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En quoi « De la cour » et « Des grands » relèvent-ils de l'esthétique classique ?

Publié le 09/08/2014

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Le « classicisme « est une notion qui date du XIXe siècle. Néanmoins, cette dénomi­nation correspond à certaines caractéristiques communes à la seconde partie du XVIIe siècle, période d'intense réglementation de la langue et de la littérature, où se développe un certain nombre de conceptions dont La Bruyère se fait l'écho dans le chapitre I, « Des ouvrages de l'esprit' «, consacré à la littérature.

« Il.

La pratique du classicisme dans Les Caractères Théophraste La Bruyère présente son œuvre dans l'ombre d'un auteur de !'Antiquité.

Le titre de la première édition des Caractères est le suivant : Les Caractères de Théophraste traduits du grec/avec les Caractères ou les mœurs de ce siècle, sans que La Bruyère fasse figurer son nom sur la couverture.

Il n'a d'ailleurs peut-être traduit Théophraste que pour avoir un auteur grec à revendiquer, comme La Fontaine avec Ésope et Phèdre.

En outre, dans sa Préface, il s'inscrit dans la grande tradition morale qui englobe aussi bien la littérature française (Pascal et La Rochefoucauld) que la Bible, les grands auteurs de I' Antiquité et du début du christianisme.

Le souci de la langue La Bruyère utilise de manière très subtile la propriété des termes, par exemple dans DC, 87, où le choix des mots et les symétries sont au service du message moral de générosité.

Bien des remarques sont ainsi construites sur des variations de termes à la recherche de l'ex­ actitude la plus grande.

La Bruyère est aussi très soucieux de la clarté de la langue, comme le montrent les nombreuses corrections qu'il a apportées à son texte.

Ill.

L"esprit mondain, limite du classicisme Mais un je-ne-sais-quoi vient constamment battre en brèche la rigueur des règles clas­ siques.

Le souci de plaire à une société mondaine, qui déteste les savants et les spécialistes (voir DOE, 62) et pratique la littérature comme un loisir, entraîne La Bruyère vers une écri­ ture mondaine où prime l'agrément et qui contredit un peu les règles classiques.

La composition L'esthétique classique condamne les formes brèves.

La Bruyère les pratique, sans grand souci de composition.

Certaines remarques commencent par une idée et se terminent par une autre.

Ainsi DG, 22 semble avoir pour thème l'inutilité de réformer les hommes parce qu'ils n'écoutent pas celui qui les conseille; or, évoluant par association d'idées, la remarque s'achève sur les torts partagés entre les grands et le peuple.

Certaines remarques faites de strates diverses (DC, 85, DG, 37) mettent en œuvre plusieurs discours parallèles: maximes, analyses plus concrètes, réflexions à la première personne, portraits, dialogues, ce qui dément l'idée qu'une seule bonne expression existe pour traduire une pensée.

Les métaphores Le classicisme n'est pas très favorable aux métaphores parce qu'elles sont un moyen trop contourné de parler.

La Bruyère, lui, a un goût précieux pour les métaphores et les com­ paraisons.

L'art de parvenir est identifié, par métaphore, à un chemin parcouru par des gens que l'on voit« loin derrière», un autre qui« est demeuré en chemin», et d'autres qui ont «devancé» (DC, 24).

Parfois, c'est un chemin maritime, (DC, 26).

Mais il faut toujours se «frayer le chemin» (DC, 28), on peut parvenir par« la grande voie ou le chemin battu », « le chemin détourné ou de traverse » (DC, 49); on ne cesse de « cheminer » (DC, 62).

L'esprit La Bruyère adopte un ton rapide et familier qui est celui de la conversation mondaine.

Les débuts de remarques ou les « chutes » manifestent un goût pour le tour spirituel, vif et varié qui plait dans les salons.

Il a conscience que l'idéal de son temps est influencé par la mondanité (DOE, 60).

Le mot « esprit » cristallise les attentes du goût mondain et oriente !'écriture vers la préciosité.. »

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