« Pourquoi écrit-on un roman ? Comment naît, se développe et s’organise dans le cerveau de son auteur une œuvre romanesque ? Les personnages que le romancier a créés se conforment-ils dans leur conduite à ce qu’il a prévu ou échappent-ils à son contrôle ? »
Publié le 02/11/2016
Extrait du document
Se posant le problème de la création littéraire dans le domaine du roman, un auteur contemporain s’exprime en ces termes :
« Pourquoi écrit-on un roman ? Comment naît, se développe et s’organise dans le cerveau de son auteur une œuvre romanesque ? Les personnages que le romancier a créés se conforment-ils dans leur conduite à ce qu’il a prévu ou échappent-ils à son contrôle ? »
Pouvez-vous répondre à ces diverses questions ?
INTRODUCTION
Il est assurément difficile d'analyser, à ses différentes étapes, l'exercice du don créateur chez le romancier. L'écrivain ne livre à son lecteur qu'une ceuvre achevée. Lui-même n a pas toujours une conscience parfaitement lucide de ce qui se passe en lui au cours de ce travail d'élaboration du roman. En confrontant toutefois ce que l'on sait de la vie des romanciers avec leurs oeuvres, en s'appuyant aussi sur les confidences précieuses faites par certains d'entre eux, on peut néanmoins tenter d'éclairer les aspects essentiels de ce problème.
I. POURQUOI ÉCRIT-ON UN ROMAN ?
1. Parfois l'écrivain a le désir de revivre une période cruciale ou un épisode émouvant de son existence dont il a gardé la nostalgie.
2. Parfois encore, il éprouve un sentiment de libération à extérioriser ainsi, dans les pages d'un livre, des souvenirs douloureux qui le hantent : te! fut le cas de Goethe quand il écrivit Les Souffrances du jeune Werther.
3. Parfois enfin, il se plait à vivre sous l'enveloppe d'un de ses personnages une existence que les circonstances lui ont refusée, à développer chez son héros certains aspects de lui-même auxquels il s'est interdit de donner libre cours dans la réalité.
[Pour étoffer ces trois points on utilisera des éléments fournis par la dissertation qui précède].
«
li.
CO MME NT É C RIT-ON U N ROMA N ?
1.
Tantôt , quand le romancier a trou~·é dans un fait divers
l'événement qui lui a dicté le choix de SOli sujet, il s'attache à rend re int elligible et plausible cet événement en reco nstituant
les assises morales du drame.
Les caract ères des perso nnages
s 'organisent de telle manière, au cours du travail créateu r, que
l'évé nement essentiel apparaft comme l'aboutisse ment logi4ue de feurs réactions individuelles.
Le romanci er convertit le fait
divers en
cas humain.
[On trouvera dans notre tome premier, à l'occasion de l'étude du Rouge et le Noir, d'Eugéni e Grandet, de Madame Bovary, les exemples nécessaires à l'illustration de ce point].
2.
Tantôt c'est le personnage qui prend le pas sur l'intr igue.
Le romancier « voit» clairement son personnage.
Il n'aper çoit
pas aussi nettement les évé nem ents qui l'allendent , car fe caractè re
a pris d'emblé e un tel re lief qu 'il éch appe en quelque sorte à son
auteu r et mène sa vie irrésistiblement, selon sa forte logique inté rieure.
Tel fut, de so11 propre aveu , le cas de Duham el lorsqu' il
créa Sala v i11, le héros de Co nfession de Minuit et de plusieurs
autres romans.
Il pressentait , dit-il, le sort tragique qui attendait
son héros mail' il n'avait pas prémédité certaines péripéties qui
se sont comme imposées à lui, et le dénouement s'est r évé lé moin s
triste en fin de compte.
»
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