'absurdité de l'esclavage ; il exploita le thème déjà connu du valet dont les valeurs morales et intellectuelles dépassent de loin celles de son maître, ce qui fait songer à cette phrase prononcée par Figaro dans ''Le barbier de Séville'' : « Aux vertus qu'on exige dans un domestique, votre excellence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d'être valet? » L'auteur lui attribua des qualités exceptionnelles qui le mettaient bien au-dessus de ceux qui faisaient de lui une marchandise. Cette idée qui lui était chère allait trouver son illustration dans le personnage de Ruy Blas, laquais élevé au rang de premier ministre. On voit déjà se dessiner sous les traits de Bug-Jargal la figure de Gilliat des ''Travailleurs de la mer''. Dans cette simple histoire, il y a d'autres personnages intéressants : le grotesque Biassou, l'un des agitateurs ; le sergent Thadée ; le bouffon Habibrah qui hait les maîtres qui se divertirent de sa difformité et qui périt en voulant se venger (première esquisse de Triboulet du ''Roi s'amuse'') ; enfin, le chien de Bug-Jargal, petite note émouvante savamment mise en valeur. Hugo se moqua aussi de la simplicité du roman sentimental sous la Restauration. En 1826, il donna une seconde version de son roman qui, si l'on excepte les éléments inventés, peut servir de livre d'histoire. Il y narra les faits selon leur ordre chronologique exactement comme les avaient rapportés les historiens. Les écrivains antillais ont reconnu l'importance de "Bug-Jargal". Ainsi, dans "Adèle et la pacotilleuse", de Raphaël Confiant, Adèle, qui est la fille de Victor Hugo, révèle que son père aurait toujours chéri ce roman : «Rien qu'en ce mot, disait-il, ce nom plutôt d'esclaves révoltés, résonne toute la véhémence de l'archipel des Antilles. Sa folie. Sa rage. Sa douceur aussi.» _________________________________________________________________________________ ''Odes et poésies diverses'' (juin 1822) Recueil de poèmes _________________________________________________________________________________ En 1822, Hugo reçut une pension royale afin de pouvoir se consacrer à son art et se plongea dans le travail comme un forcené, sa personnalité littéraire s'affirmant plus nettement. À la fin de l'année, il fit un mariage de passion avec une amie d'enfance, Adèle Foucher. Il publia : _________________________________________________________________________________ "Han d'Islande" (1823) Roman Au XVIIe siècle, dans un royaume d'Islande imaginaire, un bandit sanguinaire, Han, terrorise la population, qui entoure sa vie de sombre légendes. Un jeune chevalier, Ordener, aime une jeune fille qui vit dans une prison avec son père, autrefois ministre, qui a été arrêté et incarcéré à cause de fausses accusations portées contre lui par un rival désireux de prendre sa place de chancelier du royaume. Ordener se lance à la recherche du bandit qui a en sa possession des documents qui prouvent l'innocence du père de sa bien-aimée. Han d'Islande est un être bestial qui partage sa solitude avec un ours et boit de l'eau de mer et du sang humain dans des crânes. Son fils a été noyé pendant que lui-même revenait d'un rendez-vous avec la femme qu'il aime et qui l'a trahi avec un arquebusier. Comme il ignore le nom de son rival, Han décide de massacrer tout le régiment. En même temps, le diabolique chancelier essaie lui aussi de retrouver Han, qu'il voudrait placer à la tête d'une insurrection qui lui donnerait les pouvoirs les plus étendus sur ce royaume. Mais ni le courage d'Ordener, qui a failli tuer Han au cours d'un duel, ni la témérité du chancelier, qui le rejoint au moment même où il a tué son fils, ne réussissent à faire plier le monstre. À la fin, les documents qu'on recherche sont retrouvés sur le corps d'un malheureux gardien de la morgue, Spiagudry ; le prisonnier est innocenté et réhabilité ; Ordener et sa bien-aimée trouvent le bonheur, et Musdoemon, l'âme damnée du chancelier, est exécuté par son frère, le bourreau Orugix. Han d'Islande, de son côté, se laisse emprisonner, mais à la seule fin de pouvoir mettre le feu à la caserne des arquebusiers. Mal lui en prend, car il périt, victime de son frénétique désir de vengeance. Commentaire Ce roman frénétique, qui témoigne d'un goût du pittoresque et d'une grande exubérance imaginative, est une caricature du roman de la quête chevaleresque en une Norvège qui hérite de toutes les perversions du roman noir anglo-saxon de Maturin et d'Ann Radcliffe. Mais il révèle déjà la manière de Hugo et son goût pour les contrastes violents qui révèlent le combat perpétuel du bien et du mal. Le personnage de Han atteint à une hallucinante puissance lyrique et fait de ce livre un des documents les plus significatifs du premier romantisme. Le roman fut salué par Nodier. _________________________________________________________________________________ Animateur du Cénacle, qui réunissait de turbulents et vindicatifs jeunes artistes, Nodier, Dumas, Gautier, Nerval, Vigny, Deschamps et Musset, et qui luttait contre les conservateurs pour une «révolution littéraire», Victor Hugo apparut comme le chef de l'école romantique, définissant la théorie dans la célèbre préface de "Cromwell", pièce de théâtre qui devait l'illustrer, car, depuis quelques années, avec Alexandre Dumas et ses émules, le théâtre historique romantique et l'évocation dramatique des grandes heures et des grandes figures du passé ralliaient les suffrages du public à l'Odéon ou au Théâtre-Français. Cette préface constituait un manifeste dont le retentissement fut durable. Il esquissait à grands traits les étapes de l'histoire littéraire : de l'âge du lyrisme à celui de l'épopée (Homère), puis à celui du drame né avec le christianisme et qui devait être la forme moderne de la poésie, illustrée en particulier par Shakespeare. Selon lui, le drame se proposait comme un miroir de la vie universelle transfigurée par la poésie en révolte contre toutes les règles au nom de la liberté de l'art, l'expression de la double nature de l'être humain. Mêlant, comme la nature, le bien et le mal, le sublime à la bassesse, la lumière à l'ombre, «le corps à l'âme, la bête à l'esprit», les rires et les larmes, le comique et le tragique, aboutit à ce «grotesque », image de la vie, traduit par un vers nouveau qui a lui-même l'accent de la vie et toutes les libres ressources de la prose, qui «sera positif et poétique [...] allant des idées les plus élevées aux plus vulgaires [...] tel que le ferait l'homme qu'une fée aurait doué de l'âme de Corneille et de la tête de Molière». _________________________________________________________________________________ "Cromwell" (1827) Drame en cinq actes et en vers Au début du XVIIe siècle, en Angleterre, le gentilhomme puritain, Oliver Cromwell, devient le chef de l'opposition à l'arbitraire royal et à l'épiscopat anglican, remporte des victoires lors des guerres civiles, réduit le Parlement, fait condamner à mort le roi, soumet par la force l'Irlande et l'Écosse, mais, devenu lord-protecteur, se conduisit lui-même en véritable souverain. Commentaire L'intérêt dramatique est adroitement soutenu. Le théâtre historique était enrichi d'une illustration exemplaire par l'ampleur, la précision et le mouvement du tableau. Mais, échappant aux normes de la scène, elle fut considérée comme injouable, à cause de l'incontinence du dialogue qui ralentit une action par elle-même vigoureuse. Le vers y est fort beau. Dans cette pièce qui évoque le thème shakespearien de l'ambition, derrière la figure pleine de puissance du tyran anglais, chacun reconnaissait la silhouette de Bonaparte. _________________________________________________________________________________ "Odes et ballades" (1828) Recueil de poèmes Commentaire Ce recueil de poèmes lyriques réunissait l'ensemble de la production de Victor Hugo depuis 1822. Il s'y voulait encore conciliateur entre le classicisme et le romantisme. Se trouvent dans "Les odes" des pièces de caractère politique qui expriment ses convictions légitimistes et catholiques, et des pièces plus intimes concernant son enfance ou ses espoirs amoureux. "Les ballades" illustrent le «genre troubadour», un genre mi-narratif, mi-lyrique mis à la mode par Walter Scott et Charles Nodier : elles manifestaient déjà la virtuosité rythmique de Hugo. Enfin, les préfaces successives définissaient les conceptions de l'auteur sur l'essence de la poésie et la fonction du poète, «sentinelle de l'humanité» et «écho de Dieu». _________________________________________________________________________________ Le jeune «jacobite » qu'était Hugo se mua en un homme moderne, vibrant aux passions d'un siècle soulevé par le mouvement des nationalités, notamment en Orient. Les succès des insurgés grecs lui inspirèrent coup sur coup complétés par de nombreuses pièces qui formèrent bientôt : _________________________________________________________________________________ "Les orientales" (janvier 1829) Recueil de poèmes Commentaire sur le recueil Dans la préface, Hugo défendit le principe de la liberté dans l'art. Il s'y montrait philhellénique, applaudissant à l'émancipation de la Grèce, nourrissant ses poèmes de références à l'Antiquité et à ses monuments, devenant un apôtre de la générosité humaine. Cependant, la politique et l'actualité y comptent moins que les couleurs, les lumières, les sonorités éclatantes et nouvelles, les rythmes et les rimes d'une éblouissante virtuosité verbale qui annonçait Gautier, Banville et les Parnassiens. _________________________________________________________________________________ "Marion de Lorme" (1829) Drame en cinq actes et en vers La courtisane, aussi célèbre par son esprit que par sa beauté, fut la maîtresse de Cinq-Mars, de Buckingham, de Saint-Èvremond, de Condé et de Richelieu qui, pour se venger de Cinq-Mars qui avait conspiré contre lui, le fit décapiter avec son complice de Thou. Commentaire Inspirée de la vie de la célèbre courtisane, la pièce, qui portait d'abord le titre d'"Un duel sous Richelieu", tomba sous le coup de la censure et fut interdite sous le prétexte d'allusions politiques. Elle ne fut représentée qu'en 1831, avec Marie Dorval dans le rôle de Marion. Richelieu «est le flambeau. Le roi, c'est la lanterne / Qui le sauve du vent sous sa vitre un peu terne», ce qui est injuste à l'égard de Louis XIII. Malgré les coups de théâtre traditionnels et les caractères de convention, le mélodrame est animé par le souffle de la jeunesse, de la générosité, de l'audace, par l'idée de la purification par l'amour, les moeurs les plus libres étant justifiées au nom de l'élan amoureux sincère. Et ces thèses sont magnifiées par la splendeur des vers. Marion Delorme aurait joui d'une extraordinaire longévité. Nerval raconta que Charles Nodier l'aurait « vue quelques jours avant sa mort, âgée de près d'un siècle et demi, ainsi que semblent le constater d'ailleurs son acte de baptême et son acte mortuaire conservés à Besançon. En admettant cette question fort controversée de l'âge de Marion Delorme, Cazotte pouvait l'avoir vue étant âgé de vingt et un ans. C'est ainsi qu'il disait pouvoir transmettre des détails inconnus sur la mort de Henri IV, à laquelle Marion Delorme avait pu assister. » (''Cazotte'' dans ''Les illuminés'') _________________________________________________________________________________ En 1828, Hugo se proposa de substituer les questions sociales aux questions politiques, ayant eu le loisir de constater à partir de 1825, notamment à l'occasion de l'absurde et anachronique sacre de Charles X le 29 mai, moins la carence que l'insignifiance d'un pouvoir incapable de comprendre la réalité des changements intervenus depuis près de quarante ans en France. Cette espèce de mot d'ordre de 1828 connut sa première application avec une oeuvre où après avoir été, dans son enfance, fortement marqué par la vision d'un homme qu'on menait à l'échafaud (au XIXe siècle, les exécutions des condamnés à mort se faisaient publiquement) puis avoir aperçu, alors qu'il se promenait dans Paris, un bourreau qui préparait sa guillotine, sa première pensée étant pour le pauvre homme qui, au même moment, se tourmentait dans sa cellule, il se mit, le lendemain, à écrire et termina en trois semaines : _________________________________________________________________________________ "Le dernier jour d'un condamné à mort " (1829) Roman Dans la prison de Bicêtre, un condamné à mort est en attente de son exécution. Jour après jour puis, à mesure que l'échéance fatale se rapproche, heure après heure, il note ses angoisses, ses espoirs fous, ses pensées, ainsi que les événements qui rythment la vie de la prison. Le narrateur, dont on ignorera toujours le nom, l'âge ou le crime, les feuillets de son journal racontant sa vie ayant été perdus, rappelle les circonstances de son procès et de sa condamnation (chapitres I-IX). Il décrit sa cellule qui ressemble déjà à un tombeau : sur les murs, les condamnés qui l'ont précédé ont griffonné des inscriptions (chapitres X-XII). Il assiste au ferrage des forçats et à leur départ pour le bagne de Toulon (chapitres XIII-XV). Il entend la complainte en argot que chante une jeune fille (chapitres XVI). Il ne souhaite plus qu'une chose : fuir, s'évader ! (chapitre XVII). On lui apprend que son exécution aura lieu le jour même (chapitres XVIII-XIX). Il est transféré à la Conciergerie (chapitre XXII), où il rencontre un «friauche», un autre condamné à mort (chapitres XXIII-XXIV). D'angoisses en hallucinations, de malaises en cauchemars, il éprouve une épouvante grandissante. Comment meurt-on sous la guillotine? (chapitre XXVII). Un prêtre le visite : le condamné aimerait dialoguer avec lui pour pouvoir affronter la mort avec plus de courage ; mais l'autre se montre très détaché, ne parle par avec son coeur, disant seulement de façon machinale ce qu'il dit habituellement avec les condamnés (chapitre XXX). La visite de Marie, sa fille âgée de trois ans, loin de le consoler, le laisse dans un état de solitude absolue : elle lui dit que son père est mort (c'est ce que lui a dit sa mère), elle ne reconnaît plus son père qu'elle ne voit plus depuis plusieurs mois (chapitre XLIII). C'est enfin l'ultime trajet, de la Conciergerie à la place de Grève, où se dresse l'échafaud. Sur son passage, la foule se presse, rit, applaudit (chapitre XLVIII). Le narrateur nous fait part de son désespoir, de son désarroi face à la mort ; il tremble, implore qu'on lui laisse la vie sauve, refuse de mourir. Il préfère souffrir, même être forçat, que de passer sous le couteau de la guillotine. Puis il finit par se résigner, commence à accepter sa mort, à l'affronter, se questionne sur son destin dans l'au-delà et l'imagine de diverses façons. Il parle d'un retour place de Grève, sous forme de spectre, pense au paradis comme étant un endroit de lumière, à l'enfer. Il imagine que, après sa mort, son esprit errera dans un de ces endroits pour l'éternité. Il est quatre heures. Au bourreau désormais d'accomplir sa sinistre besogne (chapitre XLIX). Le condamné à mort vit ses derniers instants, cessant d'écrire quand...
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« D'autres impressions ineffaçables, au hasard des garnisons paternelles, enrichirent sa mémoire : Besançon ; Marseille ; l'île d'Elbe ; l’Italie où, en 1807-1808, avec sa mère et ses frères, il rendit visite à son père ; surtout l'Espagne, une Espagne de tragédie ravagée par la guerre et dont il ramena des images de sang et d'or, car, en 1811, ils gagnèrent Madrid, où M.

Hugo venait d’être nommé général.

De retour à Paris, en mars 1812, il reçut, à la pension Cordier puiis au lycée Louis-le-Grand une solide formation.

Mais sa vocation était ailleurs.

Très tôt décidé à se consacrer à la littérature avec une ambition qui reposait sur une claire conscience de ses dons (« Je veux être Chateaubriand ou rien» ), il fit ses premiers essais, étant à la fois romancier populaire, par nécessité alimentaire, et poète lyrique par véritable inspiration.

Les ébauches et les brouillons de son adolescence intéressent moins par leur royalisme exalté ou leurs emprunts scolaires à la mythologie que par leurs traits déjà hugoliens : ferme relief des vers, antithèses vigoureuses, choix de sujets démesurés. Il publia en février 1819, le poème ‘ ’Le rétablissement de la statue de Henri IV’’ que l’Académie des Jeux floraux et l'Académie française couronnèrent. Il s’essaya au roman populaire avec : _________________________________________________________________________________ “ Bug-Jargal ” (1820) Roman À Saint-Domingue en 1791, dans une plantation, un esclave, Pierrot, est amoureux de la fille du maître, la douce Marie, qui est fiancée à Léopold d’Auverney.

Elle est enlevée lors d’une révolte, et d’Auverney part à la recherche des ravisseurs.

Pris par les insurgés, il serait mis à mort si leur chef, Bug-Jargal, qui n’est autre que Pierrot, ne lui sauvait la vie.

Le Noir conduit le jeune homme auprès de Marie qu’il n’avait enlevée que pour la soustraire à la fureur sanguinaire des révoltés.

Mais Bug-Jargal avait été fait prisonnier peu avant et, pour venir en aide à d’Auverney, il a dû laiser en otages dix de ses compagnons.

Ayant rempli son devoir, l’ancien esclave va se livrer aux Blancs qui le fusillent.

Commentaire L’œuvre fut présentée comme un « extrait d’un ouvrage inédit : ‘’Les contes sous la tente’’ ».

En abordant la révolte des opprimés de Saint-Domingue en 1791, ses origines, ses causes et ses conséquences, le romancier n’avait pas l’intention de faire une oeuvre historique.

Y tenaient une place prépondérante, même s’il n’était pas sympathique à la révolte des esclaves de Saint-Domingue, les problèmes sociaux et humains de l’esclavage et de la ségrégation raciale qui avaient été déjà traités par Marivaux dans ‘ ’L’Île des esclaves’’ , par Montesquieu dans ‘ ’L’Esprit des lois’’ , par Voltaire dans son ‘ ’Dictionnaire philosophique’’ , par Rousseau dans ‘ ’Le contrat social’’ et par tant d’autres.

L’originalité de Hugo se trouve ailleurs que dans les thèmes, dans la solution qu’il préconisa pour résoudre les problèmes de l’esclavage et certaines questions d’ordre moral.

Et ce fut la première fois qu’un écrivain occidental parla de l’Afrique non seulement à partir d’Haïti, mais de toutes les Caraïbes. On voit naître son goût pour les antithèses, les contrastes poussés à l’extrême entre générosité et infortune. Bug-Jargal est un esclave royal qui se présente ainsi : « Écoute, mon père était roi au pays de Kakongo.

Il rendait la justice à ses sujets devant sa porte […] Nous vivions heureux et puissants.

Des Européens vinrent ; ils nous vendirent ! » Hugo eut recours à l’antithèse pour montrer l’absurdité de l’esclavage ; il exploita le thème déjà connu du valet dont les valeurs morales et intellectuelles dépassent de loin celles de son maître, ce qui fait songer à cette phrase prononcée par Figaro dans ‘ ’Le barbier de Séville’’ : « Aux vertus qu’on exige dans un domestique, votre excellence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d’être valet? » L’auteur lui attribua des qualités exceptionnelles qui le mettaient bien au-dessus de ceux qui faisaient de lui une marchandise.

Cette idée qui lui était chère allait trouver son illustration dans le personnage de Ruy Blas, laquais élevé au rang de premier 2. »

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