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L'image du poète dans Les Châtiments

Publié le 16/03/2015

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Par l'exil, Hugo se transforme, transforme la langue, veut transformer la France et plus largement l'Histoire : c'est sans doute en cela qu'il est moderne. « L'exil est une donnée essentielle de la littérature moderne, un aspect, un mode fondamental de notre génie du lieu. Pensez à Hugo, le roi de Paris, du théâtre parisien, qui à un moment donné comprend très bien qu'il y est en cage, qui sent la cage se refermer, faire clac, avec le coup d'État du 2 décembre. Il aurait pu faire un compromis, mais pas si bête, il a saisi cette occasion de se transformer en quelque chose ou quelqu'un de tout autre, d'incarner un exil tout neuf « (Michel Butor). 

« E X P 0 S É S F C H E S !éon Bonaparte qui avait promis - le 20 décembre 1848 -une loyauté sans faille à la Constitution et qui s'est parjuré moins de trois ans après (2 décembre 1851).

Forfaiture de la langue qui doit être expiée.

Il faut donc mettre à jour cette impos­ ture, et penser, écrire, l'envers de la langue puisque « l'envers de l'habit est devenu l'endroit » et que « L'immondice au sommet de l'État se déploie » ( « Éblouissement», VI, 5).

La « Poésie ardente » «Stella», qui se présente comme« la Poésie ardente», n'est pas l'annoncia­ trice tranquille d'un monde nouveau ; Stella est l'image d'une poésie en armes : « Je suis le caillou d'or et de feu que Dieu jette,/ Comme avec une fronde au front noir de la nuit » (Livre VI, 15).

Le poète châtie dans ce recueil non seulement les personnages et leurs noms ( « Je fouaillerai les gens, les faits, les noms, les titres », Livre I, 11), mais aussi les paroles, les récits, la langue et jusqu'à la mémoire du pays(« J'ai mis des verrous à l'histoire;/ L'histoire est un bagne aujourd'hui», ibid.).

L'écriture de feu, satirique ou sadique, révèle autant le mot de l'expiation (Livre V, 13) qu'elle s'imprime dans la chair de Napoléon le petit (Livre III, 2).

L'appel à la révolution Enfin, la parole sert surtout à réveiller le peuple, à le tirer de sa torpeur : la poé­ sie doit se faire politique, révolutionnaire : elle est tribune, proclamation libre, vrai serment : « Oui, nous appellerons, jusqu'au dernier soupir,/ Au secours de la France aux fers et presque éteinte,/ Comme nos grands aïeux, l'insurrection sainte»(« Le parti du crime», Livre VI, 11) .

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Ill -LE POÈTE-PROPHÈTE La loi de l'Histoire et les apparences S'il est vrai que pour Hugo la loi de l'Histoire c'est le progrès, le poète doit re­ connaître la force supérieure de l'imposture, les forces de la« reculade» : «Nous, dis-je, les vaincus sur qui Mandrin prévaut» (Livre VI, 11).

Ainsi, le progrès ne peut être affirmé que dans un au-delà du présent et contre la réalité du mo­ ment : ainsi comprend-on que « la vérité de l'Histoire, étant toujours au-delà, ne peut être dite que par le prophète» (P.

Albouy).

Mais la victoire de Mandrin-Napo­ léon se présente comme une victoire à l'envers.

L'histrion est certes un« assas­ sin », mais toute action est tournée en dérision, tout événement devient grotesque, et c'est même l'histoire déjà écrite qui se trouve altérée : « Il a volé, l'infâme, Austerlitz à !'Histoire» (Livre VI, 11).

Le poète-prophète révèle aussi le présent qui travaille la vision du passé.

La vision de l'avenir Dans l'immédiat elle annonce la chute du tyran sous les coups de la Providence et de ceux qui sont prêts à prendre les armes.

Elle est surtout la garantie d'un monde à venir où la haine ne remplira plus « un cœur qui déborde d'amour » (Livre VI, 14), où le monde sera enfin guidé par« l'ange Liberté» et« le géant Lumière».

Conclusion.

De la souffrance du proscrit à la certitude sereine d'un avenir enfin humain, Hugo offre l'image d'un homme-poète complet.. »

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