Quelle est la place de la tradition bretonne dans la littérature médiévale?
Publié le 06/08/2014
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Quelle est la place de la tradition bretonne dans la littérature médiévale?
Au Moyen Âge, la tradition littéraire n'est ni unie ni égale. Or parmi les trois tradi¬tions qu'on distinguait alors, la tradition bretonne à laquelle se rapporte le Conte du Graal est une tradition ambiguë, pour laquelle on manifeste à la fois un certain rejet et un certain attrait.
«
commandement du comte » de « rimer le meilleur conte jamais conté en cour royale », et
lors;,iu'il dit« sans grand profit ce ne peut être», on peut y voir une allusion à son salaire.
D'autre part, il s'agit de mettre le public dans une bonne disposition par rapport à I'œuvre:
si l'œuvre a été commanditée, alors sa qualité doit être proportionnelle à celle de son
commanditaire.
Ainsi, l'auteur n'oublie pas de s'adresser au public le plus large, qu'il prend
à témoin de la qualité du commanditaire ( « Sachez ...
N'en doutez pas ...
»)comme del' œuvre
commanditée(« Voyez
...
»).
L'éloge attribue au comte les qualités requises chez un si haut
seigneur : noblesse sur le plan spirituel (herméticité
à la mauvaise parole), largesse sur le
plan matériel (partage des richesses).
Mais l'éloge est exceptionnel par sa longueur (cinquante
vers), par sa structure (comparaison avec Alexandre), et par sa tonalité (gravité religieuse).
Un éloge ambigu
L'éloge du commanditaire peut cependant éveiller les soupçons.
Grand seigneur ambi
tieux,
Philippe de Flandre multipliait les tournois et les guerres dans le but d'étendre sa puis
sance, sans hésiter
à exploiter les croisades religieuses ou à défier l'autorité royale.
Plusieurs
éléments dans le prologue semblent être les signes
d'un désengagement de l'auteur.
L'éloge
de largesse s'appuie sur l'éloge de discrétion:
le comte donne sans tapage.
Or l'ironie n'est
pas exclue, et on peut se demander si ces dons méconnus ont une réalité quelconque.
L'éloge
de discrétion s'appuie lui-même sur deux références bibliques qui sont peut-être
à double
entente.
Dans l'une, l'auteur
évoque« Dieu, qui voit tous les secrets et sait si bien tous les
mystères qui sont au cœur et aux entrailles».
On peut se demander s'il n'appelle pas à voir,
derrière un éloge superficiel, une profonde réserve.
Dans l'autre, l'auteur commet une erreur :
la formule
qu'il attribue à saint Paul est en fait de saint Jean.
On peut se demander si l'er
reur ne vise pas en fait à invalider le discours.
Ill.
La nature de l'œuvre
Une œuvre exigeante
Le prologue précise dans quelle disposition d'esprit l'œuvre doit être envisagée.
D'ordinaire, le prologue oppose ainsi la peine que l'auteur prend dans son travail au plaisir
que le public éprouve dans sa découverte.
Ici pourtant, le prologue inverse les rôles
à travers
l'image de la semence : le geste créateur est comparé au geste léger du semeur, tandis que
la réception est comparée
à la lente et difficile maturation de la semence en terre.
Le prologue
annonce donc une œuvre exigeante, qui suppose que le public conçoive sa réception comme
une lourde responsabilité.
L'auteur semble pourtant promettre une récompense après l'effort,
et lorsqu'il dit« sans grand profit ce ne peut être», on peut y voir, plutôt qu'une allusion à
son propre salaire, une allusion au riche enseignement que le public pourra tirer de!' œuvre.
Des clefs pour l'interprétation?
Le prologue suggère peut-être d'ailleurs le sens profond de l'œuvre.
D'une part, la
comparaison entre Philippe et Alexandre est peut-être un signe de l'opposition entre Perceval
et Gauvain : elle invite à considérer les deux héros comme deux excellents chevaliers, l'un
ayant cependant sur l'autre l'avantage de sa dimension chrétienne.
D'autre part, l'impor
tance des thèmes de la parole et de la charité dans le prologue est peut-être le signe de
l'im
portance qu'ils ont dans I'œuvre elle-même: elle invite à voir dans l'opposition entre Perceval
et Gauvain une opposition entre deux expériences de la parole et de la charité..
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