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le roman et ses personnages, vision de l'homme et du monde

Publié le 25/04/2014

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Polynésie SÉRIE L Objet d'étude : le roman et ses personnages, visions de l'homme et du monde. Textes :  Texte A : Honoré de Balzac, La Duchesse de Langeais, chapitre III, 1834. Texte B : Marcel Proust, La Prisonnière, 1923. Texte C  : Albert Cohen, Belle du Seigneur, chapitre LXXXVII, 1968.  Texte A : Honoré de Balzac, La Duchesse de Langeais, chapitre III, 1834.< [Antoinette de Langeais a, pour satisfaire son orgueil, séduit Armand de Montriveau, héroïque généra! de l'armée de Bonaparte. Elle est parvenue à se l'attacher en le rendant fou d'amour pour elle. Mais parce qu'elle veut « posséder sans être possédée », elfe refuse de s'offrir à lui. Un soir, le général se rend chez elle, décidé à fa faire cédera son désir.] - Si tu disais vrai hier, sois à moi, ma chère Antoinette, s'écria-t-il, je veux. - D'abord, dit-elle en le repoussant avec force et calme, lorsqu'elle le vit s'avancer, ne me compromettez pas. Ma femme de chambre pourrait vous entendre. Respectez-moi, je vous prie. Votre familiarité est très bonne, le soir, dans mon boudoir1 ; mais ici2, point. Puis, que signifie votre je veux ? Je veux ! Personne ne m'a dit encore ce mot. Il me semble très ridicule, parfaitement ridicule. - Vous ne me céderiez rien sur ce point ? dit-il. - Ah ? vous nommez un point, la libre disposition de nous-mêmes : un point très capital, en effet ; et vous me permettrez d'être, en ce point tout à fait la maîtresse. - Et si, me fiant en vos promesses, je l'exigeais ? - Ah ! vous me prouveriez que j'aurais eu le plus grand tort de vous faire la plus légère promesse, je ne serais pas assez sotte pour la tenir, et je vous prierais de me laisser tranquiIle. Montriveau pâlit, voulut s'élancer; la duchesse sonna, sa femme de chambre parut, et cette femme lui dit en souriant avec une grâce moqueuse : - Ayez la bonté de revenir quand je serai visible3. Armand de Montriveau sentit alors la dureté de cette femme froide et tranchante autant que l'acier, elle était écrasante de mépris. En un moment, elle avait brisé des liens qui n'étaient forts qu...

« 3 ­ quand je serai visible : quand je vous y autoriserai. 4 ­ vous a prévenu : m'a d éjà propos é de venir me chercher. 5 ­ le marquis de Ronquerolles est un « galant », un homme  à femmes. C'est lui qui a encourag é Montriveau  à se montrer plus   exigeant vis­ à­vis de la duchesse de Langeais.   Texte B : Marcel Proust,  La Prisonni ère , 1923. [Albertine est la compagne du narrateur qui, par jalousie, la surveille constamment.] D'Albertine, en revanche, je n'avais plus rien  à apprendre. Chaque jour, elle me semblait moins jolie.

  Seul le d ésir qu'elle excitait chez les autres, quand l'apprenant, je recommen çais  à souffrir et voulais   la leur disputer, la hissait  à mes yeux sur un haut pavois 1 . Elle  était capable de me causer de la   souffrance, nullement de la joie. Par la souffrance seule, subsistait mon ennuyeux attachement. D ès   qu'elle disparaissait, et avec elle le besoin de l'apaiser, requ érant toute mon attention comme une   distraction atroce, je sentais le n éant qu'elle  était pour moi, que je devais  être pour elle. J' étais   malheureux que cet  état dur ât et, par moments, je souhaitais d'apprendre quelque chose   d' épouvantable qu'elle aurait fait, et qui e ût été capable, jusqu' à ce que je fusse gu éri, de nous   brouiller, ce qui nous permettrait de nous r éconcilier, de refaire diff érente et plus souple la cha îne qui   nous liait. En attendant, je chargeais mille circonstances, mille plaisirs, de lui procurer aupr ès de mol   l'illusion de ce bonheur que je ne me sentais pas capable de lui donner. J'aurais voulu, d ès ma   gu érison, partir pour Venise ; mais comment le faire, si j' épousais Albertine, moi, si jaloux d'elle que,   m ême  à Paris, d ès que je me d écidais  à bouger c' était pour sortir avec elle ? M ême quand je restais  à   te maison tout l'apr ès­midi, ma pens ée la suivait dans sa promenade, d écrivait un horizon lointain,   bleu âtre, engendrait autour du centre que j' étais une zone mobile d'incertitude et de vague. 1 ­ sur un haut pavois : au premier rang, sur un pi édestal.   Texte C : Albert Cohen,  Belle du Seigneur , chapitre LXXXVII, 1968. [Ariane a quitt é son mari, un homme m édiocre, pour vivre le grand amour avec Solal. Exclus de la   bonne soci été, les amants se sont retir és dans un luxueux h ôtel de la C ôte d'Azur. Une nouvelle   journ ée commence.] Rest é seul, il soupira 1 . II la voyait nue chaque jour, et elle croyait devoir le vouvoyer. La pauvre, elle   se voulait une amante id éale, faisait de son mieux pour conserver un climat de passion. Enfin, elle  était all ée s'habiller, bonne affaire. Dix minutes d'irresponsabilit é. Toujours bon  à prendre.

  Oui, mais lorsqu'elle reviendrait, elle poserait la question fatidique 2 ,  épée de Damocl ès 3 , lui   demanderait quels  étaient les projets pour l'apr ès­midi, apr ès l' équitation. Quels nouveaux plaisirs   inventer pour camoufler leur solitude ? Il n'y en avait pas de nouveaux. Toujours les m êmes substituts   du social 4 , les m êmes pauvres bonheurs  à la port ée des bannis, les th éâ tres, les cin émas, les   roulettes de casinos, les courses de chevaux, les tirs aux pigeons, les th és dansants, les achats de   robes, les cadeaux. Et toujours,  à la fin de ces exp éditions  à Cannes,  à Nice,  à Monte­Carlo, c' était le d îner raffin é   cafardeux, et il fallait parler, trouver de nouveaux sujets, et il n'y en avait plus. Tous les sujets   d'Ariane, il les connaissait, savait par cœur l' âme d' élite de la chatte Mousson, la personnalit é  . »

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