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SIMENON Georges : analyse et critique de l'oeuvre

Publié le 14/10/2018

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simenon

SIMENON Georges (1903-1989). Simenon est sans doute plus un écrivain international qu’un auteur belge ou français. Grâce aux très nombreuses traductions et aux adaptations filmiques de ses romans, son oeuvre a connu et connaît un rayonnement quasi universel. Le secret de ce rayonnement réside en partie dans la mise au point d’une formule romanesque simple et efficace, éminemment transposable. Mais paradoxalement, si

l'ccuvre de Simenon plaît au monde entier, c’est peut-être surtout parce qu’elle fixe l’image du petit-bourgeois occidental et traditionnel enfermé dans sa province ou dans son quartier. Cette image, avec ce qu’elle porte de nostalgique, a su rassembler des publics fort variés.

 

Né à Liège, Simenon est lui-même d’origine petite-bourgeoise. Son père était employé dans une compagnie d’assurances, son grand-père paternel tenait boutique de chapelier. En choisissant, à l’âge de seize ans, la voie du journalisme (il assure d'abord la chronique locale à la Gazelle de Liège), le jeune Georges Simenon marque une rupture avec son milieu en même temps qu’avec le cursus scolaire. Cette rupture le conduira à Paris en 1919. 

simenon

« grisaille, des accidents se pro duisent , des déviances se font jour, s'exprimant tantôt dans uo procès de dégrada­ tion, tantôt dans un e t entative de sortie - avortée en général - de personnages cherchant à échapper à leur univers terne : un monde de la frustration et de la rési­ gnation.

Pour l'ampleur de son œuvre et la variété des types q u 'il met en scène, on a parfois comparé Sime non à Balzac.

A vrai dire , il n'est guère préoccupé par les antagon ismes entre classes et groupes sociaux .

Son sujet est plu tôt l' individu, tantôt saisi dan s son trajet solita ire (de nomb reux «étrangers>> à la Camus peuplent l'œu­ vre), tantôt en butte aux siens, à sa famille (et l'on pense à Mauriac, mais a ussi à l'homme Sime non, qui a été douloureusement fils, puis père).

Cela dit , l'écrivain appa raît bien comme le porte-parole d'une classe , la petite bourgeoisie traditionnelle des en trepreneur s et des commerçants, des pays ans - auxqu els on peut ajouter quelques représentant s des pr ofessions libérale s.

Il per­ çoi t cette classe, dont notre siècle a vécu l'échec hi stori­ que, avec sy mpathie et ressentiment tout · à la fois.

Quoi­ que fonc t ionnaire, Maigret lui-même a quelque cho se du petit entrepreneur et d e l 'artisan dan s la façon dont il opère et dans celle dont il conçoit les c hoses.

N' incarne­ t-i l pas aussi le petit bour geois fru stré auquel le destin accord e des satisfactions rêveuse s en l'autorisan t à par ­ co urir en voye ur faussement désabusé le monde trouble des bas-fon ds et de la d éché ance? Que l'œuvre de Simenon soi t lestée d'une forte charge fantasmatique ne saurait surprendr e.

L'écrivain a lu cer­ tai ns grands textes de la psychanaly se, et il en a fait son profit .

Il n'a pas cessé de rendre son imagination tribu­ taire des années d'enf ance et de jeuness e, années qui ont formé l'inconscient et nourri la mémoire.

Roman autobio grap hique e t d'atmosphère liégeoise, Pedigree (1948) apparaît ainsi , au centre de l'œuvre et d e la car­ riè re, comme le roman clé e t le roman matrice de tou te la production.

Pedigre e éclaire l'œuv re entière dan s ses imag es obsédantes, dan s ses thèmes récurrents e t la fait apparaître comm e une vidange de l'être au moyen de la fiction.

Plu s directement autobiographiques encore , les Mémoires int i mes (1981) et la dizaine de volumes de « M es dictées» (1975 -1985): les Petits Homme s (1976), Je suis resté un enfant de chœur (1979), Jour et nuit (198 1 ), les Libertés qu'ilnous reste (1981), etc.

Pedigr ee mis à part, quels sont les textes essentiels? La marque de Simenon se distribue de façon sensible­ ment égale sur toute l'œuvre e t, la quaJité résidant dans le ton plus que dans l'intrigue, un réc it en va u t un au tre.

Le cinéma a rendu célèbres certain s titres : La Nuit du carrefo ur ( Jean Renoir , 1932 ).

le Voyageur de la Tous­ saint (Louis Daqu in, 19 42 ), la Marie du port (Marce l Carné, 19 50), le Ch.at (Pierre Granier-Deferre, 1970), l'Horloger de Saint-Paul (B ertrand Tavernie r, 1973; a daptation de l'Horlo ge r d'Everton).

Mais, il faut en c onv e nir, l'œuvre n'a pas s usc ité de grands films, et l'on a trop vu Jean Gabin carica turer l ourdement le héros simenonien.

Il faut donc e n r eve nir aux textes et so r tir du lot comme particuli èrement typique s le Chi en jaune (1936), L'homme qui regardait pas ser Les trains (1938) , Maigret aux assises ( 1960), Une vie comme neuve (1960) et le Bourgmestre de Furnes (1939) qui est l'histoire d'u n bourgeois, qui, arrivé à l'accomplisseme nt person­ nel à l 'intérieur d'une vie routinière , d écide soudain de rompre les amarres pour découvrir l'envers des choses, un autre monde .

Avec talen t, le romancier y dépou ille de sa carapa ce socia le un homme assez q u elconque.

M ais le vrai gén _ie de Simenon ne réside ni dans le style, neutre et eff icace sans plus , ni da ns l' élaboration narrative : il se trouve bien plutôt dan s cet entre-deux que constitue l'art de rendre et de transcrire, de noter et de code r les comportements ordinaires et les gestes profession n els, toute la «mise en scène de la vie quo tidienne».

[Voir aussi BELGIQ UE .

Li ttérature d'exp ression françai se, ROMAN POLICIER).

B[B LIOGRAPHlB Les Presse s de la Cité ont comme ncé à faire paraître en 1988 un Tout Simenon (29 vol.

prévus).

Thomas Narcejac, le Cas Simenon, Paris, Pr esses de la Cité , 1950; B .

de Fallois, Simenon, Gallimard , «la Biblioth èque id~ale », 1961; Simenon, recueil de tex tes ré unis par Franci~ Lacass in et Gilbert Sigaux, Par is, Plon, 1973; O.

Tillinac , le Mystère Simen on, Paris , Calmann-Lévy, 1980; CL Gothot ­ M ersch, J.

Duboi s, J.- M .

K liokenberg, O.

Ra cellc-Larin, Ch.

Del­ court, Lire Sim e non , Paris-Brullelles, Nathan - La bor, «Dossiers M e dia», 1980; Sime non, Lausanne , l'Âge d'ho mme,. »

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