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Pelléas et Mélisande: Je ne sais pas ce que je sais. Maurice Maeterlinck

Publié le 19/03/2020

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maeterlinck

«melisande. — Merci... Est-ce le soleil qui se couche? arkel. — Oui; c’est le soleil qui se couche sur la mer; il est tard. — Comment te trouves-tu, Mélisande? melisande. — Bien, bien. — Pourquoi demandez-vous cela? Je n’ai jamais été mieux portante. — Il me semble cependant que je sais quelque chose...

arkel. — Que dis-tu? — Je ne te comprends pas... melisande. — Je ne comprends pas non plus tout ce que je dis, voyez-vous... Je ne sais pas ce que je dis... Je ne sais pas ce que je sais... Je ne dis plus ce que je veux...

arkel. — Mais si, mais si... Je suis tout heureux de t’entendre parier ainsi; tu as eu un peu de délire ces jours-ci, et l’on ne te comprenait plus... Mais maintenant, tout cela est bien loin... »

(acte V, scène 2)

«soustraire à toutes les contingences de la représentation, grossières ou même exquises jusqu’à présent, l’œuvre par excellence ou poésie. »

(Œuvres, bibliothèque de la Pléiade)

«Un soir je l’ai trouvée tout en pleurs

au bord d’une fontaine, dans la forêt où je m’étais perdu.

Je ne sais ni son âge,

ni qui elle est, ni d’où elle vient

et je n’ose pas l’interroger,

Car elle doit avoir eu une grande épouvante. »

(acte I, scène 3)

 

«Je t’ai fait tant de mal, Mélisande... Je ne puis pas te dire le mal que je t’ai fait... Mais je le vois, je le vois clairement aujourd’hui... depuis le premier jour... Et tout ce que je ne savais pas jusqu’ici me saute aux yeux ce soir... Et tout est de ma faute, tout ce qui est arrivé, tout ce qui va arriver... Si je pouvais le dire, tu verrais comme je le vois!... Je vois tout, je vois tout!... »

(acte V, scène 2)

maeterlinck

« 302 / SYMBOLISME (et mystère) • 40 s'impose comme le chef incontesté du mouvement symbo­ liste.

De même, le roman subit cette influence avec A Rebours (1884) d'Huysmans et, avec deux œuvres mar­ quantes de Maurice Barrès: Sous l'œil des barbares (1888) et Le.Jardin de Bérénice (1891).

Il manquait au symbo­ lisme d'étendre son influence au théâtre.

C'est chose faite d'un coup avec l'unique représentation de Pel/éas et Méli­ sande, le 17 mai 1893.

Expérience importante mais sans véritable postérité, si l'on excepte les cèuvres de Maeter­ linck qui suivront.

A cet égard, il est pour le moins surprenant de constater que les symbolistes, en général, et Maeterlinck, en parti­ culier, se montrent plus que réservés à la représentation d'une œuvre sur la scène d'un théâtre.

Maeterlinck, en 1890, se hasardait à soutenir que « la plupart des grands poèmes de l'humanité ne sont pas scéniques» ( dans La Jeune Belgique).

Cette défiance à l'égard du théâtre, on la voit -s'exprimer sous la plume de Huysmans et de Mal­ larmé, notamment.

Mallarmé, pour sa part, estime que le texte est suffisant en soi et se loue de la tendance récente qui pousse à « soustraire à toutes les contingences de la représenta­ tion, grossières ou même exquises jusqu'à présent, l'œuvre par excellence ou poésie.» (Œuvres, bibliothèque de la Pléiade) C'est que les symbolistes sont des poètes, pour qui la poésie est certes un art du langage susceptible de se mani­ fester dans une diction, une déclamation publiques; ce­ pendant, voué à une certaine intériorité secrète et mysté­ rieuse, l'art symboliste est aussi un art de la suggestion, de l'évocation, et, sous ce rapport, fait plus appel à l'imagina­ tion créatrice et donc personnelle, subjective, qu'à la ma­ térialisation objective et, somme toute, réductrice, de la représentation collective : l'opacité même du corps de l'ac­ teur (voix, gestes, apparence physique), les servitudes ma­ térielles propres au décor, au jeu scénique, bref l'incarna­ tion, sur la scène du théâtre, d'un drame tout intérieur semble devoir faire obstacle au charme imaginaire de la poésie.. »

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