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Les sauvages et l'ordre social (Montaigne dans les Essais)

Publié le 02/08/2014

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Les sauvages et l'ordre social

Montaigne se plaît à souligner le rôle que tient la Nature chez les Indiens du Nouveau Monde, et cite Sénèque à leur propos (« viri a diis recentes « : des hommes fraîchement formés par les dieux, I, 31, p. 305). Toutefois l'ordre social est loin d'être absent puisque le chapitre « Des Coches « révèle dans ce Nouveau Monde, sous l'action des cupides Européens « tant de villes rasées, tant de nations exterminées, tant de millions de peuples passés au fil de l'épée « (III, 6, p. 171).

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« formés en or ; comme, en son cabinet, tous les animaux qui naissaient en son État et en ses mers » (III, 6, p.

169).

Une civilisation non marchande donc, méprisant l'avoir mais sensible aux valeurs de représentation (III, 6, p.

175).

Présence de la religion Dans « Des Cannibales » la présence des prêtres est très discrète et leur statut, proche du devin antique, ne les met pas à l'abri d'une condamnation à mort (1, 31, p.

307); mais les Indiens tiennent à garder leur religion (III, 6, p.

172) «s'en étant utilement servis si longtemps».« Ceux de Mexico» ont d'ailleurs une vision reli­ gieuse de !'Histoire (III, 6, p.

175-176) : ils considèrent que l'univers a atteint une sorte d'âge de fer, qu'il est proche de sa fin« et en prirent pour signe la désolation que nous y apportâmes ».

Raffinement littéraire et regard critique Montaigne remarque chez les Indiens un raffinement littéraire à travers les chansons des prisonniers (I, 31, p.

312 : « Invention qui ne sent aucunement la bar­ barie ») et dans une chanson amoureuse : («j'ai assez de commerce avec la poésie pour juger ceci( ...

] qu'elle est tout à fait anacréontique», I, 31, p.

313).

~ Ill -UNE SOCIÉTÉ GUERRIÈRE La guerre entre les peuples indiens ne déséquilibre aucunement l'harmonie naturelle ; elle permet de souligner la valeur sociale et morale du combattant puisqu'il affirme la fermeté de son courage et de son âme (I, 31, p.

311 ).

L'attrait de l'autre Malgré le caractère guerrier de ces sociétés primitives, l'accueil qu'elles ont réservé aux Occidentaux témoigne de leur intérêt pour l'autre ; à cet intérêt noble, nous leur avons répondu par la fourberie, par la« trahison, luxure, avarice» (III, 6, p.

171; I, 31, 313).

La guerre de conquête Lorsqu'il leur fallut se défendre contre les envahisseurs, il n'ont pas esquivé le combat malgré la disparité considérable des moyens.

En cela, ceux qui portèrent le fauteuil du dernier roi du Pérou lors de son dernier combat (III, 6, p.

177) agirent comme le capitaine Ischolas (I, 31, p.

311-312), car« l'honneur de la vertu [consiste] à combattre, non à battre».

Conclusion : Ce que pressent ici Montaigne et qui sera développé plus tard par les ethnologues, c'est que les sauvages ont bien un système social mais qui diffère du nôtre.

Ils ont une échelle de valeurs, une éthique et une vi­ sion du monde cohérente.

Sur certains points, ils se rapprochent même du modèle antique qui demeure, pour Montaigne, le modèle idéal.. »

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