LE TRISTAN DE THOMAS D'ANGLETERRE - LE CORTÈGE D'YSEUT

Brangien ne se laisse pas convaincre par la rhétorique de la reine : Yseut a trahi son serment en recevant Tristan, elle s'y connaît en ruse et en tromperie, puisqu'elle pratique dès sa jeunesse cet art. Elle s'est déshonorée, et cette fois Bran gien ne se taira pas sans lui avoir dit la vérité : elle se con duit vraiment trop mal, confiante dans l'amour exagéré que Marc a pour elle, et qui devrait plutôt la pousser à le res pecter.

Pour le coup, Yseut se met en colère et menace sa suivante : elle a bien su lui donner de mauvais conseils, elle est au courant de tout. Si maintenant elle la dénonce, ça retom bera d'abord sur elle ! Le roi, s'il apprend toute la vérité, se vengera avant tout sur la dénonciatrice... Cependant, Yseut préférerait que la querelle s'arrête là.

Mais Brangien est décidée à aller jusqu'au bout. Elle va trouver Marc... et lui explique qu'Yseut les a joués tous les deux : ce n'est pas Tristan qui l'intéresse, elle a même cher ché à le faire tuer quand il est venu clandestinement au pays pour se réconcilier avec son oncle ; elle veut prendre un autre ami, à savoir le beau Cariado. Elle cherche l'occasion detrom per le roi, ce qu'elle n'a encore jamais fait ; il faut la surveiller, et sans doute si on la garde bien elle s'abstiendra de « commettre folie ». Marc convaincu, et sans doute secrètement soulagé que son neveu soit hors de cause, donne à Brangien les pleins pouvoirs sur sa maîtresse.

LE TRISTAN DE THOMAS D'ANGLETERRE LE CORTÈGE D'YSEUT

Tristan et Kaherdin gagnent ensemble la Grande-Bretagne, pour voir Yseut et Brangien ; ils se placent sur le passage du cortège royal, et Kaherdin est très impressionné par la richesse et le nombre de ceux qui en font partie ; il s'étonne de ne voir ni la reine ni sa suivante et, quand passent les chambrières chargées des gros travaux, il s'exclame en croyant identifier les deux femmes. Tristan corrige son erreur d'un ton méprisant. Ensuite arrivent les demoiselles de la Cour, qui entourent le chambellan et sont accompagnées par les jeunes chevaliers qui leur parlent d'amour. Une nouvelle fois Kaherdin, admirant leur beauté, s'écrie qu'il voit la reine et la belle Brangien.