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Les mythes dans la Chute de Camus

Publié le 10/01/2020

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mythes

un «Jean-Baptiste Clamence» : personnage «désigné» pour clamer la bonne parole, saint Jean-Baptiste est, aux yeux d'un incroyant, une figure mythique, c'est-à-dire que même si on n'est pas sûr de son existence, on juge éclairant pour la raison ou la morale le rôle qui lui est attribué par les Évangélistes.

Ces références culturelles ne signifient assurément pas, chez Clamence, un sourd désir de conversion : elles prouvent au contraire que, avec une tranquille incrédulité vis-à-vis des Écritures, il voit en elles une sorte de légende riche en histoires exemplaires. Après s'être assuré que son interlocuteur connaît ces « histoires » aussi bien que lui («Vous connaissez donc les Écritures?» p. 13), il s'y réfère comme on se référerait à la mythologie pour expliquer le comportement de ses contemporains et définir son propre rôle dans la société.

Particularité du mythe de la « Chute »

Si l’ensemble des histoires contées dans la Bible constitue une mythologie, la «Chute», c'est-à-dire le péché d'Adam et Éve, doit elle-même être considérée comme un mythe, c'est-à-dire une histoire à laquelle on ne croit pas au pied de la lettre, mais qui illustre un sentiment de culpabilité vivace même chez des hommes qui ne croient pas au Christ.

Un paradoxe : alors qu'il invoque le Christ, l’Enfer, Satan, le Jugement dernier, etc., Clamence ne prononce que deux fois le mot «chute », dans un sens très anodin1.

Ignore-t-il que le mythe de la « Chute » rend compte au mieux de son existence ?

À plusieurs reprises, nous avons constaté que coïncidaient jusqu'à l'ambiguïté le discours de Camus (auteur du livre) et celui de Clamence («auteur» de la confession). Un mot, au moins, appartient en propre à Camus : celui qui donne son titre au récit. Aux mythes utilisés par son personnage, Camus a ajouté celui qui éclaire au mieux et comme à son insu l'aventure de Clamence.

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« fasse signe : fes «e nse ignes rouges et vertes» (p.

17) des rues dAmsterdam ne plaisent à Clamence que parce que (te l est bien, du res te, le rôle d'une ense igne) elles sont des symboles, ouvrant vers autre chose qu'elles-mêmes.

l'.or même n'est pas, en Ho llande, éclatant comme le jaune« bouton d'or» de Noces 1 : se fondant à des tei ntes fumée s ou cuivrées, il s'enrichit.

lui aussi, d'être plus que lui-même.

Le symbole relie l'individuel à l'universel: le mythe a pour fonction de relier entre eux les symboles et de les mettre en récits2.

Ces récits (relig ieux ou profanes) consti­ tuent l'arr ière-plan de la confession de Clemence et lui fournissent tout un système de références et d'a llusi ons.

M LES MYTHE S DE CLAMENCE La Bible Les Écritures (Ancien et No uveau Testamen t) fournis­ sent à Clamence sa référence privilégiée .

Concevoir la Bible à la manière d'un mythe, c'est lui donner la même valeur qu'aux histoires de la mythologie antique : nous ne croyons pas aux aventures de Jup iter ou de Diane, mais ces histoire s éclairent la constance des mental ités et des comportemen ts individue ls et collectifs.

Dès la pre mière page de La Chute , la tour de Babel3 (dont l'histo ire est racontée dans li! cien Testament) est utilis ée comme un mythe, servant à éclairer l'incompréhension que crée entre les hommes la barrière des langue s.

Quand Clamence qualifie l'interlocuteur de «saducéen» parce qu'il n'a pas partagé ses riche sses (p.

13), il éta le sa cult ure tout en sondant celle de l'autre.

Il range surtout un comportement particu lier dans une catégorie fournie par les Ëvangiles.

La man œuvr e est du même ordre que celle qui consiste à masquer son identité indi viduelle de rriè re 1.

Voir Essais .

p.

55.

2.

Voi r Jean Cheval ier et Ala in Gheerbrant Dictionnaire des sym­ boles, (1, Laffont.

1982.

Introducti on.

3.

Voir ci-dessus p.

78, note 1.. »

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