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THÉÂTRE COMIQUE MÉDIÉVAL

Publié le 14/10/2018

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THÉÂTRE COMIQUE MÉDIÉVAL. Malgré l’existence à Arras, dès le xiie siècle, d’un théâtre profane (Jeu de saint Nicolas de Jean Bodel, Jeu de la feuillée et Jeu de Robin et Marion d’Adam de la Halle), il faut, en France, attendre le milieu du xve siècle (c’est ce que laisse supposer le contenu de nos archives pour la période qui ignore encore l’imprimerie), époque où la génération née dans les dernières années de la guerre de Cent Ans arrive à sa maturité et où la vitalité économique du royaume tend à être restaurée, pour assister à la vigoureuse efflorescence d’un théâtre comique original (prouvée par plus de 250 pièces qui nous sont parvenues regroupées en recueils : Recueil La Vallière [74 pièces], Recueil de Londres [64], Recueil de Florence [53], Recueil Trepperel [35]...)» dont les deux genres majeurs, la farce et la sotie, connaîtront une grande vogue pendant près d’un siècle avant d'être relégués au nombre des divertissements de bateleurs par la comédie humaniste. Cette luxuriante floraison spontanée d’un théâtre comique populaire a toujours embarrassé la critique, qui a tenté d’en trouver l’origine dans une influence de la comédie latine du xiie siècle (Cohen, Jacobsen), des intermèdes comiques des mystères (Bédier, Cohen, Wilmotte), du monologue (Jacob, Jacobsen, Lintilhac), du sermon joyeux (Jacobsen), de la fête des Fous (Petit de Julleville), de la tradition jonglcresque (Faral) ou des fabliaux (Bédier, Lenient, Mortensen, Toldo).

 

Il est évident que toutes ces influences confondues appartenaient au fonds commun de l’imaginaire collectif populaire et qu’elles ont pu jouer. Mais le caractère original et populaire de ce théâtre et les circonstances de sa naissance prouvent au moins deux choses. Tout d’abord qu’il a fallu, pour qu’il naisse, que fussent réalisées un certain nombre de conditions socioéconomiques et historiques : lorsque Louis XI arrive au pouvoir en 1461, les mutations morales et matérielles qui se sont effectuées, l’apparition d’un esprit et d’hommes nouveaux, le développement de la civilisation urbaine au détriment des campagnes ont radicalement transformé la hiérarchie sociale et les mentalités; et il est significatif de constater que le théâtre comique naît et se développe dans les régions dont, dès 1438, Jacques Cœur avait stimulé le développement commercial et industriel : il est le produit de l’éveil de la bourgeoisie. Ensuite, que son épanouissement est le résultat d’une découverte progressive d’un art et d’une technique spécifiques dont il paraît logique de penser que les prémices se trouvent dans cet esprit parodique populaire inné qui, à l’occasion des festivités familiales (noces) ou locales (fêtes votives, agraires ou calendaires), nous a donné des sermons joyeux (,Sermon pour une nopce, S. de saint Frappe-culz, S. de saint Velu, S. de saint Raisin...), des mandements burlesques (Lettre d’escorniflerie...), des testaments parodiques (T. de Taste-Vin, roy des pions, T. de Jenin de Lesche, T. de Ragot...), des pronostications bouffonnes (P. de maistre Albert Songecreux, P. générale pour 499 ans...)y qui appliquent le procédé du sérieux dégradé à des structures empruntées à la vie religieuse, administrative, juridique

« du quotidien (sermons, ma ndements royaux, testaments, prédictions des astrologues répandues par les alma nachs).

Ces premières créations parodiq ues ont en effet pu suscite r une p rise d e conscience de l'existence de procé­ dés et de canevas comiques, d'un art proprement théâtral , et condu ire aux monologues dans lesquels l'identifica­ tion du récitant au personnage parodié est totale : mono ­ logues de charlatans et d'hommes à tout faire (Watelet de tous mestiers ...

), d'amoureux vantards (M .

de la botte de j'oing, M.

du puys, M.

du baing ...

), de soldats fanfa­ rons (M.

du franc archer de Baignollet, M.

de Cherré , M.

de Seurdre ...

).

Appuyée sur une volonté de satire de faits réels (par exemple, la créatio n des compagn jes de fra n cs archers), la démarche créatrice conduisait ainsi à l'élaborat ion de canevas structu rés déterminatifs d'un type caricatural de plus en plus théâtral à partir desquels, par des pr océdés très rhétoriques générateurs d'action dramatique, on a pu passer à des pièces complexes.

C'est ainsi que le Monologue du franc archer de Baignollet, qu i crée le type du fanfaron vantard et couard, devient dialogue par fractionnement et adjonctio n d' un rôle de contradic teur (Farce du gaudisseur et du sot), par rédu­ plication et fractionnement au niveau de J'ensemble (Farce de deux francs archers qui vont à Naples) ou au niveau du détail (c'est le 1< staccato -style», qui sous -tend les dialogues de Gautier et Martin, de Mallepaye et Bail­ levent); puis le type , a ma lgamé avec celui de l'écolier pseu do-savant, permet le passage à une intrigue plus complexe, fo n dée elle aussi sur la réduplication (Farce de l 'Adventureulx et Guermouset: deux fanfarons co uards de pères fon t mine de s'opposer pour soutenir les prétentions à une cure émises par leurs pseudo­ savants de fi ls qui régleront le co n flit en une joute ver ­ bale du meilleur effet) ou sur les possib ilités comiques inhéren tes au type lui-même (Farce de maistre Mimin qui va à la guerre, farces du cycle de Thévot).

Mais tout n 'est pas si simp l e dans la na issance e t l'évolution de ce phénomè n e complexe qu 'est le théâtre comique, même s'il repose essentiellement sur la mise en scène d'un nombre réduit de types engagés dans des situations ­ tiroi rs; il faut aussi tenir compte de la diversité des milieux qui o nt coopéré à son élaboration : milieu popu ­ laire, mais aussi milieu des écoliers et des clercs des basoch es (les rares auteurs connus appartiennent à une éli te b ourgeoise cultivée) auxquels on doit, à peu près respec tivemen t, l'affineme n t de la farce et de la sotie .

La farce Longtemps éclipsé auprès du public lettré par la trop célèbre Farce de maistre Pathelin, qui en est, il est vrai, le premier produit dans le temps (1464) et. »

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