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LA STRUCTURE DU ROMAN : ÉCHOS ET PARALLÉLISMES dans "Un amour de Swann" de Proust

Publié le 14/09/2018

Extrait du document

amour

Un amour de Swann est relié de façon assez l âche au texte de Combray. Il est présenté comme un récit rapporté par le narrateur en raison des ressemblances que le caractère de Swann offre avec le sien.

 

Mais, malgré cette situation chronologique très vague (« avant ma naissance »), le récit est construit avec rigueur. L'analyse des différentes phases du sentiment amoureux est coupée par trois scènes mondaines situées au début, au milieu et à la fin du texte. Elles se répondent et s'opposent ; la construction du roman repose sur ces effets de symétries et de parallélismes :

 

- symétrie du premier dîner Verdurin et de la matinée Saint-Euverte : Swann entend deux fois la petite phrase de Vinteuil. Mais au concert Saint-Euverte, l'œuvre est jouée dans sa totalité. La première audition déclenche le processus amoureux ; la seconde audition amorce la guérison ;

 

- symétrie du premier et du second dîner Verdurin : Swann puis Forcheville y sont introduits successivement et dans la même position ; au succès de Swann pendant le premier dîner (« il est simple, charmant » répond son échec pendant le second (« c'est le raté, le petit individu envieux de tout ce qui est un peu grand »). Forcheville prend sa place auprès des Verdurin et d'Odette ;

amour

« - parallélisme du début et de la fin du roman (identité de ton, reprise du jugement de Swa nn sur Odette et de la séquence de ses multiples amour s).

Le roman empru nte sa structure à cell e de la maladi e jalouse qu'il dépeint :l' alternance du point de vue heureux et du point de vue jaloux explique les représentations inversées et contradictoires ; toute image, tout épisode a son pendan t doul oureux, son envers ; l'i dylle est pro­ gressivement empoisonnée par le mensonge et les découver tes de la jalous ie défont le tissu d'illusions élaboré par l'amour.

Aux deux visites qui perm ettent la cristallisation de l'am our (p.

49 à 51) répondent les deux visites qui font naître le soupçon (p.

115 à 13 0).

À la Zéphora de Botticelli ou à l'« Odette de l'orangeade >> (p.

149) répo nd l'Od ette étrangère et perverse qui sourit à Forcheville et hante les fêtes inconnues (p.

147).

À la pre miè re lettre tendre adressée par Odette à Swa nn (p.

52) répond la seconde lettre, identiq ue, adressée à Forcheville (p.

129).

Au mon ologue louangeur et insinc ère de Swann sur le milieu Ver­ du rin (p.

85 à 87) répond le monologue haineux et tout aussi insin­ cère du Bois (p.

133 à 13 6).

Enfin, une doub le symétrie organise le système des personnages : - celle qui divise la société en deux milieux antithétiques et rivaux, séparant les bourgeois des aristocrates ; .

- celle qui établit, à l'intérieur même des milieux, la ligne de partage entre les figu res sensibles, féminines et hum iliées des personnages artis­ tes (Sw ann, Saniette, et dans une certa ine mesure Mme de Cam bre­ mer) , et les personnages militaires, virils, capa bles de crua uté (M me Verdurin, Forcheville, Bric hot, Mme de Gall ardon).

Ainsi, ces symétries nombreuses et très concertées ont deux fonctions : - Elles nous associent au point de vue de Swann qui perçoit le monde à travers le prisme déformant de sa jalousie.

- Elles expriment l'opposition de deux systèmes de valeurs, ou de deux éthiques :d'un côté l'amour et l'ar t (triomphe de la subjectivité, de l'imagi nation, de la souffra nce) ; de l'au tre, les valeurs mondai nes (di alogue s vides, réalisme des représent ations, « portraits à la Machar d n).. »

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