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Un procès, ou Le Pilori dans La Chute de Camus

Publié le 14/08/2014

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Thème et cadre récurrents chez Camus, la justice, le tribunal occupent dans La Chute également une place majeure. Un des titres envisagés était Le Pilori.

I - LA JUSTICE DES HOMMES L'ancien avocat devenu accusateur

 

Clamence a été avocat et, de son point de vue, ce métier le plaçait au-dessus de tout le système judiciaire, dominant l'accusé contraint à la reconnaissance et les juges jugés à leur tour et méprisés.

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« E X P 0 S É S F C H E S la domination de l'homme blanc occidental, imbu de son argent et de sa technolo­ gie.

Les plus coupables sont donc ceux qui prétendent défendre les valeurs d'égalité tout en pratiquant l'oppression, et ceux qui les soutiennent au nom des belles idées.

On peut reconnaître là les intellectuels parisiens, de gauche comme de droite, chrétiens ou non.

C'est pourquoi !'enfer, ce serait « les rues à enseignes », où !'on serait « classé une fois pour toutes» (p.

52).

L'allusion à la formule finale de la pièce de Sartre, Huis clos ( « !'enfer, c'est les autres » ), est transparente.

Camus revient souvent sur ce thème, par exemple dans les Carnets (Il, p.

334): «La passion la plus forte du xxe siècle : la servitude », dont il accuse explicitement les philosophes des Temps modernes.

L'allusion à Sartre est très lisible page 51 : «Celui qui ne peut s'empêcher d'avoir des esclaves, ne vaut-il pas mieux qu'il les appelle hommes libres ? Pour le principe d'abord, et puis pour ne pas les désespérer.

» On sait que Sartre, en pleine guerre froide, avait souhaité défendre le bilan du communisme soviétique sans s'attarder sur les horreurs staliniennes, pour « ne pas désespérer Billancourt», et donc, par métonymie*, la classe ouvrière.

La culpabilité universelle L'anecdote du« petit Français de Buchenwald» exprime, avec une admirable brièveté, la conscience de la culpabilité universelle.

Les autres rient devant ses protestations, parce qu'il n'a pas compris le système: nous sommes tous coupables, même si nous ne savons pas de quoi, et, plus grave, par ce rire, ils montrent qu'ils acceptent l'horreur du système concentrationnaire, et donnent un sens à l'absurde.

Ill -LES JUGES INTÈGRES AU PLACARD On comprend Je symbolisme du panneau volé : puisque l'innocence est sur la croix, les juges intègres n'ont plus leur place et le champ est libre pour Clamence.

Le jugement Le premier regard lucide a été celui de Clamence lui-même, lorsqu'il a entendu le rire qui le remettait sainement en question, le renvoyait à la réalité de lui-même, qui disait familièrement : « Mais regarde-toi donc ! », ce que le personnage fait une fois rentré chez lui, devant son miroir.

Toute sa duplicité éclate alors.

Mais le rire des contemporains (p.

89) est beaucoup moins clair.

Les rieurs sont méchants, jaloux, mesquins, et cherchent à cacher leurs propres crimes.

Et surtout, le jugement est constant, universel.

Nous voulons « tous être innocents, à tout prix, même si pour cela il faut accuser le genre humain et le ciel » (p.

86).

Un nouveau juge Clamence s'érige enfin en un juge impitoyable (pp.

137 à 142) : il refuse toute indulgence, dans une série de négations, et impose sa décision dans une sèche brièveté.

Des étiquettes pour chacun, une condamnation définitive : « En philoso­ phie comme en politique, je suis donc pour toute théorie qui refuse l'inno­ cence à l'homme et pour toute pratique qui le traite en coupa-hie.

» Ce juge ne laisse aucune chance à l'accusé: c'est plutôt un« pilori» qu'un procès.

Conclusion : Clamence instruit son propre procès, énonce ses propres fautes, dénonce ses ennemis et proclame la culpabilité universelle, pour enfin retrouver son pouvoir sur une humanité abîmée dans la conscience de ce mal.. »

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