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stylistique

Publié le 29/10/2018

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Dans Trois contes dont le dernier est Hérodias, la trilogie se traduit par la structure apparente de triptyque : Iaokanann est décapité après avoir annoncé l'avènement du royaume de Dieu (Père), Julien s'unit à un lépreux qui se transforme en Jésus (Fils), et enfin l'âme de la servante Félicité sur son lit de mort, confondant son perroquet avec le Saint Esprit (Esprit), monte au ciel. La structure rigide de la trilogie Père-Fils-Esprit encadre la volonté inébranlable du Dieu chrétien, mettant en valeur l'importance du nombre « 3 », qui sert à déchiffrer cette histoire chrétienne : trois chapitres comme trois actes au théâtre, trois heures, la troisième heure, les trois galeries de la salle du festin, les trois gradins de l'estrade où monte Salomé pour la danse, les trois apparitions énigmatiques de Salomé, le triclinium où s'installent Antipas, Vitellius et Aulus, enfin les trois hommes qui portent la tête de Iaokanann. Or, non seulement la structure mais aussi l'écriture s'inspirent de cette trilogie dans l'accusation de Iaokanann, lancée du fond de la citerne contre Hérodias ainsi que dans la danse de Salomé, les deux instants critiques pour les deux héros. C'est d'autant plus surprenant qu'ils incarnent l'un la ...

« les senteurs de tes cheveux, la peinture de tes ongles, tous les artifices de ta mollesse ; et les cailloux manqueront pour lapider l'adultère ! (p.

156) Dans cette phrase dont la structure est justement marquée par un rythme ternaire[11], il y a quatre séries de compléments d'objet, qui se divisent en trois segments, sauf la dernière qui obéit à la loi rythmique flaubertienne selon laquelle la phrase devient de plus en plus longue avec une montée de la véhémence dans le discours du locuteur.

Chaque série est homogène grâce à l'utilisation des adjectifs possessifs « ton », « ta », « tes », et les groupes ternaires alternent géométriquement. Si on confronte maintenant ce rythme du discours de Iaokanann avec la description de la danse de Salomé, on y trouve non seulement l'utilisation progressive de « comme » mais aussi le rythme régulier des articles définis et des adjectifs possessifs « son », « sa », « ses » qui scandent la danse de Salomé. Elle dansa comme les prêtresses des Indes, comme les Nubiennes des cataractes, comme les bacchantes de Lydie.

(p.

172) on distinguait les arcs de ses yeux, les calcédoines de ses oreilles, la blancheur de sa peau.

(p.

170) La sensualité explose souvent quand les mesures atteignent au rythme quadruple, souvent avec la conjonction « et », justement comme l'emphase du discours de Iaokanann ci-dessus : et les nomades habitués à l'abstinence, les soldats de Rome experts en débauches, les avares publicains, les vieux prêtres aigris par les disputes, tous, dilatant leur narines, palpitaient de convoitise.

(p.

172) Ses lèvres étaient peintes, ses sourcils très noirs, ses yeux presque terribles, et des gouttelettes à son front semblaient une vapeur sur du marbre blanc.

(p.

173) Deux faces d'une même médaille, Iaokanann et Salomé, apparaissent comme jumeaux du point de vue structurel ternaire, avec les improvisations binaires et quadruples.

Au-delà de la répétition de la comparaison traditionnelle avec « comme », on remarque la métaphore des saints jumeaux « Iaokanann-Salomé » basée sur la rigidité de la trilogie et l'utilisation régulière des pronoms possessifs.

Or, dans Salomé de Wilde dont l'apparence est tout à fait différente du texte de Flaubert, nous allons remarquer que la structure et le rythme ternaire s'accentuent et forment également le substrat de cette pièce.. »

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