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Le mélange des genres et des tons

Publié le 27/03/2015

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Ce que montre l'association du trivial et du sublime, c'est la profonde dualité des êtres et des choses. Pour le romantique, l'unité du moi n'existe pas. L'homme est double il est un être fracturé. La réalité elle-même est trop complexe pour être réduite à une approche univoque. Aussi le couple antithétique du trivial et du sublime fonctionne-t-il comme la seule représentation possible d'une dualité et d'une dialec­tique. Comment concilier cette femme contradictoire qui peut être vierge et prosti­tuée, mère sacrée et fille à vendre (Marie ou Marion dans Marion Delorme ; Marie ou Caterine dans Lorenzaccio) ? Comment concilier l'âme d'un roi et l'habit d'un la­quais (Ruy Blas) ? Comment l'être problématique peut-il se réconcilier avec lui-même sinon dans la trouble identité d'un bouffon tragique (Lorenzo ou Triboulet) ?

« E X P 0 S É S F C H E S (Préface de Cromwell).

Musset ne donne pas au peuple de Lorenzaccio un langage populaire ; Hugo consent parfois à la prose (Marie Tudor, Lucrèce Borgia) mais se refuse toujours à la vulgarité, se contentant tout au plus d'une certaine familiarité qui fait parler une reine comme une roturière amoureuse (Ruy Blas) ; même le co­ léreux John Bell maîtrise son langage devant ses ouvriers.

Dans tous les cas, on est bien loin de la verdeur du verbe shakespearien (Le Roi Lear ou Ham/et) 1 Dualité et dialectique Ce que montre l'association du trivial et du sublime, c'est la profonde dualité des êtres et des choses.

Pour le romantique, l'unité du moi n'existe pas.

L'homme est double il est un être fracturé.

La réalité elle-même est trop complexe pour être réduite à une approche univoque.

Aussi le couple antithétique du trivial et du sublime fonctionne-t-il comme la seule représentation possible d'une dualité et d'une dialec­ tique.

Comment concilier cette femme contradictoire qui peut être vierge et prosti­ tuée, mère sacrée et fille à vendre (Marie ou Marion dans Marion Delorme ; Marie ou Caterine dans Lorenzaccio)? Comment concilier l'âme d'un roi et l'habit d'un la­ quais (Ruy Blas) ? Comment l'être problématique peut-il se réconcilier avec lui­ même sinon dans la trouble identité d'un bouffon tragique (Lorenzo ou Triboulet) ? Le grotesque, voie de la totalité et de la liberté Par le grotesque, Hugo a tenté une autre voie -celle d'une «contre-culture » qui, partant d'un trivial assumé et revendiqué, ne s'est pas refusé d'exprimer la grandeur.

Il n'y a pas dépassement de la contradiction entre le bas et le haut, mais volonté de les prendre en compte et de les représenter conjointement.

Écrits la même année, Lucrèce Borgia (en prose) et Le rois 'amuse (en vers) sont l'illustra­ tion même de cette entreprise qui subvertit les codes dramatiques et esthétiques en attribuant au drame en prose les attributs de la tragédie et en donnant au drame en vers les allures d'un mélodrame.

L'utilisation du grotesque est ici affirmation de la liberté et de la totalité.

Ill -LA TENTATION DE L'UNIVERSEL Le mélange des genres et des tons relève d'un choix significatif.

Il correspond à une volonté de liberté, à la prise en compte d'une totalité, mais aussi à une tentation de l'universalité.

Tout dire, tout à la fois, en s'adressant à un public élargi à l'univers, impose de renouveler le langage dramatique, d'en refuser les cadres les plus rigides.

On retrouve là la vocation profonde du drame romantique, héritier en cela du théâtre shakespearien être un théâtre du monde, représenter en un spectacle total une humanité foisonnante dans sa bassesse et sa grandeur, au cœur même de ses contradictions.

Un tel théâtre est, par nature, paradoxal puisqu'il lui faut représenter la totalité en un espace et une durée limités.

De ce point de vue, le roman était plus apte à satisfaire cette ambition d'universalité.

Conclusion Le mélange des genres est bien autre chose qu'un des masques outrés du drame romantique.

Il est cet effort du théâtre vers la totalité res­ pect de la pluralité et recherche d'une unité ayant vocation à l'universalité.

LE DRAME ROMANTIQUE =1Q2J. »

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