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JACCOTTET Philippe : sa vie et son oeuvre

Publié le 30/12/2018

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JACCOTTET Philippe (né en 1925). Poète suisse d’expression française, Grand prix de poésie de l’Académie française 1992. Né à Moudon, Philippe Jaccottet, après des études littéraires, séjourne en France, où il s’installe définitivement, à Grignan, dans la Drôme, en 1953. Il mène dès lors une vie retirée consacrée à son œuvre. Traducteur admirable de Rilke et de Musil, essayiste, Jaccottet est avant tout un poète jusque dans les « proses » et carnets qui jalonnent son itinéraire. Ses recueils poétiques essentiels pour la période 1946-1967 — Requiem, 1947; l’Effraie, 1953; la Promenade sous les arbres, 1957; l’ignorant, 1958; Airs, 1967 — ont été réunis dans un volume de la collection « Poésie Gallimard » (1971), avec une préface de Jean Starobinski. Depuis, l’œuvre s’est diversifiée, offrant des proses : Paysages avec figures absentes (1970), A travers un verger (1975), Libretto (1990, sur l’Italie); des carnets : la Semaison (1971; rééd. considérablement augmentée en 1984) et Journées (1977), Autres journées (1987); enfin et toujours des poèmes : A la lumière d’hiver (1977), Pensées sous les nuages (1983), Cahier de verdure (1990).

 

Dès ses premiers écrits, en 1944, une obsession de la mort se fait jour. Secrètement miné par le regret, la perte, Jaccottet est parfois tenté par le désespoir du Maître,

 

personnage du récit l'Obscurité (1961). Le mouvement qui l’attire vers le bas ne provoque cependant jamais chez lui de complaisance morbide. Sa conscience du négatif nous engage au contraire dans la voie d’une vie plus ardente et plus noble. A l’accablement répond un mouvement vers le haut. Est-ce alors quelque aspiration romantique à un dépassement du monde? La « Vraie Vie » est-elle « ailleurs », comme le proclamait Rimbaud? A ces excès, Jaccottet oppose une vision d’équilibre entre douleur et beauté de la vie. Cette mesure n’est jamais rassurante sagesse ni crainte aveuglée des extrêmes, mais oscillation et incertitude fondatrice : car selon Jaccottet, tout système clos, toute affirmation ne peut que laisser échapper l’essence de la réalité, qui est avant tout énigme et richesse fuyante. Humilité et patience sont donc nécessaires à qui veut alors recevoir et non saisir la beauté d’un monde qui se donne d'abord à voir comme nature. Celle-ci, objet de descriptions aussi fines qu’admirables, n’est jamais refuge mais lieu d’une attention aux saisons, aux fragiles beautés de l’herbe, lieu encore d’un recueillement nécessaire à ce qui, en nous, parle profondément. Le monde s’adresse à nous d’une manière insaisissable. Le langage tâtonne, avance vers le secret qui se dérobe sans cesse.

 

Etre aux écoutes du monde constitue d’emblée un apprentissage du dépouillement poétique. Toute perfection close et séduisante de l’image serait une trahison. Puisque l’essentiel nous échappe, le poème ne sera jamais révélation triomphante mais suggestion et secret. C’est l’exigence d’un écrivain qui veut rester fidèle à la réalité. Une poésie juste est nécessairement incertaine et fugace, d’où ces thèmes du souffle, du fragile. Jaccottet possède au plus haut point le sens d’une éthique de l’écriture : la beauté ne doit pas être différente de la vérité. Si Jaccottet écrit des textes courts, fragmentés, des notes, si un discours continu lui est impossible, ce n’est jamais par impuissance ou choix formel mais par fidélité à la nature même du réel. Plus profondément, le langage récrée l’expérience d’une écoute.

« JACCOTTET grité; avec Jaccottet, la beauté est liée à une haute morale, non seulement de J'écriture mais de la vie.

BfBLIOGRAPHIE 1.

Borel, Poésie et ttostalgie, Paris, Berger-Levrault, 1979; A.

Clerval, Philippe Jacco tte t, Paris.

Seghers, 1976: J.-P.

Richard, Onze Etudes sur la poésie moderne, Paris, Le Seuil, 1964; J.-L.

Seylaz, Philippe Jaccouet.

Une poésie et ses enjeux, l'Aire, 1 982; M.-Cl.

Dumas (éd.).

la Poésie de Philippe Jaco/let, Paris.

Champion, 1986; J.-P.

Vidal, Philippe Jacot/et, Paris, Payot, 1990.

A consulter, également le numéro spécial 32-33 de la revue Sud (1980) et Ecriture 40, automne 1992.

A.

DÉCHAMPS. »

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