Maîtres et serviteurs

« appartiennent au décor luxueux, comme des éléments indispensables à son bon fonctionnement.

Le château de La Colinière accentue encore la représentation de l'univers aristocratique, avec ses escaliers intérieurs, oui figurent les échelles de la hiérarchie.

Un escalier monte vers les chambres des maîtres ; un autre, souvent présent à l'image, descend vers les cuisines et l'office.

Les deux mondes sont ainsi isolés.

La mise en scène des rapports entre maîtres et serviteurs est elle aussi significative.

L'accueil à La Colinière, avec la séquence* des invités arrivant sous la pluie, abrités sous des parapluies tenus par des domestiques détrempés, montre bien le décalage qui existe entre ces deux groupes.

De même, dans la séquence de la chasse, les domestiques sont habillés de façon très différente, et assignés aux fonctions des battues et du ramassage.

Même Lisette et Marceau, pourtant plus proches de leurs maîtres, sont représentés l'un et l'autre par des plans* similaires, dans une situation physique d'infériorité : Lisette, à genoux, arrange l'ourlet de la robe du soir de Christine ; Marceau, en position d'infériorité par sa taille, refait le nœud papillon de Robert.

Enfin, les niveaux de langue séparent les maîtres et les serviteurs.

La verve, familière et respectueuse en même temps, de Lisette se distingue par ses abréviations («Y a rien à faire, les hommes sont comme ça», «Y commence à nous embêter çui-là»), ses formules orales («Ah ben évidemment»), son utilisation excessive du pronom ça («Une femme comme Madame, ça a besoin de beaucoup de choses»).

À l'opposé, les propos de Robert et de Christine sont formulés le plus souvent en langue soutenue («notre petite exhibition de pancrace», dit Robert à Jurieu, à propos de leur bagarre).

Cette séparation formelle est renforcée par l'attitude même des maîtres.

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