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Le temps dans la Chute de Camus

Publié le 10/01/2020

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étonnante constatation : c'est le rire du pont des Arts, simple révélateur de ses fautes antérieures, qui a décidé de son abandon à la débauche, de son départ de Paris et de sa vocation de juge-pénitent.

LA MÉTHODE

DE CLAMENCE

Psychanalyse ou symphonie 7

À une première lecture, la confession de Clamence donne l'impression d'être un pénible retour sur soi-même, sorte de psychanalyse au cours de laquelle le patient veut sans cesse se dérober à son médecin, jusqu'à avouer ce qui le torture, qu'il n'a jamais dit et dont il sera enfin libéré. La définition que Clamence donne finalement de son métier de juge-pénitent nous détrompera. Clamence récite, si on l'en croit, un rôle depuis longtemps mis au point. On se demande alors - son interlocuteur so demande peut-être - comment on a pu se laisser prendre à ce numéro trop bien réglé

Plutôt qu'à une psychanalyse, où le surgissement des souvenirs est souvent imprévisible, nous sommes finalement tentés de comparer la confession de Clamence à une sorte de symphonie, où les motifs sont discrètement annoncés avant d'être exposés. Les considérations préliminaires de Clamence sur l'organisation de la société (p. 11-12) ou sur les crimes des nazis et des miliciens (p. 15-16)1 semblent des propos à bâtons rompus : elles servent en réalité d'« ouverture » à son récit et lui donnent d'emblée cette dimension universelle à laquelle il prétend. Posée dès le début, la question «qu'est-ce qu'un juge-pénitent?» est effleurée pendant toute la durée du récit avant d'être amplement traitée dans la dernière journée. De même Clamence parle-t-il sur le mode plaisant, à la fin de la première journée, de son vœu de ne jamais passer sur un pont la nuit; le thème du pont sera repris et développé lors de

1. Les miliciens étaient des civils qui, pendant l'Occupation allemande, s'organisèrent pour servir les nazis et accomplir leurs basses besognes.

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« Hubert Van Eyck et achevé par son frè re Jean en 1432, est exposé à la cathédra le Saint-Bavon de Gand (Belgique).

En 1934 ..

furent volés les panneaux des «Juges intè gres» et de « Sain t Jean-Bapt iste» ; le second fut retrouvé dans un dépôt de gare, à Bruxelles; le prem ier, demeuré introuvab le, a été remplacé par une copie.

L.'.imagination de Camus, voyageant en Hollande en octobre 1954, a-t-elle été stimu­ lée par une visite à la cathédrale Saint-Savon? Lui es t-il venu à cette occasion l'idée facét ieuse que les «Juges intègres» pouvaient être cachés chez «Jean-Baptiste» 7 Il note aussi en juillet 1955 qu'un ami lui a raconté la « véri­ tab le histo ire du Van Eyc k» : un prêtre aurait volé le volet des Juges intègres parce qu'il ne pouvait pas supporter de le voir près de l'Agneau mystique.

Il sera it mort sans révé­ ler où il lavai t cac hé 1.

--·LES DEUX VERSANTS DU RÉCIT Le terme de «récit» est ambigu .

Il peut dés igner un genre littéraire (dans lequel nous avons, avec des nuances, rangé La Chute).

Il peut aussi désigner le discours qui figur e à l'intér ieu r d'une œuvre, quelle qu'elle soit : récit du narrateur (dans un roman) ou d'un personnage (de roman ou de théâtre) .

Nous postulerons que le réc it constitué par La Chute coïncide exactement avec le récit que fait Clamence à son interlocuteur.

Du même coup, deviendront indissoc iables l'art de Camus et celu i de Clamence .

L.'.ordre suivant lequel sont présentés les événements est logique ou démonstratif dans la première moitié (jus­ qu'à l'épisode de la noyade), chronologique dans la plus grande partie de la seconde .

Premier versant Tous les événements qui figurent dans la première moi­ tié de l'œuvre se sont passés à une époq ue où Clamence était content de lui, c'est-à-d ire jusqu'au moment où il a 1.

Carnets fi/, p.

189.. »

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